Les femmes de Gaza sont le dernier rempart de leurs familles face aux attaques, à la faim et à un hiver rigoureux
Gaza (PANA) – A Gaza, les femmes assurent la survie de leurs familles “ avec pour seuls atouts leur courage et leur épuisement ”, alors que la violence persiste et que les produits de première nécessité restent rares, a averti mardi ONU Femmes, l’agence des Nations Unies pour l’égalité des sexes.
Sofia Calltorp, cheffe de l’action humanitaire d’ONU Femmes, de retour d’une visite dans l’enclave la semaine dernière, a déclaré que les femmes sur place lui avaient répété à maintes reprises : “ Il y a peut-être un cessez-le-feu, mais la guerre n’est pas finie. ”
“ Les attaques sont moins fréquentes, mais les massacres continuent ”, a-t-elle ajouté.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies a averti lundi que des hostilités continuaient d’être signalées dans diverses parties de la bande de Gaza, provoquant destructions, déplacements de population et victimes.
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déclaré la semaine dernière que depuis l'annonce de la trêve entre le Hamas et Israël le 10 octobre, deux enfants étaient tués chaque jour dans des attaques contre l'enclave.
Lors d'un point de presse à Genève, Mme Calltorp a raconté que durant son voyage à travers toute la bande de Gaza, “ de Jabalia au nord à Al-Mawasi au sud ”, elle a constaté qu'" être une femme à Gaza aujourd'hui signifie affronter la faim et la peur, encaisser les traumatismes et le deuil, et protéger ses enfants des balles et du froid des nuits ".
“Cela signifie être le dernier rempart dans un lieu où la sécurité n'existe plus ”, a-t-elle insisté. Mme Calltorp a ajouté que plus de 57 000 femmes à Gaza sont désormais à la tête de leur foyer et livrées à elles-mêmes dans des conditions extrêmement difficiles.
“Des femmes m'ont montré comment l'eau s'infiltrait à travers leurs abris de fortune, laissant les enfants grelotter toute la nuit ”, a-t-elle expliqué.
“Voilà ce que signifie être une femme à Gaza aujourd'hui : savoir que l'hiver approche et être impuissante à protéger ses enfants. ”
La haute responsable a raconté l'histoire d'une femme rencontrée sur place, dont la maison avait été détruite. “ Mais chaque matin, elle retourne aux décombres pour ramasser du bois, brûlant les portes qui abritaient autrefois sa famille, juste pour préparer le petit-déjeuner de ses enfants. ”
Un mois et demi après le cessez-le-feu, la nourriture reste rare et quatre fois plus chère qu'avant la guerre. A titre d'exemple, un œuf coûte 2 dollars sur le marché de Gaza, un prix “ inaccessible pour les femmes sans revenus ”, a-t-elle déclaré. “
Il est tout simplement impossible pour beaucoup des femmes que j'ai rencontrées de nourrir leur famille ”, a insisté Mme Calltorp.
Les femmes avec lesquelles elle s'est entretenue ont été déplacées “ d'innombrables fois ”, a-t-elle dit – jusqu'à 35 fois depuis le début de la guerre en octobre 2023 dans un cas précis.
“Chaque déplacement signifie qu'elles doivent emballer le peu qu'elles possèdent, porter leurs enfants, leurs parents âgés, et choisir entre un endroit dangereux et un autre ”, a expliqué Mme Calltorp.
Elle a également évoqué la “ crise des femmes et des filles nouvellement handicapées par cette guerre ”, dont plus de 12 000 souffrent de handicaps permanents liés au conflit.
Face à tant de difficultés, les femmes de Gaza “ ont besoin que le cessez-le-feu soit respecté, elles ont besoin de nourriture, d'une aide financière, de matériel pour l'hiver, de services de santé et d'un soutien psychosocial essentiel ”, a consaté la responsable d'ONU Femmes.
Elle a souligné leur désir ardent “ de travailler, de prendre les rênes et de reconstruire Gaza de leurs propres mains ”.
“ Aucune femme ni fille ne devrait avoir à se battre aussi durement pour survivre. Nous avons besoin que davantage d'aide parvienne à Gaza de manière systématique et sécurisée, et nous devons mettre fin aux massacres ”, a-t-elle conclu.
-0- PANA MA/NFB/JSG 26nov2025.




