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Réunion au Congo du Groupe de contact sur la Libye et les tentatives de la France de reprendre sa médiation sur la crise libyenne à la Une des journaux

Tripoli, Libye (PANA) - Les journaux libyens, cette semaine, se sont focalisés sur les tentatives de la France de combler le vide dans la médiation supervisée par les Nations Unies après la démission de son émissaire, Ghassan Salamé, en revenant comme médiateur dans la crise libyenne.

 

La presse libyenne s'est également intéressée à la réunion du Groupe de contact sur la Libye qui s'est penchée, jeudi à Oyo, au Congo sur les préparatifs de la Conférence de réconciliation décidée le 30 janvier lors de la 8ème réunion au Sommet du Comité de Haut niveau de l'Union africaine, en décidant de sa tenue en juillet prochain à Addis-Abeba, en Ethiopie.

 

Les retraits des réserves de la Libye par les autorités après l'arrêt de la production suite à la fermeture des ports et champs pétroliers, ont figuré parmi les sujets traités par les journaux libyens. 

 

Sous le titre "La France tente de combler le vide et de s'approprier le dossier libyen",  le journal Al-Wassat a écrit que "la France, dans le cadre des efforts visant à combler le vide laissé par l'absence de l'envoyé des Nations Unies, Ghassan Salamé, après sa démission de sa mission d'envoyé des Nations Unies en Libye, connu pour être proche des décideurs à Paris, pour se présenter comme un intermédiaire neutre en recevant le maréchal Khalifa Haftar, alors qu'elle devrait recevoir, la semaine prochaine, le ministre de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale, Fathi Bachagha".

 

Le journal a ajouté qu'en réalité, la France cherche à "s'approprier" le dossier libyen, qui est resté prisonnier de tiraillement au niveau international, d'Istanbul à Moscou, en passant par Rome, puis Berlin.

 

Al-Wassat, hebdomadaire libyen paraissant au Caire, a rapporté que des sources diplomatiques françaises ont divulgué qu'un plan élaboré par Paris s'inscrit dans ce sens, qui consiste à élargir ce qu'il considère comme un "fossé" entre Haftar et Moscou, après que le premier a refusé de signer un accord de cessez-le-feu dans la capitale russe, tandis que le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, Fayez Al-Sarraj, l'a signé à la mi-janvier, pour trouver un compromis sur la crise de la fermeture des gisements de pétrole et des ports.

 

La fermeture doit être levée, en échange d'une répartition équitable des revenus énergétiques entre les régions libyennes sans passer par la Banque centrale de Libye (BCL), avant d'envisager une réforme à long terme de cette institution, a précisé le journal.

 

Les analystes français estiment que la présence de Haftar à Paris a permis une fois de plus "de le présenter comme un des acteurs majeurs en Libye, et il est venu demander plus de soutien au président Macron, et en retour, il a promis de signer le cessez-le-feu", a écrit le journal.

 

Pour le journal, si Paris soutient les efforts des Nations Unies en faveur du cessez-le-feu et de la poursuite du dialogue politique entre les Libyens, toutes les tentatives dans ce sens ont échoué jusqu'à présent, comme l'a admis l'envoyé démissionnaire des Nations Unies, Ghassan Salamé, ce qui a fait que Paris et d'autres capitales européennes craignent la détérioration de la situation dans le contexte de la présence dans le pays de combattants étrangers et l'activité de nombreux groupes armés, notamment des terroristes, les marchands d'armes et des passeurs de la traite des personnes.

 

Il est prévu que le ministre de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale, Fathi Bachagha, se rende à Paris, du 16 au 18 mars, pour rencontrer son homologue, Christophe Castaner, ce qui pose également la question d'un accord, que la France pourrait préparer, entre le maréchal Haftar et le gouvernement d'union nationale, selon le journal.

 

Le journal Al-Wassat a indiqué que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a présenté, la semaine dernière au Parlement, un exposé des grandes lignes de la position française, lorsqu'il a appelé au respect des décisions du Sommet de Berlin et à la nécessité de pousser Haftar et Al-Sarraj à la fois à les respecter, appelant à la signature d'un cessez-le-feu permanent et à lancer un dialogue politique global et une meilleure gestion des ressources libyennes, en plus d'arrêter la livraison d'armes aux parties libyennes.

 

Le journal a conclu en indiquant que par rapport à la nouvelle démarche française, la question reste de savoir si l'effort français réussira à combler le vide politique laissé par l'envoyé des Nations Unies, Ghassan Salamé après son départ volontaire de sa mission en Libye, ou assisterons-nous à des mouvements similaires de telle ou telle partie internationale, dans le cadre de la polarisation internationale du dossier libyen, en attendant la nomination d'un nouvel envoyé au pays, et la reprise des pistes du plan onusien pour résoudre la crise libyenne.

 

Dans le même ordre d'idées, le journal Afrigatenews a annoncé que la réunion du Groupe de contact de l'Union africaine sur la Libye qui s'est tenue, mercredi et jeudi au Congo, a décidé de fixer pour juillet prochain, la Conférence de réconciliation inclusive en Libye à Addis-Abeba, en Ethiopie, siège de l'UA.

 

Afrigatenews, journal électronique arabophone, a ajouté que les participants ont discuté de la situation en Libye et des progrès réalisés dans les préparatifs de la Conférence de réconciliation entre les Libyens qui sera organisée par l'Union africaine.

 

Stephen Williams, Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général des Nations Unies en Libye, a participé en compagnie de la délégation de l'ONU, dirigée par Maria Luisa Ribeiro Fiotti, chef du Bureau du Secrétaire général, avec Hana Titah, Représentante spéciale du Secrétaire général auprès de l'Union africaine.

 

Afrigatenews a ajouté que "le groupe de contact a souligné l'importance des Nations Unies et du cadre de l'Union africaine pour la paix et la sécurité, ainsi qu'un engagement commun à travailler ensemble pour mettre en œuvre les trois volets en Libye dirigés par les Nations Unies à partir du processus de Berlin".

 

Abordant la poursuite de la fermeture des installations pétrolières et des ports depuis janvier dernier, un rapport publié par le ministère des Finances du gouvernement d'union nationale a publié des estimations négatives de la performance de l'économie libyenne au cours du premier semestre de cette année, traduites par une diminution des réserves de change et des niveaux élevés d'inflation résultant d'une baisse attendue de la valeur du dinar libyen.

 

Le journal a ajouté dans un article intitulé : "La fermeture des ports pétroliers, épuisera les réserves en devises et haussera l'inflation" que le ministère des Finances s'attend à une baisse des réserves de change à 66 milliards de dollars, si la fermeture des installations pétrolières et des ports se poursuit jusqu'en juin prochain, contre 77 milliards de dollars en octobre 2019, selon le rapport mensuel du mois de janvier, préparé par le ministère sur "la macroéconomie et de l'unité d'analyse financière".

 

Le ministère a indiqué, selon Al-Wassat, que la Banque centrale peut utiliser une partie importante des réserves pour assurer la stabilité, précisant que son retrait entraînera une diminution d'environ 11 milliards de dollars pour atteindre 66 milliards de dollars à la fin de juin 2020.

 

Le journal a rappelé que la crise de l'arrêt de la production de pétrole a commencé, le 17 janvier dernier, lorsque ce qui est connu sous l'appellation du "Forum des tribus et des villes libyennes" a annoncé son intention de "stopper l'exportation de pétrole de tous les ports libyens", et a demandé "que les autorités compétentes et la communauté internationale ouvrent un compte pour déposer des revenus pétroliers jusqu'à ce qu'un gouvernement soit formé qui représente tous le peuple libyen.

 

Immédiatement après la publication du communiqué, les manifestants ont fermé le port de Zueitina après y être entrés, et les fermetures se sont poursuivies dans les ports de Brega, Ras Lanouf, Al-Sidra et Al-Harrigua.

 

Mais la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a accusé l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal, Khalifa Haftar d'être derrière la fermeture des ports et champs pétroliers.

-0- PANA BY/IS/SOC 14mars2020