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La Compagnie aérienne capverdienne accusée de crime de non assistance à un malade

Praia, Cap-Vert (PANA) – Le Ministère Public (MP) capverdien a accusé la Compagnie aérienne, Binter Cabo Verde, et son commandant de “crime de non-assistance à personne en danger et empêchement de secours”, lors d’une évacuation médicale qui a eu lieu en mai dernier sur l’île de Boa Vista, a appris la PANA, lundi à Praia.

En conférence de presse dans la capitale capverdienne pour s’exprimer sur la décision du MP, le député du plus grand parti de l’opposition au Cap-Vert (PAICV) de la circonscription électorale de Boa Vista, Walter Évora, a déclaré que cette décision vient confirmer plusieurs dénonciations faites par le PAICV (Parti Africain pour l’Indépendance du Cap-Vert).

Selon lui, ces accusations dénonçaient l’existence d’“indices forts de violation” de la loi capverdienne dans les différentes fois où Binter aurait refusé de transporter des citoyens capverdiens qui nécessitaient une évacuation d'urgence vers l’hôpital de Praia.

Pour le député, cette responsabilité est celle du gouvernement qui, en “démantelant” le système d’évacuation qui assuré alors par la TACV, par la garde-côte et par la Cabo Verde Express, a laissé les Capverdiens habitant les îles où il n’y a pas de conditions d’assistance médicale spécialisée “complètement désemparés”.

Il a aussi accusé le gouvernement d’agir “de manière pas claire”, surtout quand le Premier ministre capverdien, Ulisses Correia e Silva, a contracté les services d’une société privée pour les évacuations médicales.

Ces services, toutefois, continuent d’être assurés par la Binter Cabo Verde qui, selon le Premier ministre même, “n’a pas de contrat de prestation de services de ce type”.

“Nous avons pris connaissance des situations où les malades qui avaient besoin d’être évacués sont restés littéralement à la merci de la bonne volonté d’autres passagers qui ont cédé leurs places afin que l’évacuation ait lieu”, a expliqué Walter Évora.

Le député a déclaré qu’il ne comprenait pas pourquoi est-ce que les évacuations continuent d’être assurées par Binter, alors que la société contractée perçoit déjà (l’argent) pour ce type de service?

Concernant le cas de la jeune Eloisa Correia évacuée par bateau vers l’île de Sal après le présumé refus de la Compagnie aérienne Binter, il a indiqué que suite à cela, le gouvernement avait décidé de remplacer la cheffe de santé de l’île de Boa Vista, mais qu’il “gardait encore au secret ” le résultat de l’enquête qu’il a instruite.

Le PAICV considère que toute cette situation est “grave” et “préoccupante” surtout que le système continue d’être “vulnérable” et fonctionne selon la bonne volonté et disponibilité des personnes.

Pour rappel, Binter Cabo Verde a repris les évacuations médicales, suite au protocole rendu officiel le 14 novembre dernier entre le ministère de la Santé et la compagnie aérienne.

Cette mesure survient après que les autorités capverdiennes ont loué un avion à la société portugaise “Sevenair” pour garantir le service d’évacuation médicale.

L’avion, qui est au service de la Garde-Côte, a aussi comme mission la recherche et le sauvetage sur toute l’étendue de l’archipel.

Concernant l’agitation autour des supposés refus de transporter les malades entre les îles de la part de la compagnie aérienne privée Binter Cabo Verde, le juriste et malade universitaire capverdien Emanuel Sousa avertit que la société ne peut pas refuser de transporter des malades, sinon elle commettrait un crime de non-assistance, en dépit d’avoir ou non un accord avec l’Etat.

Emanuel Sousa dit aussi que la loi capverdienne prévoit que la non assistance est un crime public spécifié dans le Code pénal en vigueur, soulignant que dans un Etat de droit, la dignité de la personne humaine est fondamentale et il revient à l’Etat d’assurer le droit à la vie.
-0- PANA CS/IZ/CJB/BEH/SOC 05déc2018