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Une agence de l'UA préconise un contrôle plus important de l'Etat sur les projets d'industrialisation en Afrique

Yaoundé, Cameroun (PANA) - Un meilleur contrôle de l'Etat sur le secteur privé, dans le cadre de la mise en œuvre de stratégies destinées à relancer le processus d'industrialisation en Afrique, est nécessaire, a affirmé une agence spécialisée de l'Union africaine chargée de fournir des services conseils.

Emmanuel Nnadozie, secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF, sigle en anglais), une institution spécialisée de l'UA, basée à Harare et qui fournit des services de conseils aux ministres des Finances en matière de mobilisation des ressources pour les besoins en formation, a fait savoir que le secteur privé ne pouvait stimuler l'industrialisation sans le contrôle effectif de l'Etat pour surveiller l'entrée et la sortie des entreprises dans l'économie nationale.

“L'histoire de l'industrialisation montre que le secteur privé ne peut évoluer seul", a dit M. Nnadozie, lors d'un entretien accordé à la PANA, à l'issue d'une rencontre avec les ministres africains des Finances participant au Conseil d'administration de l'ACBF pour discuter de l'état de développement des compétences à travers l'Afrique, particulièrement en termes de mobilisation des ressources. 

L'ACBF a été récemment désignée comme agence spécialisée de l'UA, chargée de promouvoir une meilleure gouvernance économique et une meilleure intégration régionale.

Ses principales missions sont, entre autres, de faciliter la mise en œuvre de plan de croissance stratégique à long terme, l'Agenda 2063 de l'UA, qui vise à promouvoir une industrialisation, les échanges commerciaux et le développement accélérés du continent dans les 55 pays membres de l'UA.

Selon M. Nnadozie, l'entrée et la survie des entreprises privées en Afrique dépend pour une bonne partie de la gestion de l'économie nationale et, par conséquent, les gouvernements ont la responsabilité majeure de veiller à ce que les politiques étatiques favorisent la survie des entreprises privées sur le marché.

“Ces politiques ne doivent pas reposer sur des subventions. L'infrastructure nationale doit permettre à ces organisations et entreprises du secteur privé de progresser. Le secteur privé doit coordonner sa productivité avec le gouvernement", a poursuivi M. Nnadozie.

Pour lui, les économies en Afrique doivent être transformées pour créer des emplois.

L'ACBF a fait des recommandations aux pays africains sur les voies et moyens d'apporter des changements positifs en termes de leadership, afin de promouvoir le développement économique, ce qui pourrait se traduire par des taux de croissance économique élevés.

Selon ce dernier, le fait d'avoir placé le sujet du renforcement des capacités en haut de l'agenda de l'assemblée des chefs d'Etat et de gouvernement a élevé le niveau auquel le sujet est maintenant débattu en Afrique.

Le rôle de l'Etat dans la gestion de l'économie, mais aussi l'implication de l'Etat dans le développement d'entreprise restent un point d'achoppement dans les débats impliquant le secteur privé et les ministres africains des Finances.

Dans une récente étude de cas, un responsable du ministère des Finances de la République démocratique du Congo (RDC) a déploré le coût négatif de la privatisation sur les recettes fiscales du gouvernement national.

Ce responsable a estimé que la situation de la société nationale d'exploitation du cobalt, qui auparavant finançait l'ensemble du budget de la RDC, grâce à ses 450.000 tonnes d'exportations de cobalt, a radicalement changé après la privatisation avec une production qui a augmenté à 1,3 million de tonnes, mais la contribution à l'économie a baissé de 80 pc à 20 pc. 

Cette année, l'ACBF a publié son rapport sur le développement des capacités, en se focalisant sur la nécessité de promouvoir la protection sociale des communautés vulnérables dans les zones urbaines et rurales, en encourageant une meilleure gestion économique et en renforçant l'intégration régionale et de meilleures relations entre l'Afrique et le reste du monde.

D'après le ministre ghanéen des Finances, Ken Offiri-Atta, président du Conseil de l'ACBF, un nouveau rapport sur comment les Etats pourraient mieux adapter leurs politiques publiques en vue de promouvoir une transformation économique rapide sera rendu public en juillet 2019 à Niamey, au Niger, durant le prochain Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine.

“Le thème porte sur la promotion d'un leadership transformateur pour l'Afrique", a dit M. Offiri-Atta lors d'une récente réunion du Conseil.

“L'Afrique a besoin d'un leadership transformateur pour son Agenda 2063. Le rapport définit le leadership transformateur comme étant celui qui oriente vers les changements attendus en termes de sécurité sociale et d'espérance de vie".

Pour M. Offiri-Atta, le renforcement de la sécurité sociale et l'amélioration de l'espérance de vie en Afrique restent une condition-clé pour réaliser les efforts de développement à long terme en Afrique. 

Selon lui, le leadership transformateur doit inspirer les autorités gouvernementales et les pousser à veiller à la transparence.

M. Offiri-Atta a indiqué que le rapport met en lumière les déficits en termes de leadership en Afrique et fournit une indication claire des capacités requises pour déboucher sur les décisions éclairées à prendre en compte concernant le développement économique et industriel.

“Ce rapport est un travail fructueux sur ce dont l'Afrique a besoin", a-t-il ajouté.

-0- PANA AO/AR/NFB/JSG/IBA 08avr2019