Agence Panafricaine d'information

Les messages d'espoirs de la Commission militaire poussent vers un règlement pacifique en Libye

Tripoli, Libye (PANA) - Dix jours après la signature de l'accord de cessez-le-feu permanent à Genève, la Commission militaire conjointe 5+5  a réédité, un exploit en conservant le même esprit d'entente, de symbiose et de consensus, en franchissant de nouveaux pas pratiques, encore plus audacieux vers la mise en œuvre de l'accord lors de la première réunion sur le sol libyen à Ghadamès (Sud-Ouest), donnant, ainsi, un coup d'accélérateur et surtout l'espoir d'aboutir à un règlement pacifique à la crise en Libye après des années de chaos sécuritaire.

 

Quelques mois plutôt, ces officiers supérieurs militaires libyens commandaient des troupes au front des camps opposés, s'affrontant farouchement avec tous les types d'armes les plus sophistiqués.

 

Armes lourdes, missiles, canons de gros calibres, avions de chasses, drones, fusées sols airs et autres orgues de Staline et batteries anti-aériennes régnaient en maître sur les fronts lors des affrontements féroces entre les deux camps au conflit en Libye, l'armée libyenne du gouvernement d'union nationale et l'armée nationale libyenne (LNA) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar.

 

Les deux camps ne se sont pas contentés seulement de s'affronter farouchement, mais ont eu recours au soutien de parties étrangères pour combattre à leurs côtés afin de faire la différence et prendre le dessus sur son vis-à vis.

 

Force est de constater qu'on ne peut pas mettre sur un pied d'égalité le camp qui a débuté les hostilités, à savoir, celui de Haftar au moment où les préparatifs allaient bon train pour tenir une conférence inclusive libyenne à Ghadamès, le 14 avril 2019, pour trouver une solution politique et le camp du gouvernement d'union nationale qui était sur la défensive.

 

Mais au-delà de ces faits qui relèvent maintenant du passé, l'essentiel qui compte est le revirement opéré à plus de 180 degrés, ayant permis d'instaurer une ambiance d'entente, de responsabilité et une grande conscience à l'égard du devoir dont il faut s'acquitter au nom du peuple libyen qui a tant souffert tout long de ces dernières années, supportant les pénuries, la peur, la mort, la terreur et autres souffrances tout genre aussi insupportables les unes que les autres.

 

Au cours de leur réunion à Ghadamès, la Commission militaire conjointe 5+5 que la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU, Stephanie Wiliams a voulu rebaptiser "Commission des Dix", en raison de la "symbiose et du sérieux" dont on fait preuve ses membres, qui a mis en place un sous-comité chargé de superviser le retrait des forces armées des lignes de contact vers leur quartier général, ainsi que le départ des combattants et mercenaires étrangers de la Libye dans un délai de trois mois.

 

Les réunis ont décidé, dans le cadre de la recherche des modalités de mise en œuvre de l'accord de cessez-le feu, de la réunion du sous-comité au cours de ce mois à Syrte qui sera le siège choisi pour abriter la Commission militaire en présence de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL).

 

Rendez-vous a été donné le 16 novembre pour une réunion des responsables des gardes des installations pétrolières à Brega (Est) en présence du président du Conseil de direction de la Compagnie nationale libyenne de pétrole, Mustapha Sanalla pour s'accorder sur les dispositions de sécurisation des sites pétroliers à travers la restructuration de ce corps.

 

La commission a également réitéré sa demande au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour rendre contraignant l'accord de cessez-le-feu, réclamant aussi la présence d'observateurs internationaux pour contrôler l'application de l'accord.

 

A la lumière de ces résultats, la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l'ONU, Stephanie Williams a salué la détermination des membres de la Commission militaire à mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu.

 

Mme Williams a félicité les membres du Comité militaire mixte, en disant : "Vous avez accompli un miracle, défié toutes les pressions, surmonté toutes les difficultés et exprimé haut et fort : Non au combat, oui à la paix et à l'unité !".

 

Elle a ajouté que "l'attention se tourne maintenant vers la classe politique dans son ensemble, et pas seulement vers les participants au Forum de dialogue politique libyen, pour suivre votre exemple en portant la responsabilité historique devant eux, et en défendant les intérêts de leur pays et de leur peuple et en les plaçant au-dessus d'autres intérêts personnels, partisans ou régionaux".

 

Cet exploit réalisé par les membres de la Commission militaire a été également salué par l'ancien Envoyé de l'ONU en Libye, le Libanais, Ghassan Salamé qui a rendu hommage au courage et à la volonté des délégués des belligérants libyens.

 

Il a ajouté que les décisions adoptées par la réunion de la Commission militaire conjointe libyenne à Ghadamès dénotaient "d'un esprit national recouvert".

 

M. Salamé a ajouté, dans un tweet que ces décisions "vont dans la bonne direction vers la stabilisation du cessez-le-feu, la normalisation de la situation sécuritaire et la mise en œuvre de l'Accord de Genève et de la résolution 2510".

 

Il a conclu par son tweet en écrivant : "Félicitations pour ce nouveau progrès et pour en réaliser davantage lors de la prochaine réunion !".

 

Le ministère français des Affaires étrangères s'est aussi félicité des résultats du dialogue de Ghadamès entre les membres de la Commission militaire conjointe 5 + 5 représentant le gouvernement d'union nationale et Haftar.

 

Dans un tweet publié par l'ambassade de France, le ministère des Affaire étrangères a estimé que les résultats concrets du dialogue militaire à Ghadamès interviennent conformément à l'accord de Genève, ajoutant qu'"il s'agissait d'un pas en avant essentiel pour le bien de la paix, de l'unité et de la souveraineté en Libye, en particulier pour lutter contre l'ingérence étrangère".

 

Toutefois, Mme Williams n'est pas dupe et a fait part d'une certaine prudence en affirmant que la réunion de Ghadamès "n'est que le début d'un processus qui va exiger de la détermination, du courage, de la confiance et beaucoup de travail". 

 

Concernant l'épineuse question du départ des forces étrangères de la Libye qui suscite des doutes chez certains, la responsable onusienne a rappelé que l’accord de cessez-le-feu conclu à Genève le mois dernier prévoit un calendrier pour le départ des mercenaires et des forces étrangères du territoire libyen, assurant l'existence maintenant des discussions détaillées sur le mécanisme de surveillance pour tout cela, d'autant plus qu'il y a une demande souveraine libyenne claire à cet égard.

 

Selon elle, le fardeau et la responsabilité de retrait des combattants et troupes étrangères incombe aux pays et aux éléments qui sont responsables d’avoir amené ces mercenaires et ces forces en Libye, exhortant au  respect de la demande libyenne.

 

Il n'y a plus de doute sur les progrès réalisés au sein de la Commission militaire et de la compréhension, ainsi que de l'esprit positif qui règnent et les espoirs de traduire sur le terrain les points convenus pour faire avancer la mise en œuvre du cessez-le-feu.

 

Ce qui est attendu, c'est que parallèlement aux négociations militaires, les parties libyennes reprennent des pourparlers politiques dans le cadre du Forum de dialogue politique inter-libyen qui doit se tenir, le 9 novembre à Tunis, la capitale de la Tunisie avec la participation de 75 personnes dont des représentants du Parlement, du Haut Conseil d'Etat et des personnalités issues de divers milieux socioprofessionnels appelés à s'accorder sur une feuille de route politique destinée à mettre en place une nouvelle transition.

 

Une nouvelle autorité exécutive doit remplacer le Conseil présidentiel dont le président, Fayez Al-Sarraj, a exprimé le "désir sincère" de remettre ses pouvoirs à un organe choisi par la Commission de dialogue inter-libyen.

 

Cette nouvelle autorité doit gérer la transition et organiser des élections générales et un référendum pour adopter la future Constitution du pays.   

 

A cet égard la Représente spéciale du Secrétaire  générale de l'ONU, Stephanie Williams a émis l’espoir de voir "l’esprit et le sens des responsabilités constatés au sein de la Commission militaire mixte se refléter dans le dialogue politique", ajoutant que "ce que nous demandons, c'est que la classe politique atteigne le niveau de responsabilité que nous avons vu présentement au sein de la Commission militaire conjointe".

 

Elle a prévenu contre ceux qui veulent jouer les troubles fête et manœuvrer en coulisse pour torpiller le processus en affirmant : "nous savons que des jeux se jouent maintenant, nous voyons les manœuvres tout autour de nous de ce que nous appelons le parti du +statu quo+. Cela ne fonctionnera pas".

 

Selon elle, il s'agit de fixer fermement la feuille de route pour des élections nationales qui est l’objectif premier du Forum de Tunis, ajoutant que "c'est la seule façon dont dispose le peuple libyen pour restaurer sa souveraineté et exercer son droit d’élire ses représentants".

 

Ainsi, il ne reste aux politiciens du Forum que de suivre la voie du consensus et d'adopter le plus rapidement une feuille de route pour sortir le pays du cercle de l'instabilité et restaurer la souveraineté de la Libye afin de retrouver sa place dans le concert des nations du monde.
-0- PANA BY/IS 05nov2020