La prévention des conflits par une politique économique saine : Blog du FMI Par Franck Bousquet, Paul M. Bisca, Christopher Rauh, Benjamin Seimon
Washington, DC, États-Unis (PANA) - Selon des simulations qui intègrent des prévisions de conflit fondées sur l'apprentissage automatique, les politiques préventives, notamment les efforts visant à promouvoir la stabilité et la croissance macroéconomiques, sont très rentables.
La politique macroéconomique peut jouer un rôle clé dans la prévention des conflits armés, permettant ainsi de sauver des vies et d'éviter des blessures, des déplacements et des migrations forcés, ainsi que des dommages considérables à l'économie.
C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude du FMI, basée sur des simulations de politiques intégrant des prévisions de conflits fondées sur l'apprentissage automatique.
L'étude révèle que chaque dollar investi dans la prévention - par le biais d'efforts politiques visant à promouvoir la stabilité macroéconomique et la croissance, à renforcer les institutions et à soutenir le développement des communautés locales - peut permettre d'économiser entre 26 et 103 dollars en coûts éventuels liés aux conflits. Il s'agit notamment du coût des besoins humanitaires massifs et de la perte de production économique.
Comme le montre le graphique de la semaine, ces économies sont particulièrement importantes dans les pays à haut risque qui ont récemment connu des violences.
Il est plus important que jamais de créer des opportunités économiques susceptibles de favoriser la paix et la stabilité. L'année dernière, les conflits étatiques ont atteint leur niveau le plus élevé depuis un demi-siècle, selon le programme de données sur les conflits de l'université suédoise d'Uppsala.
La violence non étatique a également atteint un niveau élevé. Dans ce contexte, le FMI accorde une plus grande attention aux États fragiles et touchés par des conflits, notamment par le biais d'une stratégie spécifique.
Des recherches récentes du FMI montrent que trois domaines des politiques macroéconomiques nationales sont particulièrement efficaces pour réduire le risque de conflit, à des coûts raisonnables :
Des positions budgétaires plus saines et une meilleure capacité de l'État. Le risque de conflit est réduit lorsque les gouvernements collectent plus qu'ils ne dépensent et utilisent l'argent supplémentaire pour fournir de meilleurs services et favoriser le développement économique.
Un marché du travail résilient et d'autres caractéristiques d'une économie résiliente. Lorsque le chômage est élevé, la probabilité et l'intensité de la violence augmentent, car lorsque les gens ont un emploi, ils sont moins enclins à prendre les armes.
L'engagement international pour améliorer les capacités de l'État. L'analyse montre que le soutien financier du FMI aux pays qui en ont besoin est associé à une réduction de la probabilité de violence de 1,5 à 4 points de pourcentage. En d'autres termes, le soutien macroéconomique peut compléter les efforts de consolidation de la paix.
Étant donné que les avantages de la prévention sont les plus importants lorsque la violence n'a pas encore éclaté, la mise en place de systèmes d'alerte précoce sera cruciale pour les décideurs politiques. Ceci est particulièrement important dans les États fragiles où les tensions sociales et les risques peuvent être en augmentation mais sont actuellement moins visibles.
Ces résultats soulignent l'importance de politiques économiques bien adaptées et du renforcement des capacités, non seulement pour surmonter la fragilité, mais aussi pour réduire potentiellement le risque de conflit armé dans les États fragiles.
-0- PANA AR/MA/MTA/IS/SOC 14mars2025