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Le président de la Transition au Mali et son Premier ministre démis de leurs fonctions par le vice-président, le colonel Assimi Goita

 Bamako, Mali (PANA) - Le vice-président de la Transition au Mali, le colonel Assimi Goita, a annoncé, ce mardi, dans un communiqué, avoir démis de leurs fonctions le président de la Transition, Bah N'Daw, et le Premier ministre, Moctar Ouane,  arrêtés lundi par des militaires et transférés au camp de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako.

Le colonel Goita, chef de la junte militaire, auteur du coup d'Etat du 18 août dernier contre l'ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, accuse les deux dirigeants d'avoir enfreint la charte de la transition et d'avoir formé unilatéralement, lundi, la  nouvelle équipe gouvernementale marquée par le départ de deux colonels de l'ex-junte. Sadio Camara de la Defense est remplacé par le général Souleymane Doucouré, et Modibo Koné de la Sécurité a laissé sa place au général Mamadou Ballo. A cela s'ajoutent d'autres griefs contre le précédent gouvernement.

"Suite à une crise de plusieurs mois au plan national prenant en compte des grèves et manifestations diverses des acteurs sociaux et politiques, le gouvernement dirigé par Moctar Ouane s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux", indique le communiqué lu à la Télévision nationale.

Selon le communiqué, de façon unilatérale, le président de la Transition a accepté la démission du gouvernement et reconduit immédiatement le Premier ministre avec pour mandat d’aller å la formation d’un nouveau gouvernement. La conséquence a été une consternation générale marquée par la persistance des grèves de l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), dont l’issue est finalement une grève illimitée. Cet état de fait constitue une véritable asphyxie de l’économie malienne et partant, la garantie d’une instabilité aux conséquences incommensurables.

Le document souligne que dans les consultations pour la formation d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre nouvellement reconduit a établi une liste, en accord avec le président de la Transition, sans concertation avec le vice-président en charge des prérogatives à lui conférées par la Charte, à savoir la Défense et la Sécurité.

Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la Transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la Charte de transition, contrairement au serment prêté lors de son investiture le 25 septembre 2020. Une intention avérée de sabotage de la transition.

Nonobstant les interpellations et négociations diverses engagées par le vice-président auprès des chefs d’Etat de la sous-région et de certaines chancelleries présentes au Mali en vue d’amener le président de la transition et le Premier ministre à respecter les prescriptions de la Charte de transition, ceux-ci, malheureusement, persistent dans leur posture, explique le colonel Goita.

Ainsi, de par le serment prêté en même temps que le président de la transition et tenu par l’engagement patriotique pris devant le peuple malien, ainsi que devant les Forces de défense et de sécurité, le vice-président de la transition s’est vu dans l’obligation d’agir pour préserver la Charte de la transition et défendre la République en démettant le Président et son Premier ministre, ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation, précise le document.

En cette circonstance, le vice-président de la Transition invite les populations à vaquer librement à leurs occupations et les rassure de l’engagement indéfectible des Forces de défense et de sécurité à préserver l’intérêt supérieur du Peuple malien, conformément à l’esprit et à la lettre de la Charte de transition. Au demeurant, le vice-président de la Transition tient à préciser que le processus de transition suit son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022″, conclut le communiqué signé par le colonel Assimi Goita.

Lundi, tout juste après la publication de la nouvelle équipe gouvernementale, le Premier ministre Ouane et le président de laTransition, Bah N'Daw et certains de leurs collaborateurs ont été arrêtés et conduits au camp militaire de Kati, QG de l'ex-junte, rappelle-t-on.

-0- PANA GT/IS/SOC 25mai2021