Mettre fin aux violences faites aux femmes, "une question de dignité, d’égalité et de droits humains"
Genève, Suisse (PANA) – A seulement 15 ans, Salma (un nom d'emprunt) a été contrainte au mariage, alors qu'elle souhaitait poursuivre ses études et devenir médecin.
Elle s'est retrouvée liée à un homme qui, “ passant de la gentillesse à la violence ”, la battait “ à mains nues ”, a-t-elle récemment confié.
Cette jeune mère yéménite fait partie des quelque 840 millions de femmes dans le monde – près d'une sur trois – victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Pire encore, ce chiffre a à peine évolué depuis l'an 2000, avec une baisse annuelle dérisoire de 0,2 % au cours des deux dernières décennies.
Rien que ces douze derniers mois, 11 % des femmes âgées de 15 ans et plus, soit environ 316 millions de femmes, ont subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.
“ La violence à l’égard des femmes est l’une des injustices les plus anciennes et les plus répandues de l’humanité, et pourtant, elle reste l’une des moins combattues ”, a dénoncé le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Ce manque de progrès est documenté dans un rapport publié mercredi par l’OMS et d’autres agences des Nations Unies. Ce rapport analyse des données provenant de 168 pays, couvrant la période 2000-2023, et révèle “ un tableau alarmant d’une crise profondément négligée et d’une réponse cruellement sous-financée ”.
Pour la première fois, des estimations nationales et régionales des violences sexuelles commises par une personne autre que le partenaire – un parent ou un ami de sexe masculin, par exemple – sont incluses.
Les résultats montrent que 263 millions de femmes ont subi des violences sexuelles de la part d’une personne autre que leur partenaire depuis l’âge de 15 ans, un chiffre que les experts estiment largement sous-estimé en raison de la stigmatisation et de la peur.
L’OMS a constaté que, malgré l’accumulation de preuves de l’efficacité des stratégies de prévention des violences faites aux femmes, le soutien financier continue de diminuer drastiquement. En 2022, seulement 0,2 % de l’aide mondiale au développement a été allouée à ces programmes, et les financements ont encore baissé depuis.
Cette situation survient alors que les crises humanitaires, les inégalités croissantes et d’autres défis mettent en danger des millions de femmes et de filles.
Selon le rapport, les femmes victimes de violences sont confrontées à des grossesses non désirées, à un risque accru d’infections sexuellement transmissibles et à la dépression.
De plus, les violences faites aux femmes commencent tôt et les risques persistent tout au long de leur vie.
Au cours des douze derniers mois seulement, 12,5 millions de jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire intime.
“ Les données montrent que de nombreuses femmes subissent pour la première fois des violences de la part de leur partenaire à l’adolescence. Et beaucoup d’enfants grandissent en voyant leur mère se faire bousculer, frapper ou humilier, la violence faisant partie intégrante de leur quotidien ”, a déclaré Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF.
“Il est essentiel de briser ce cycle ”, a-t-elle ajouté.
Ce rapport a été publié à l’approche de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, célébrée chaque année le 25 novembre. Il appelle à une action gouvernementale décisive et à un financement accru pour intensifier les programmes de prévention fondés sur des données probantes et renforcer les services de santé, juridiques et sociaux destinés aux victimes.
Les pays doivent également investir dans des systèmes de données pour suivre les progrès accomplis et atteindre les groupes les plus à risque, en plus de veiller à l’application des lois et des politiques qui autonomisent les femmes et les filles.
“ Aucune société ne peut se prétendre juste, sûre ou saine tant que la moitié de sa population vit dans la peur ”, selon le Dr Tedros.
“Mettre fin à ces violences n’est pas seulement une question de politique ; c’est une question de dignité, d’égalité et de droits humains. ”
Salma est de retour à l’école, après avoir été remise en liberté sous caution et confiée à ses parents par un juge. Elle a également été orientée vers un espace sécurisé soutenu par l’UNFPA, l’agence des Nations Unies pour la santé reproductive, où elle a pris connaissance de ses droits et reste déterminée à réaliser son rêve de devenir médecin.
“Nous devons agir ensemble de toute urgence pour mettre fin à ces violences et garantir que chaque femme et chaque fille, dans toute sa diversité, puisse exercer ses droits, réaliser son potentiel et contribuer pleinement à des sociétés plus justes, plus égalitaires et plus prospères ”, a insisté Diene Keita, directrice exécutive de l’UNFPA.
-0- PANA MA/NFB/JSG 20nov2025




