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La prochaine équipe gouvernementale malienne n'aura aucun droit à l'erreur, promet le Président Kéita

Bamako, Mali (PANA)  - Le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, a déclaré dimanche, dans un message à ses compatriotes, dans un contexte politique tendu, que la prochaine équipe gouvernementale n'aura aucun droit à l’erreur.

"Elle ne saurait être un simple changement de gouvernement. Elle sera un gouvernement de changement, exclusivement porté sur des résultats définis au préalable et mesurables et s’attaquera, entre autres, sous le leadership du Premier ministre, à la mise en œuvre urgente des résultats du Dialogue national inclusif qui a mis en avant toutes les priorités du peuple malien qui sont d’ordre sécuritaire, social, politique et de gouvernance", a indiqué  le Président Kéita, qui fait face, ces  derniers temps, à une contestation de groupements politiques et d'associations qui avaient demandé sa démission lors d'une manifestation, le  5 juin dernier, à la Place de l'indépendance de Bamako.

Il a dit suivre avec attention ces récents évènements et entendre les colères et les cris, les revendications et les interpellations.

"Chaque malien qui souffre ou qui manifeste, m’interpelle et mérite mon attention, car ma mission est de servir le Mali", a souligné le président Kéita.

"Je m’attellerai tout d’abord à résoudre la crise scolaire en instruisant au Premier ministre de trouver, dans les meilleurs délais, un accord avec le syndicat des enseignants. J’attache du prix à la résolution complète et rapide de cette crise qui n’a que trop duré", en raison de la grève des enseignants depuis trois à quatre mois, pour des revendications salariales.

Le président entend également rencontrer  toutes les parties prenantes à la question de la santé, y compris l’Ordre des médecins du Mali et les usagers, afin d’accélérer la mise en œuvre du plan de modernisation de tous les hôpitaux de Bamako.

S'agissant des dernières élections législatives ayant fait l’objet de graves contestations dans certaines parties du pays, Ibrahim Boubacar Kéita s'engage à rechercher" une solution idoine et urgente afin de répondre aux frustrations exprimées". 

On rappelle que la Cour constitutionnelle a invalidé les résultats proclamés par le ministère de l'Administration territoriale, qui donnaient  vainqueurs des partis politiques dans plusieurs localités du pays et à Bamako, au profit du parti au pouvoir.

Le président malien, qui a rencontré  dimanche les confessions religieuses, les familles fondatrices de Bamako et une partie de la société civile, regroupées au sein du Cadre d’action, de médiation et de veille, pour apaiser le climat politique, a révélé qu'il va rencontrer bientôt les acteurs de la manifestation du 5 juin dont l'influent imam, Mahmoud Dicko.

"Ma porte est donc ouverte et ma main toujours tendue, car il nous faut rester ensemble dans ce grand dessein pour le Mali. Ce projet d’un grand Mali, je n’ai jamais cessé d’y croire, il est à notre portée"," a conclu Ibrahim Boubacar Kéita.

On rappelle que jeudi dernier, le Président Kéita a reconduit Boubou Cissé à ses fonctions de  Premier ministre, après que celui-ci lui a remis sa démission ainsi que celle de son gouvernement.

Il lui a demandé de former une nouvelle équipe gouvernementale selon les critères de taille et de qualification recommandés par le Dialogue national inclusif (DNI) tenu en décembre dernier à Bamako.

Le DNI a regroupé toutes les composantes de la société malienne, en vue de trouver des solutions à la crise multiforme (politique, sécuritaire, économique, sociale) que connait le pays.

A l'issue de travaux, les participants ont fait des recommandations fortes, entre autres,  l'organisation des élections législatives avant le 2 mai, le reploiement de l'armée reconstituée et de l'administration sur toute l'étendue du pays, la relecture de certains articles de l'Accord de paix et de réconciliation, faisant la part belle aux anciens rebelles du Nord-Mali, et l'organisation d'un référendum constitutionnel.

A part les élections législatives jugées mal organisées, toutes les autres recommandations peinent à être exécutées.

Les initiateurs de la  manifestation du 5 juin dénoncent cette lenteur dans la mise en oeuvre de ces recommandations, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des crises que traverse le pays.

-0- PANA GT/JSG/SOC 15juin2020