Agence Panafricaine d'information

Le regain de la menace terroriste en Libye et les effets des divergences entre parlementaires libyens sur les élections en Une des journaux libyens

Tripoli, Libye (PANA) - Les journaux libyens se sont interrogés sur la portée de la résurgence de la menace terroriste après l'attentat à la voiture piégée à Sebha (Sud) en particulier sur la région du Sahel africain alors que les divergences entre la Chambre des représentants (Parlement) et le Haut Conseil d'Etat, assemblée consultative sur les délais dans l'adoption d'une base constitutionnelle, représente un risque de compromettre l'organisation des élections nationales du 24 décembre prochain.

 

La presse libyenne de cette semaine s'est également intéressée à la situation des personnes déplacées en Libye et des réfugiés à travers l'action de la délégation de l'union européenne qui a jeté la lumière sur cette question à travers la publication de certaines statistiques. 

 

Sous le titre : "L'explosion de Sebha, autre visage de la tension des pays du Sahel", le journal Al-Wassat a indiqué que les autorités libyennes et celles de plusieurs pays ont relevé le niveau de leur alerte au regard du caractère sensible du moment choisi pour commettre un acte terroriste à Sebha (environ 800 km Sud de Tripoli), comme une tentative de saper le processus politique et d'entraver la tenue des prochaines élections, qui nécessite une unification urgente de l'armée.

 

Le journal a ajouté que cette situation survient alors qu'il semble que les développements sécuritaires rapides sur le flanc faible de la Libye représentée par la région Sud, au Sahel et dans l'Afrique de l'Ouest, après l'assassinat de l'émir de l'organisation Boko Haram sur les mains de son rival de Daech, menaçant de réveiller à nouveau les cellules dormantes des groupes djihadistes.

 

La revendication par l'organisation terroriste Daech de l'attentat suicide qui a visé un poste de contrôle de sécurité dans la ville de Sebha dans le Sud de la Libye avec une voiture piégée, tuant deux officiers de sécurité et en blessant cinq autres agents, a suscité, selon le journal, la mobilisation des organes du Conseil présidentiel, du gouvernement intérimaire d'unité nationale et des renseignements généraux libyens.

 

Le journal Al-Wassat a indiqué que des observateurs des affaires libyennes ont estimé que l'attentat suicide de Sebha était un message de l'organisation terroriste pour prouver son existence, pour disperser les efforts visant à organiser les élections libyennes avant la fin de cette année et pour déstabiliser la Libye, d'autant plus que les restes de l'organisation dispersés dans le Sud après leur récente défaite à Syrte, et avant cela dans la région orientale, limite son activité dans cette zone avec des cellules dormantes qui se réveillent par période pour mener des opérations armées ponctuelles.

 

Les observateurs ont attribué la poursuite de l'activité de l'organisation terroriste dans le Sud du pays par son alliance avec des gangs armés de contrebande qui profitent des tensions dans les pays voisins pour fournir des armes de contrebande à l'Etat islamique et à Al-Qaïda dans le Grand Sahara, en contrepartie de la protection qu'elle leur fourni, a indiqué le journal.

 

Ce qui émeut les pays de la région, d'après le journal, ce sont les répercussions de l'assassinat du leader du groupe Boko Haram, Abou Bakr Shekou, fidèle à Al-Qaïda, qui a ouvert la voie à l'activité de la branche de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest, active dans la région du Bassin du lac Tchad, pour s'étendre davantage et la restructurer.

 

Citant des rapports de renseignement américain et nigérian, le journal a indiqué que Shekou s'est suicidé lors d'une bataille contre l'organisation terroriste de l'Etat islamique qui lui est concurrente depuis 2015 pour le contrôle de la région, quand il a réalisé sa perte, évitant la capture.

 

Le journal Al-Wassat a souligné que l'action terroriste de l'Etat islamique a atteint le Burkina Faso, où il a commis un "massacre sanglant" que le pays n'a pas connu depuis 2015, lorsque des hommes armés extrémistes ont attaqué un village isolé près de la frontière avec le Niger, tuant plus de 130 civils.

 

Parallèlement à l'état de graves troubles sécuritaires que connaît le Tchad voisin à la suite de l'assassinat de son président, Idriss Déby, aux mains de rebelles qui seraient venus du Sud de la Libye, le Mali, où des milliers de soldats français et britanniques sont déployés, a été le théâtre d'un deuxième coup d'État en neuf mois, qui a été condamné à grande échelle par les dirigeants de la région, a indiqué le journal qui affirme qu'il a également été condamné par la France, qui a une influence traditionnelle dans la région.

 

Le Mali est impliqué dans le groupe militaire du G5 Sahel, avec la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, depuis 2014, a rappelé le journal, assurant que cela signifie que les efforts militaires conjoints pour lutter contre le terrorisme dans la région ont été gelés pour une durée indéterminée.

 

Dans ce contexte, le journal a cité le "Center for Critical Threats" de l'American Enterprise Institute qui a révélé dans son rapport de mai, la fragilité et les griefs qui ont conduit à la montée des groupes djihadistes en Afrique du Nord, notant que les mouvements de rébellion en Libye sont actifs mais contenus  et les attaques terroristes ont diminué dans toute la région, alors que la crise politique et sécuritaire en Libye a crée des opportunités pour l'activité de ces groupes.

 

Il est probable qu'une instabilité extrême ou un effondrement dans n'importe quel pays d'Afrique du Nord augmentera leurs menaces, selon le Rapport américain cité par le journal.

 

Le journal a conclu que les questions qui se posent demeurent de savoir quelle est la dimension ciblée par cette opération terroriste, et si elle est le résultat d'une action organisée, ou s'il s'agit d'une opération menée par de "loups solitaires", et si le but est de l'exploiter avant la prochaine date des élections le 24 décembre?

 

e journal Afrigatenews s'est fait l'écho, de son côté, d'une annonce de la Mission de l'Union européenne (UE) en Libye sur la présence de 217.000 personnes déplacées en Libye en raison du conflit, indiquant qu'elle avait également enregistré la présence de 43.000 réfugiés et demandeurs d'asile en Libye.

 

L'annonce de ces chiffres par la délégation européenne est intervenue dans un communiqué publié à l'occasion de la visite de l'ambassadeur de l'Union européenne, Jose Sabadell et du chef de l'Office d'aide humanitaire de l'Union européenne, au centre communautaire de jour et du bureau de Serraj à Tripoli, qui fait partie des endroits où le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) enregistre en Libye les personnes déplacées, les réfugiés et les demandeurs d'asile qui y reçoivent une assistance.

 

Le journal électronique a indiqué que la Mission européenne a signalé que les déplacés, les réfugiés et les nombreuses communautés qui les accueillent ont besoin d'une forme d'assistance ou de soutien, que ce soit sous forme de soins médicaux, de nourriture, d'articles de santé ou de soutien dans l'opération de réinstallation.

 

La mission a ajouté, selon le journal que l'Union européenne est l'un des principaux donateurs du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Libye dans son travail visant à apporter un soutien à ces personnes vulnérables et à celles qui ont besoin d'une protection internationale.

 

Revenant sur la question des élections, le journal Al-Wassat a affirmé qu'avec la clôture des 200 jours avant la date fixée pour la tenue des élections législatives, le débat entre la Chambre des représentants (Parlement) et le Haut Conseil d'État, sur l'approbation par le Parlement du budget 2021, a dominé la scène politique du pays, reportant la décision pour trancher sur la base constitutionnelle pour les élections du 24 décembre, suscitant des interrogations dans de nombreux milieux libyens pour savoir qui fait obstruction aux élections.

 

Environ deux semaines se sont écoulées depuis que les Nations Unies ont présenté une demande explicite à la Chambre des représentants et au Conseil de l'État de clarifier la base constitutionnelle et la législation régissant les élections avant la période du 15 au 20 juin, suite à l'échec du Forum de dialogue pour parvenir à un consensus sur la base légale sur laquelle se déroulent les élections, a rappelé le journal, ajoutant que c'est un signe négatif qui mettra la pression sur le gouvernement d'union nationale pour qu'il respecte ses engagements de former un consensus derrière une feuille de route menant aux élections législatives et présidentielle.

-0- PANA BY/IS 13juin2021