Une organisation humanitaire met en garde contre les conséquences alarmantes des coupes dans l'aide alors que la crise au Mali s'étend vers le sud
Bamako, Mali (PANA) - Un cocktail toxique composé d'une escalade du conflit, de blocus, d'une augmentation des déplacements de population et de coupes dans le financement humanitaire pousse les Maliens au bord du gouffre.
Les familles réduisent leurs repas et de nombreux enfants ne peuvent pas aller à l'école, met en garde l'organisation humanitaire Norwegian Refugee Council (NRC).
Dans un communiqué, elle a déclaré que pendant des années, l'épicentre de la crise au Mali s'était situé dans le Nord et le Centre du pays.
«Mais au cours du dernier trimestre 2025, les incursions armées se sont déplacées vers le Sud, étendant ainsi l'ampleur des souffrances humaines », a noté le NRC.
Il a ajouté qu'en septembre, des groupes armés ont lancé un blocus pétrolier contre Bamako, la capitale du Mali, attaquant des camion-citerne et prenant pour cible des villages dans le Sud du pays. Le blocus pétrolier a provoqué une pénurie de carburant sans précédent dans le Sud et le Centre du pays et a exacerbé la situation socio-économique et humanitaire.
« Il est profondément inquiétant de voir le conflit s'étendre au Sud, une région connue pour être le grenier du pays. La fin de l'année marque généralement le début des récoltes agricoles. Le déplacement des populations et leur incapacité à cultiver leurs champs sont des signes avant-coureurs de l'insécurité alimentaire », a déclaré Maclean Natugasha, directeur national du NRC pour le Mali.
Dans le même temps, le pays a été frappé par de sévères réductions des fonds destinés à l'aide humanitaire.
Le NRC a déclaré que le plan d'intervention humanitaire pour le Mali n'était financé qu'à hauteur de 18%, ce qui en fait l'intervention la moins financée d'Afrique. Le financement total disponible a été réduit de moitié, passant de 285 millions de dollars américains en 2024 à 141 millions de dollars américains jusqu'à présent cette année.
« L'impact des coupes budgétaires sur l'ensemble du secteur humanitaire est douloureusement visible au Mali », a déclaré M. Natugasha. « Les bureaux locaux ont fermé et les organisations humanitaires ont envoyé des messages aux communautés et aux autorités des endroits où elles ont dû se retirer. Les établissements de santé réduisent leurs services et nous avons reçu des informations faisant état de problèmes de protection, certaines filles et femmes étant contraintes d'adopter des mécanismes d'adaptation extrêmes, comme le travail du sexe, dans certains sites de déplacement».
Le NRC s'est dit particulièrement préoccupé par l'impact des réductions de l'aide sur les enfants. A la fin du mois d'octobre, plus de 2 000 écoles dans les régions touchées par le conflit restaient fermées, ce qui a des répercussions sur l'avenir de près de 700 000 enfants et 14 000 enseignants.
« Il est essentiel d'offrir une éducation à ces enfants, tant pour leur santé psychosociale aujourd'hui que pour leur donner l'espoir d'un avenir meilleur. Cependant, le secteur de l'éducation a été particulièrement touché par les réductions budgétaires de cette année », a ajouté M. Natugasha.
Le NRC a déclaré que pour les Maliens, cette situation a laissé à beaucoup un sentiment d'abandon.
« Des gens sont venus dans notre village et ont tout détruit, nos maisons, nos greniers, nos biens », a déclaré Djenaba, une femme du village de Saré-Ma, dans la région de Mopti. « Ils ont pris nos animaux et tué des gens. Ils nous ont ordonné de quitter le village. Nous sommes partis sans rien. Nous avons trouvé refuge ici. A notre arrivée, la communauté d'accueil nous a aidés en nous donnant des vêtements et des chaussures. Nous espérons toujours recevoir davantage de soutien».
« Il est nécessaire de renouveler la solidarité internationale envers les personnes confrontées à la crise. Le Mali est au bord du gouffre. Les donateurs doivent se mobiliser et fournir un financement urgent et à long terme pour aider les communautés à survivre aujourd'hui et à reconstruire leur avenir », a déclaré Natugasha.
-0- PANA MA/BAI/IS 15dec2025




