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Les Sud-Soudanais « comptent sur nous », déclare une haute responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

New York, Etats-Unis (PANA) - La sous-secrétaire générale pour l'Afrique, Martha Pobee, a informé lundi le Conseil de sécurité de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud.

Se référant au récent rapport trimestriel du Secrétaire général sur les défis auxquels est confrontée la plus jeune nation du monde, Mme Pobee a souligné que depuis mars, les progrès réalisés dans le processus de paix ont été largement compromis.

Les offensives militaires, impliquant principalement la milice rivale du Soudan du Sud, qui répond au premier vice-président, et les troupes gouvernementales fidèles au président, se sont poursuivies, et la confiance dans l'accord de paix revitalisé de 2018 entre les deux parties a été ébranlée.

UN News a rapporté que Murithi Mutiga, un autre intervenant de l'International Crisis Group, a expliqué que l'accord de 2018 exigeait du président Salva Kiir qu'il travaille en accord avec son rival, le premier vice-président Riek Machar ; ainsi, l'accord a été effectivement résilié lorsque le président Kiir a placé l'ancien vice-président en résidence surveillée le 26 mars.

Mme Pobee a souligné que les récentes offensives militaires ont entraîné des morts, des déplacements de population et la destruction d'infrastructures civiles.

En outre, la crise des déplacements de population est à double sens, a expliqué M. Murtiga : la guerre civile dévastatrice qui sévit au Soudan voisin a poussé 1,2 million de réfugiés vers le Soudan du Sud, mettant à rude épreuve des ressources déjà limitées.

Le conflit au Soudan a également perturbé l'approvisionnement en pétrole du port de Port-Soudan, contrôlé par le gouvernement militaire, et du marché en général, privant le Soudan du Sud de la plupart de ses précieuses recettes pétrolières.

M. Murtiga a également souligné qu'il s'agit de l'une des pires crises humanitaires au Soudan du Sud depuis son indépendance en 2011, avec 9,3 millions de personnes ayant besoin d'une aide d'urgence et 7,7 millions souffrant d'insécurité alimentaire, dont 83 000 risquent de se retrouver dans des conditions catastrophiques, tandis que les violences sexuelles brutales sont en augmentation.

Et les coupes budgétaires privent des millions de personnes d'une aide vitale, a souligné Mme Pobee. À mi-parcours de 2025, le Plan d'intervention humanitaire n'est financé qu'à hauteur de 28,5 %.

En outre, les difficultés d'accès humanitaire s'aggravent avec la multiplication des attaques contre les travailleurs humanitaires, tandis que la médiocrité des infrastructures et les obstacles administratifs entravent les efforts de secours.

L'ONU, l'Union africaine, l'organisme intergouvernemental régional de développement IGAD et de nombreux autres acteurs de la communauté internationale ont appelé à plusieurs reprises à la cessation des hostilités et à la reprise du dialogue, sans obtenir de réponse concrète de la part des parties belligérantes.

« Alors que les responsables gouvernementaux ont publiquement exprimé leur engagement à organiser des élections d'ici décembre 2026, les parties doivent prendre des mesures pour reprendre le dialogue et prendre les décisions nécessaires pour faire avancer le pays. Les déclarations d'engagement ne suffisent pas », a souligné Mme Pobee.

Elle a exhorté le Conseil de sécurité à appeler tous les acteurs et toutes les parties prenantes à respecter l'accord de paix. S'ils ne parviennent pas à jeter les bases d'élections pacifiques et crédibles en décembre 2026, le risque d'une rechute dans la violence augmentera considérablement dans un contexte d'instabilité régionale croissante.

Il est de la responsabilité commune de la communauté internationale de travailler avec les parties sud-soudanaises pour éviter un tel échec, a-t-elle souligné. « Le peuple du Soudan du Sud compte sur nous. »

-0- PANA MA/BAI/JSG/SOC 19août2025