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La prise du pouvoir par l'Armée au Soudan "n'est pas la réponse appropriée", selon l'Union africaine

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) – L'Union africaine a exprimé sa solidarité avec les citoyens du Soudan, suite à la destitution du président Omar el-Béchir, après trois décennies passées au pouvoir, mais a tenu à faire savoir que la prise du pouvoir par l'Armée n'est pas la réponse appropriée aux aspirations de la population.

Le président de la Commission de l'Union africaine (CUA), Moussa Faki Mahamat, a annoncé jeudi que le principal organe de l'UA en charge des questions de sécurité, le Conseil de paix et de sécurité (CPS), convoquera une réunion urgente pour examiner les mesures à prendre suite au changement anti-constitutionnel du pouvoir au Soudan. 

Le président de la Commission a indiqué qu'il suivait de près l'évolution de la situation au Soudan, en particulier l'annonce faite jeudi par le premier vice-président et ministre de la Défense, le général Awad Ibn Auf, relative à la suspension de la Constitution et la dissolution de l'Assemblée nationale. 

Les manifestants issues de l'élite ont, ces derniers jours, fait pression pour la chute du président el-Béchir après des jours de protestations devant le complexe abritant le siège de l'Armée soudanaise.

Ils ont occupé l'entrée de la résidence principale du président el-Béchir, qui a réussi à rester au pouvoir pendant trois décennies, malgré des défis politiques éprouvants. 

Le président de la CUA a dit dans une déclaration rendue publique par son porte-parole, Ebba Kalondo, que l'organisation continentale était particulièrement contrariée par les décisions prises à Khartoum, notamment la formation d'un gouvernement de transition dirigé par un militaire qui gouvernera le pays pendant deux ans et l'arrestation du président el-Béchir.

“Le président exprime la conviction de l'Union africaine que la prise du pouvoir par l'Armée n'est pas la réponse appropriée aux défis auxquels le Soudan est confronté et aux aspirations de sa population", a dit M. Kalondo dans le communiqué.

Au regard de l'Acte constitutif de l'UA, tous les Etats membres sont tenus d'avoir des gouvernements élus par le biais d'un processus démocratique.

Une prise du pouvoir par l'Armée entraîne immédiatement la suspension de l'Etat impliqué jusqu'au rétablissement d'un régime civil. 

En vertu de la Déclaration de Lomé de 2000 sur les changements anti-constitutionnels de gouvernement et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, un Etat où un gouvernement est formé dans le non respect des principes requis, à travers une prise du pouvoir par l'Armée, est automatiquement suspendu de l'UA.

Le président a réaffirmé les principes pertinents de l'organisation et dit qu'il attendait la tenue rapide d’une réunion du Conseil pour prendre les décisions qui s'imposent.

Par ailleurs, M. Mahamat a invité toutes les parties concernées à faire preuve de calme et de la plus grande retenue et à respecter les droits des citoyens, des ressortissants étrangers, ainsi que les biens privés.

Le président de la Commission de l'UA a appelé également toutes les parties prenantes à engager un dialogue inclusif, afin de créer les conditions permettant de répondre aux aspirations du peuple soudanais à la démocratie, à la bonne gouvernance et au bien-être, ainsi que de rétablir l'ordre constitutionnel.

“Le président exprime la solidarité de l'Union africaine avec le peuple soudanais et son engagement et sa disponibilité à soutenir le Soudan pendant cette période, conformément à ses instruments pertinents et à ses principes", a conclu le porte-parole.

-0- PANA AO/AR/NFB/JSG/IBA 12avr2019