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Soudan : Les affrontements dans la région du Tigré de l'Ethiopie forcent des milliers de personnes à fuir le Soudan

Khartoum, Soudan (PANA) - L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que plus de 7000 réfugiés éthiopiens sont entrés au Soudan après deux jours d'intenses combats riposte dans leur pays, tandis que les autorités soudanaises évaluent ce nombre à plus de 11000 dans deux États différents, Gadarif et Kasala, qui bordent l'État régional en difficulté du Tigré en Ethiopie.

 

L'agence de presse soudanaise (SUNA) a diffusé, vendredi, la première vidéo montrant des centaines de réfugiés éthiopiens, pour la plupart des enfants et des femmes, entrant dans les points d'accueil à la frontière de Gadarif, l'air frêle et hagard.

 

Certains d'entre eux ont déclaré avoir été battus et ont dû parcourir des dizaines de kilomètres avant de se mettre en sécurité.

 

Dans un communiqué de presse reçu par la PANA, vendredi, le HCR a déclaré que les femmes, les enfants et les hommes arrivant au Soudan cherchaient à se mettre en sécurité après une semaine de combats entre le gouvernement fédéral éthiopien et les forces du gouvernement régional du Tigré.

 

A l'intérieur du Soudan, les réfugiés qui arrivent sont temporairement hébergés dans des centres de transit situés près des points d'entrée frontaliers de Ludgi à Gederef et Hamdayet dans l'État de Kasala. De l'eau et des repas leur sont fournis.

 

Le HCR et les autorités locales procèdent conjointement au filtrage et à l’enregistrement des personnes.

 

Le communiqué de presse indique que davantage d'arrivées de réfugiés sont attendus dans les pays voisins, où le HCR intensifie la préparation des secours d'urgence en travaillant avec les gouvernements et les partenaires pour mettre en place des mesures pour répondre aux déplacements supplémentaires à mesure que la situation évolue.

 

"Nous exhortons les gouvernements des pays voisins à garder leurs frontières ouvertes aux personnes chassées de chez elles», a déclaré la Directrice du Bureau régional du HCR, Clementine Nkweta-Salami.

 

"En même temps, nous demandons aux autorités éthiopiennes de prendre des mesures qui nous permettront de continuer à fournir une assistance en toute sécurité aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur du Tigré».

 

Avec des milliers de réfugiés arrivant à la frontière soudanaise en l'espace de 24 heures et avec le conflit qui semble s'intensifier, le nombre est susceptible d'augmenter fortement.

 

Cela exigera une mobilisation importante de ressources pour répondre aux besoins des demandeurs d'asile.

 

Mais le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a repoussé les préoccupations exprimées par les dirigeants des pays voisins, notamment ceux de l’IGAD et les leaders de l’Union africaine (UA), affirmant qu’il s’agissait d’une question totalement interne que son gouvernement pourrait traiter sans qu’elle ne déborde sur d’autres pays.

 

"Les craintes de voir l'Éthiopie sombrer dans le chaos ne sont pas fondées et résultent d'une mauvaise compréhension de notre contexte. Notre opération de maintien de l'ordre, en tant qu'État souverain ayant la capacité de gérer ses propres affaires internes, s'achèvera bientôt en mettant fin à l'impunité qui prévaut », a tweeté, jeudi, le dirigeant éthiopien.

 

Il a déclaré que «l'opération de l'Etat de droit» de son gouvernement visait à garantir la paix et la stabilité une fois pour toutes en traduisant en justice les auteurs d'instabilité.


Mais, vendredi, les médias soudanais ont rapporté que de plus en plus d'Ethiopiens affluaient dans le pays, affirmant que la situation était loin d'être calme au Tigré dont les dirigeants locaux, ceux du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), se sont rebellés contre le gouvernement fédéral se plaignant d'iniquité, de manque de liberté fondamentale, et d'exclusion dans la gestion du pays.

-0- PANA MO/AR/BAI/IS 13nov2020