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Le gouvernement gambien promet d'enquêter sur les accusations de viol contre un haut responsable du ministère des Affaires étrangères

Banjul, Gambie (PANA) – Le gouvernement gambien a promis lundi d'ouvrir une enquête sur les accusations d'agressions sexuelles portées à l'encontre d'un haut responsable du ministère des Affaires étrangères.

Dans un communiqué de presse, le ministre de la Justice et procureur général, Aboubacar M. Tambadou, a indiqué que l'attention du gouvernement a été attirée sur les nombreuses accusations d'agressions sexuelles, de viol notamment, portées par un certain nombre de femmes contre Melville Robertson Roberts, un haut cadre du ministère des Affaires étrangères.

"Le procureur général prend au sérieux ces allégations et, par la présente, assure les plaignantes et le public que ces allégations seront traitées avec le sérieux qui s'impose et seront transmises à la police gambienne pour des investigations criminelles urgentes et immédiates", a dit le procureur général.

Le communiqué invite les plaignantes à contacter la police gambienne ou le ministère de la Justice, tout en les exhortant à apporter leur pleine coopération à la police dans la conduite de l'enquête.

Toutefois, le procureur a tenu à préciser que l'ouverture d'investigations criminelles concernant ces allégations n'établit en aucune manière la culpabilité de M. Roberts qui continuera à bénéficier de la présomption d'innocence tant que sa culpabilité n'aura pas été prouvée par une juridiction compétente.

Cette affaire éclate à la suite d'accusations récentes de viols et d'agressions sexuelles contre l'ex-dictateur gambien Yahya Jammeh, révélées par des organisations de défense des droits de l'homme. Des forfaits qu'il aurait commis quand il était au pouvoir.

D'après Human Rights Watch et TRIAL International, des membres de l'entourage du président Jammeh faisaient régulièrement pression sur des femmes pour qu'elles rendent visite au chef de l'Etat ou travaillent pour lui, et que ce dernier avait abusé sexuellement de la plupart d'entre elles par la suite.

"Yahya Jammeh traitait les femmes comme une chose qui lui appartenait", a dénoncé Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch, qui a dirigé cette enquête.

"Le viol et l'agression sexuelle sont des crimes, et Yahya Jammeh n'est pas au dessus des lois".

L'ex-chef d'Etat vit actuellement en Guinée équatoriale, où il est en exil depuis sa défaite à l'élection présidentielle de 2019 remportée par Adama Barrow.

Une Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC) gambienne réunit actuellement des preuves sur les violations des droits de l'homme commises durant les 22 années de règne de Yahya Jammeh, dont des allégations de violences sexuelles.

"Le gouvernement gambien et la TRRC doivent veiller à ce que ces allégations de viols et violences sexuelles contre Yahya Jammeh et d'autres hauts responsables fassent l'objet d'une enquête et de poursuites judiciaires", a demandé l'organisation de défense des droits de l'homme.

Human Rights Watch et TRIAL ont recueilli les témoignages de trois femmes qui accusent Yahya Jammeh de viol et d'agression sexuelle, ainsi que ceux d'une quatrième femme qui affirme que des collaborateurs de l'ex-président l'ont emmenée dans un hôtel, apparemment dans le but d'abuser d'elle.

Vendredi dernier, lors d'une conférence de presse organisée à Banjul, Fatou Jallow, surnommée Toufah, qui accuse Yahya Jammeh de l'avoir violée en 2015, a raconté son calvaire, à l'origine de sa fuite et de son exil au Canada.

-0- PANA MLJ/MA/NFB/JSG 02juil2019