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La Libye figure au menu du Sommet du G7 à Biarritz, en France

Tripoli, Libye (PANA) - Le 45ème sommet des pays du Group des Sept (G7- Allemagne, Canada, États-unis, France, Italie, Japon et Royaume-uni), démarre ce dimanche à Biarritz en France, avec la présence de tous les  chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres pour se pencher sur plusieurs sujets de préoccupation internationale dont la crise en Libye.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé la couleur en fixant de grandes ambitions à ce sommet qu'il veut "utile" et abordera les grands enjeux de cette planète, à savoir les "grands conflits", l’Iran, la Syrie, la Libye, l’Ukraine, la "situation de l’économie mondiale", notamment la "relance de la croissance", la "lutte contre les inégalités" (initiatives pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour le numérique).

Un sujet de dernière minute lié à l'environnement s'est imposé à la réunion des argentiers de ce monde, à savoir les énormes incendies qui ravagent actuellement la forêt de l'Amazonie au Brésil. Un thème-surprise qui a suscité des frictions entre Paris et Brasilia, avec l'accusation portée par le président brésilien, Jair Bolsonaro, à l'encontre d'Emmanuel Macron d'agir avec une mentalité de "colonisateur".

Fin connaisseur du dossier libyen dans lequel il est impliqué profondément depuis son accession au pouvoir en France, le président Macron s'attèlera, selon les observateurs, à poser le problème libyen auprès de ses pairs, dans le cadre de l'appui aux efforts du représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Libye, Ghassan Salamé, pour trouver un règlement politique en Libye.

Convaincu qu'une option militaire ne peut pas servir de solution à la crise en Libye, M. Macron œuvrera à mobiliser le soutien au plan de sortie de crise de M. Salamé, proposé dernièrement, notamment la réunion internationale des pays intéressés par le dossier libyen.

Deuxième point de ce plan de sortie de crise après la trêve humanitaire observée le 11 août à l'occasion de la célébration de l'Aïd al-Ahdha, cette rencontre internationale servira d'opportunité pour la relance du processus politique, en incitant les pays ayant des influences sur les belligérants libyens à exercer des pressions pour les pousser à accepter une solution négociée.

A noter que l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et la France sont accusés de soutenir le camp de Haftar, tandis que la Turquie, le Qatar et l'Italie appuient le camp du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale.

Cette rencontre internationale servira aussi d'opportunité, selon les analystes, pour exhorter les pays cités plus haut, à  cessez les ingérences et surtout la violation de l'embargo sur les armes imposé depuis 2011 par le Conseil de sécurité et qui attise la tension, en encourageant les affrontements dont les principales victimes sont les civils.

Récemment, M. Salamé a affirmé que les affrontements armés de Tripoli, qui se poursuivent depuis le 4 avril entre les troupes de l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar aux forces loyales au Gouvernement d'union nationale présidé par Fayez al-Sarraj, reconnu par la Communauté internationale et siégeant dans la capitale libyenne, ont fait 1.200 morts dont près de 200 civils et 6.000 blessés, ainsi que 120.000 déplacés des zones de combats.

Pour ces mêmes analystes, la question qui se pose avec acuité est le degré de sérieux des pays étrangers à s'investir davantage dans la recherche d'une solution, en mettant en sourdine leurs intérêts pour laisser les Libyens trouver une solution pacifique, sans ingérences ni coups de dessous la table.

Les pays étrangers, qui détiennent la clef de la solution en Libye, ont jusqu'à présent fait preuve d'une grande absence de volonté pour solder la crise en Libye devenue, "un terrain servant à une guerre par procuration et de laboratoire d'expérimentation des nouvelles armes et de recyclage des anciennes armes", selon l'expression de l'Envoyé de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé.

La France, accusée de soutenir le maréchal Khalifa Haftar et dont la découverte de missiles anti-chars "Javelin", appartenant à son armée dans un camp militaire de Haftar à Ghariane (80 km, au sud-est de Tripoli) lors de sa reprise le 27 juin par les troupes gouvernementales ont fini par décrédibiliser, peut-elle encore jouer un rôle prépondérant dans le dossier libyen?

Ainsi, le camp du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale a perdu la confiance dans le rôle de la France en tant que médiateur, accusée de faire double jeu, tout comme aux yeux de ses autres partenaires, à l'instar de l'Italie qui taxe Paris d'agir en coulisse pour étendre son influence en faisant gagner militairement son camp.

Pour sa part, l'émissaire de l'ONU a multiplié les déplacements ces deniers jours pour mobiliser le soutien à son plan, en particulier, la réunion internationale pour discuter d'une issue à la crise en Libye, alors que l'impasse pousse à davantage de confrontations miliaires.

Après une rencontre à Berlin avec la Chancelière allemande, Angela Merkel, l'Envoyé de l'ONU, Ghassan Salamé, s'est rendu à La Valette, à Malte, pour y rencontrer les responsables de ce pays et solliciter leur soutien pour la mise en œuvre de son plan de sortie de crise.

Au niveau local, c'est la représentante-adjointe du Secrétaire général de l'ONU pour les affaires politiques, Stéphanie Williams, qui a intensifié les contacts avec les protagonistes libyens de la crise pour promouvoir le troisième point du plan de sortie de crise relatif à une réunion entre Libyens pour parachever le processus politique.

Après la rencontre en juin avec les responsables locaux, dignitaires et membres de la Société civile à Benghazi (Est), Mme Williams s'est rendue à Misrata (220 km, à l'est de Tripoli) où elle s'est réunie avec les mêmes interlocuteurs autour de la relance du processus politique et la manière de mettre fin à la guerre à Tripoli.

Sur le plan militaire, les affrontements armés se poursuivent toujours dans la périphérie de Tripoli, notamment l'intensification de l'usage des avions de chasse et des tirs à l'arme lourde, avec la prise pour cible à nouveau de l'aéroport de Maitigua, banlieue-Est de la capitale qui a été touché samedi par un missile entraînant la suspension des vols aériens.

Ces tirs de missiles ont coïncidé avec la présence sur le tarmac de l'aéroport de deux avions de compagnies avec à leur bord plus de 300 passagers.

L'impasse dans le processus politique et l'absence de perspectives pousse les belligérants vers les affrontements militaires qui se sont multipliés ces derniers jours.
-0-PANA BY/BEH/IBA 25août2019