Agence Panafricaine d'information

Les ministres des Finances de l'UA approuvent le projet d'agence internationale de notation souveraine

 Yaoundé, Cameroon (PANA) - Les ministres des Finances, de l'Economie et de la Planification de l’Union africaine (UA) ont approuvé mardi une nouvelle feuille de route pour la création d'une agence pour fournir des services de notation souveraine aux pays et aux entreprises, afin de permettre un accès rapide aux marchés internationaux de la dette.

La décision a été prise lors de la 3ème réunion du Comité technique spécialisé (CTS) sur les finances, les affaires monétaires, la planification et l'intégration économiques, tenue à Yaoundé (Cameroun), qui regroupe les ministres et les experts des ministères des Finances, des Banques centrales et des groupes de réflexion économique.

Le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, président du comité ministériel, a déclaré qu'un accord a été conclu entre les représentants des gouvernements pour que les experts examinent et présentent un rapport complet sur la proposition de création de l'Agence internationale de notation du crédit de l'UA.

La proposition de création de l'organe de l'Agence internationale de notation de crédit a été présentée au CTS sur le financement à la suite d'une demande du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), visant à ce que le continent mette en place sa propre agence pour la révision des risques souverains et les notations des gouvernements.

Le Dr McBride Nkhalamba, chef de la division Recherche et développement au siège du MAEP, en Afrique du Sud, a déclaré à la réunion ministérielle que la plupart des pays étaient incapables d'accéder aux marchés internationaux de la dette, en raison de la tarification injuste de leurs actifs souverains et du niveau exagéré de risque politique.

Le Dr Nkhalamba a indiqué que certains pays souffraient de notations injustes de leur économie politique, parce que les agences de notation étrangères n'appréciaient pas le niveau de complexité qui caractérise ces économies.

 "Les agences internationales de crédit ne rendent pas justice et ne nous offrent pas un accord équitable", a souligné M. Nkhalamba.

Les experts ont indiqué que la création de l'Agence panafricaine de notation du crédit, une institution financière chargée de fournir un examen approfondi du niveau des actifs nationaux, de la gouvernance économique et des flux de revenus des pays africains, pourrait réglementer la conduite des organismes de notation internationales  malhonnêtes.

L’expert a expliqué que l’agence proposée pourrait fournir la méthodologie de notation et souligner les lacunes des agences de notation étrangères, qui empêchent certains pays d’avoir accès aux marchés de la dette extérieure.

M. Nkhalamba a déclaré que l'UA a prouvé que la plupart des agences de notation ont des faiblesses inhérentes et que la plupart des circonstances prouvent le manque de solidité des notations fournies sur les qualités des actifs africains.

Le Dr Mesheck Mutize, analyste indépendant de la notation de crédit souverain au sein de la division Gestion des dettes souveraines des marchés des capitaux mondiaux, a indiqué que, depuis 1994, lorsque la première notation souveraine d’un pays africain a été réalisée en Afrique du Sud, 32 pays africains ont été notés. Sur ces pays notés, seuls quatre pays ont été jugés solvables, les autres ayant le statut de junk.

Les notations donnent aux éventuels investisseurs une indication sur les risques potentiels ou les manquements du service de la dette, déterminent le taux auquel les banques et les entreprises locales peuvent accéder aux fonds par le biais d'obligations et émettent des obligations pour l'expansion des activités.

M. Mutize a déclaré que, même si la plupart des pays d’Afrique ont connu une croissance positive, la plupart des agences de notation ont donné des notations négatives, pourtant les pays d’Afrique obtiennent des surs-souscriptions sur leurs titres de dette souveraine émis sur les marchés internationaux pour le financement de programmes d’investissement sur leur territoire.

 ‘’Si nous avons le statut de junk, pourquoi les investisseurs internationaux s’intéressent-ils à nos obligations souveraines? C'est une indication de la focalisation biaisée sur l'économie formelle, alors que nous avons une économie informelle robuste en Afrique», a estimé M. Mutize.

Il a ajouté que la création de l'agence de notation mettrait fin à la position dictatoriale et donnerait aux pays l'occasion de critiquer les évaluations alternatives fournies par d'autres agences.

-0- PANA AO/MA/ASA/JSG/IBA 06mars2019