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Les Flux financiers illicites menacent la sécurité et la stabilité en Afrique, selon Amina Mohammed

New York, États-Unis (PANA) - Au moment où l'Afrique mobilise des ressources pour le redressement de la pandémie et le développement durable, les Flux financiers illicites (FFI) privent le continent de 50 milliards de dollars par an, a déclaré jeudi la vice-Secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, lors d'une réunion virtuelle de haut niveau, organisée dans le cadre de l'initiative "Faire taire les armes" de l'Union africaine (UA). 

Ces "pertes stupéfiantes" suffiraient à combler près de 75 pour cent du déficit de financement de la santé en Afrique, à y offrir une éducation inclusive pour tous les enfants et à financer des projets d'infrastructures, a-t-elle ajouté. 

"Ces flux constituent une menace pour la stabilité et la sécurité des pays africains, sapent les institutions et la démocratie, et mettent en péril le développement durable et l'État de droit", a estime Mme Mohammed. 

"Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement exposées aux activités criminelles et aux conflits provoqués par les FFI, car elles sont victimes de la traite et de la violence sexuelle qui sont utilisées comme armes de guerre", a-t-elle expliqué. 

Selon une déclaration des Nations unies, les flux financiers illicites désignent les mouvements illégaux d'argent d'un pays à l'autre, par exemple, par la fraude fiscale, les activités criminelles, le blanchiment d'argent ou les fausses factures.  

La réunion de haut niveau a examiné comment ils alimentent l'instabilité en Afrique.  

Elle a été organisée conjointement par le Bureau du conseiller spécial des Nations unies pour l'Afrique et la Mission permanente d'observation de l'UA auprès des Nations unies, ainsi que par l'Afrique du Sud et le Nigeria.  

"Il existe des preuves circonstancielles que les sorties financières illicites contribuent à la dévastation de la paix et de la sécurité en fournissant aux groupes conflictuels, terroristes et criminels les moyens financiers de mener leurs opérations et de saper la paix", a indiqué Fatima Kyari Mohammed, ambassadrice de l'UA auprès des Nations unies. 

Selon la déclaration, les organisateurs de l'événement ont souligné qu'il est plus que jamais nécessaire de faire taire les armes en Afrique, comme le souligne l'appel du secrétaire général des Nations unies à un cessez-le-feu mondial pour se concentrer sur la lutte commune contre la Covid-19. 

Cristina Duarte, conseillère spéciale des Nations unies pour l'Afrique, a déclaré que les retombées sanitaires et socio-économiques de la crise ont mis à rude épreuve les efforts des gouvernements africains pour garantir l'accès aux services et améliorer les moyens de subsistance, tout en mettant en péril les gains durement acquis en matière de développement.   

En attendant, la crise économique qu'elle a engendrée ne fera qu'aggraver les déficits de financement, alors que les pays africains s'efforcent d'atteindre les Objectifs de développement durable (SDG) d'ici 2030. 

Alors que le monde poursuit une reprise durable sous l'appel du Secrétaire général à "reconstruire en mieux", c'est à la fois une nécessité de développement et une obligation morale de veiller à ce que l'Afrique puisse utiliser toutes ses capacités et ressources pour assurer une reprise durable, authentique et inclusive", a déclaré Mme Duarte.  

Selon le président de l'Assemblée générale des Nations unies, Volkan Bozkir, la pandémie n'a fait que rendre plus critique non seulement la compréhension des schémas de flux financiers illicites, mais aussi l'identification des moyens de les contrer, notamment par la mise en œuvre des accords internationaux existants. 

Il a exhorté les gouvernements à prendre des mesures plus importantes, avertissant que le développement durable sera en danger. 

En tant que président du "Parlement de l'humanité", j'appelle les pays à renforcer leur coopération pour réduire les flux financiers illicites et récupérer les produits du crime, à développer des outils efficaces et à créer un environnement politique pour lutter contre les flux financiers illicites, conformément aux cadres internationaux pertinents existants", a-t-il déclaré dans un message vidéo préenregistré. 

M. Bozkir a annoncé le projet d'une prochaine session spéciale de l'Assemblée générale, en coordination avec l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), pour examiner l'ensemble du problème de la corruption dans le monde.

-0- PANA MA/BAI/JSG 11dec2020.