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Le combat se poursuit pour la dignité, l'éducation et la sexualité des jeunes filles à travers le monde

New York, Etats-Unis (PANA) – La dignité des filles et leur santé sexuelle étaient au cœur de la Journée internationale de la fille, le 11 octobre. A cette occasion, l’ONU a organisé une table ronde, animée par la Présidente de l’Assemblée générale, Annalena Baerbock, en présence de jeunes défenseuses des droits humains, d’Etats membres et d’agences onusiennes. 

 

Cécile Mazzacurati, conseillère pour l’égalité des sexes au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), était présente. S’adressant à l’ONU Info, Mme Mazzacurati explique pourquoi ces thèmes sont essentiels à la promotion de l’égalité des sexes dans le monde, notamment dans les domaines de l’éducation, de la famille et de la dignité personnelle.

 

Présente sur tous les continents, l’agence donne la priorité à une “ éducation sexuelle complète ”, qui concerne “ les enfants, les adolescents et les jeunes sur tout ce qui touche à leur corps, à leur autonomie corporelle et à leur sexualité ”, précise Mme Mazzacurati.

 

Les actions de l'UNFPA, tant sur le plan juridique que social, auprès des communautés locales, trouvent un écho particulier dans la question de l'égalité des sexes, car il s'agit ni plus ni moins que de s'approprier, ou de se réapproprier, son propre corps, souvent en tant que fille ou jeune femme.

 

A titre d'exemple, le programme Empower, financé par le Canada et mis en œuvre par l'UNFPA, a permis à des jeunes du Bénin, du Ghana, du Malawi, d'Argentine et d'autres pays de bénéficier d'une formation pour grandir «"en pleine connaissance et maîtrise de leur corps, de leurs désirs, et dans des relations saines et respectueuses ", selon la conseillère de l'UNFPA.

 

La promotion de l'éducation sexuelle, souvent taboue ou mal communiquée, va bien au-delà des questions de santé reproductive. Elle constitue le tronc à partir duquel se déploient les multiples branches de la vie sociale, intime et économique d'une jeune femme.

 

Parler à une fille ou à une adolescente de son droit de contrôler son corps, ses menstruations, son consentement ou sa grossesse améliorera sa vie et son égalité avec les garçons, notamment dans ses relations avec l'école, ses problèmes familiaux et sa dignité, en particulier dans des situations de précarité ou de conflit.

 

L’éducation est une priorité pour l’UNFPA afin de parvenir à l’égalité des sexes dans le monde, compte tenu des 129 millions de filles actuellement non scolarisées. Ce problème est étroitement lié à la santé sexuelle des jeunes filles qui, en raison de leurs menstruations, d’un mariage précoce ou d’une grossesse avant l’âge de 18 ans, peuvent rencontrer davantage de difficultés pour aller à l’école.

 

“Ces jeunes filles, mariées très jeunes, ne vont plus à l’école car elles sont déjà considérées comme des femmes et tombent très vite enceintes ”, constate Cécile Mazzacurati. “ Dans certains pays, c’est même une obligation légale ”, ajoute-t-elle.

 

Alors qu'une fille sur cinq dans le monde est mariée avant l'âge de 18 ans, voire une sur trois dans certaines régions comme le Sahel, Mme Mazzacurati explique que l'une des stratégies de l'UNFPA, menée conjointement avec l'UNICEF, consiste à permettre aux filles d'aller à l'école plus longtemps : “ Car une fille instruite est une fille qui aura des enfants bien plus tard, ses enfants seront eux-mêmes mieux instruits, en meilleure santé et toute sa famille bénéficiera d'une meilleure situation économique”.

 

Alors que le monde connaît plus de conflits que jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est d'autant plus essentiel de soutenir les filles déplacées ou réfugiées, qui font face à des difficultés particulières liées à leur genre.

 

“Si vous êtes une jeune fille dans un camp de réfugiés et que vous avez vos premières règles, vous avez besoin de protections hygiéniques, mais il n'y en a peut-être pas. Vous avez besoin d'accéder à des toilettes avec une porte qui ferme, mais il n'y en a peut-être pas. Il n'y a peut-être même pas d'eau courante. Ce sont des choses simples qui peuvent devenir extrêmement compliquées ”, explique Mme Mazzacurati. Et cela sans compter les séparations familiales, l'interruption de la scolarité et la hausse des mariages arrangés due à la précarité de la situation.

 

C’est pour toutes ces raisons que l’UNFPA intervient de différentes manières dans les camps de réfugiés, avec par exemple des “ kits de dignité ” contenant des produits d’hygiène, des “ espaces sûrs ” d’échange, des programmes d’enseignement à distance ou encore des toilettes éclairées et séparées, spécifiquement réservées aux femmes.

 

Cécile Mazzacurati conclut que, malgré les courants contraires actuels concernant l’égalité des sexes et les droits des femmes, nous devons résister. Elle déclare : “ Ce sont là des questions essentielles, parfois reléguées au second plan car elles touchent à des sujets que nous préférons éviter. Il est donc impératif de poursuivre le combat pour nous-mêmes, pour nos sœurs, pour nos amies et pour toutes les filles du monde”. 

-0- PANA MA/NFB/IS/SOC 10 nov2025