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La Russie et le Qatar refusent l'inculpation des États-Unis pour corruption lors de la Coupe du monde de la FIFA

Zürich, Suisse (PANA) - La Russie et le Qatar ont émis des démentis suite à une nouvelle inculpation du tribunal qui allègue que les dirigeants de la FIFA ont reçu des pots-de-vin en échange de leur vote pour les pays qui accueilleront les Coupes du monde de 2018 et 2022.

 

L'acte d'accusation de grande envergure, déposé auprès du tribunal de district des États-Unis dans le district Est de New York, fait état de nombreuses accusations de corruption au sein de la FIFA, allant de l'attribution des droits de diffusion à la sélection des pays hôtes des tournois.

 

Il a été allégué que plusieurs anciens membres du Comité exécutif de la FIFA "se sont vu offrir ou ont reçu des pots-de-vin en rapport avec leurs votes".

 

Selon un article paru sur le site web de la FIFA, le nouvel acte d'accusation marque le dernier rebondissement de la longue enquête américaine sur les allégations de corruption de la FIFA.

 

La Russie et le Qatar avaient été désignés, le 2 décembre 2010, respectivement hôtes de la Coupe du monde de 2018 et 2022.

 

Des allégations de corruption sont apparues peu de temps après, et la situation des deux pays en matière de droits de l'homme a également fait l'objet de critiques.

 

Un démenti a été émis par le Kremlin, le porte-parole présidentiel de la Russie, Dmitri Peskov, rejetant catégoriquement les allégations de corruption.

 

"Nous avons lu les rapports des médias et nous ne pouvons pas comprendre de quoi il s'agit", a déclaré l'agence de presse russe citée par Peskov.

 

"La Russie a obtenu le droit d'organiser la coupe du monde sur une base absolument légale et cela n'a rien à voir avec une quelconque forme de corruption, que nous rejetons catégoriquement", a déclaré M. Peskov.

 

La compétition a été attribuée à la Russie en 2010 dans le cadre de la double attribution des Coupes du monde 2018 et 2022.

En remportant l’organisation de la compétition, la Russie avait surclassé les offres conjointes du Portugal et de l'Espagne, de la Belgique et des Pays-Bas, ainsi que l'offre individuelle de l'Angleterre.

 

Le pays a accueilli du 14 juin au 15 juillet 2018, la compétition remportée par la France pour la deuxième fois après avoir battu la Croatie 4-2 en finale.

 

La France doit se rendre au Qatar dans deux ans en tant que championne en titre.

 

Le Comité suprême de Qatar 2022, qui supervise les préparatifs de la coupe du monde, a également publié un démenti des accusations de corruption, insistant sur le fait que leur candidature respectait également les règles.

 

Le Qatar s'est vu attribuer l’organisation de la coupe du monde de 2022 à la surprise générale, après avoir battu les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et l'Australie.

 

"Malgré des années de fausses déclarations, aucune preuve n'a jamais été produite pour démontrer que le Qatar a obtenu les droits d'organiser la Coupe du monde de la FIFA 2022 de manière contraire à l'éthique ou par des moyens qui contrevenaient aux règles strictes de la FIFA en matière de candidature", indique un communiqué du  Comité suprême.

 

"Le Comité suprême maintient qu'il avait strictement respecté toutes les règles et réglementations pour le processus de candidature à la Coupe du Monde de la FIFA 2018-2022 et toute affirmation contraire était sans fondement et serait âprement contestée’’.

 

L'acte d'accusation allègue que Ricardo Teixeira, l'ancien président de la Confédération brésilienne de football (CFB) et membre du comité exécutif de la FIFA, ‘’avait reçu des pots-de-vin" en échange de son vote pour que le Qatar accueille la Coupe du monde en 2022.

 

L'ancien vice-président de la FIFA et président de la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL), Nicolás Leoz, ‘’avait également reçu des pots-de-vin" en échange de son vote en faveur de la candidature du Qatar, selon les affirmations.

 

La Russie a payé l'ancien vice-président de la FIFA, Jack Warner, en disgrâce, et d'autres personnes pour qu'ils votent en faveur de sa proposition, a-t-on encore prétendu.

 

Warner "avait reçu des pots-de-vin d'un montant total de 5 millions de dollars américains" (soit 4,1 millions de livres sterling/4,6 millions d'euros), selon l'acte d'accusation.

 

Rafael Salguero, qui faisait également partie du Comité exécutif de la FIFA à l'époque, se serait vu promettre 1 million de dollars américains (soit 820 000 £/925 000 euros) en échange de son vote pour la Russie.

 

Teixeira a été suspendu à vie par la commission d'éthique de la FIFA, l'année dernière, après avoir été reconnu coupable de manquements à l'éthique. Son appel devant le Tribunal arbitral du sport sera entendu le mois prochain.

 

L'ancien président de la CFB, qui a occupé ce poste de 1998 jusqu'à sa démission en 2012, a évité l'extradition vers les États-Unis malgré les accusations de malversations portées dans les précédents actes d'accusation.

 

Président de la CONMEBOL de 1986 à 2013, il est décédé, l'année dernière, à l'âge de 90 ans. Il était assigné à résidence dans son pays natal, le Paraguay, depuis 2015 et luttait contre son extradition vers les États-Unis.

 

Warner, ancien président de la Confédération des fédérations de football d'Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (CONCACAF), lutte déjà contre l'extradition vers les États-Unis. Il a lui aussi été suspendu à vie de toute activité liée au football et la CONCACAF a reçu, l'année dernière, 79 millions de dollars américains (soit 63 millions de livres sterling/ 70 millions d'euros) dans le cadre d'un procès intenté contre lui et feu Chuck Blazer, qui avait été le secrétaire général de l'organisation.

 

Le Salguero guatémaltèque – suspendu par la FIFA pendant sept ans en 2019 - a coopéré avec les enquêteurs par le passé et a évité une peine de prison fin 2018 après avoir plaidé coupable d'association de malfaiteurs, de deux chefs d'accusation d'association de malfaiteurs pour fraude bancaire et d'association de malfaiteurs pour blanchiment d'argent.

 

La FIFA a souligné, suite aux dernières allégations, qu'elle avait déjà pris des mesures contre les personnes incriminées dans le dernier acte d'accusation et que l'instance dirigeante avait reçu le "statut de victime" dans la procédure pénale américaine.

 

"La FIFA soutient toutes les enquêtes sur les présumés actes criminels concernant les compétitions de football nationales ou internationales, et continuera à apporter sa pleine coopération aux responsables de l'application de la loi qui enquêtent sur ces questions", a indiqué un communiqué.

 

"La FIFA suit de près ces enquêtes et tous les développements connexes dans les procédures judiciaires en cours aux États-Unis et dans d'autres parties du monde. Il est important de souligner que la FIFA a elle-même obtenu le statut de victime dans les procédures pénales américaines et que les hauts responsables de la FIFA sont en contact régulier avec le ministère américain de la Justice.

 

"En ce qui concerne la FIFA, si des actes criminels commis par des officiels du football sont établis, les individus en question devraient faire l'objet de sanctions pénales".

-0- PANA VAO/ASA/IS 08avr2020