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L’intégration macroéconomique, parent pauvre en Afrique

Cotonou, Bénin (PANA) - L’intégration macroéconomique n’est pas encore une réalité en Afrique, selon le rapport sur l’évaluation de l’intégration régionale réalisé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

 

« … Dans l’ensemble, la performance des Communautés économiques régionales (CER) dans le domaine de l’intégration macroéconomique n’a guère été remarquable. L’Indice d’intégration régionale en Afrique montre que les huit communautés ont une note moyenne de 0,399 en matière d’intégration macroéconomique», révèle ce rapport transmis aux experts réunis à Addis-Abeba en prélude à la cinquante et troisième Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique sur le thème de "L’industrialisation durable et la diversification de l’Afrique à l’ère du numérique dans le contexte de la Covid-19".

 

La note du continent en matière d’intégration macroéconomique tient compte, souligne-t-on, du nombre de traités bilatéraux d’investissement en vigueur, du nombre de pays d’une région qui partagent une monnaie commune ou des monnaies convertibles et de l’écart de taux d’inflation régional (c’est-à-dire la différence entre le taux d’inflation des pays et le taux d’inflation cible de la région).

 

Le rapport révèle que la CEEAC et la CAE sont les communautés les plus performantes en termes d’intégration macroéconomique, avec respectivement des notes de 0,684 et de 0,660 sur l’Indice.

 

La performance élevée de la CEEAC est largement due au fait que 6 de ses 11 États membres sont membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui est maintenant à un stade plus avancé d’intégration macroéconomique, monétaire et financière et partage une monnaie commune (le franc CFA de l’Afrique centrale). C’est l’une des trois unions monétaires opérant en Afrique, les autres étant le franc CFA ouest-africain (couvrant les pays francophones d’Afrique de l’Ouest) et la zone monétaire commune (couvrant tous les États membres de l’Union douanière d’Afrique australe, à l’exception du Botswana).

 

D’autres CER réalisent également des progrès sur la voie de l’intégration macroéconomique. Parmi ces communautés le COMESA vise à former une union monétaire d’ici 2025 et a fixé des objectifs de convergence macroéconomique et monétaire pour harmoniser les indicateurs économiques.

 

En 2014, rappelle-t-on, la CEDEAO a réaligné ses critères de convergence dans le but de fusionner les objectifs des pays de la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) et des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en une seule zone monétaire avant 2020.

 

Les États membres de la CEDEAO ont récemment convenu que les pays répondant aux critères de convergence primaire (objectifs en matière de déficits budgétaires, d’inflation annuelle et de réserves brutes) et secondaire (objectifs en matière de ratio de la dette publique par rapport au PIB, de financement des déficits budgétaires par les banques centrales et de variations du taux de change nominal) adopteront une nouvelle monnaie commune, l’éco, dès 2020, comme en ont convenu les chefs d’État de la CEDEAO le 29 juin 2019.

 

En ce qui concerne la CEN-SAD, dix de ses États membres sont parties soit à l’Union économique et monétaire ouest-africaine, soit à l’Union monétaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, dont le F CFA ouest-africain et le F CFA de l’Afrique centrale ont toujours été à parité et sont effectivement échangeables.

 

Au sein de l’UMA, si l’objectif de la région est de créer une Union économique maghrébine, la convergence financière et macroéconomique et la création d’une monnaie unique n’ont pas été définies dans son traité fondateur.

 

Le rapport recommande de donner la priorité à des politiques budgétaires et monétaires coordonnées et saines pour instaurer la stabilité économique dans les CER et contribuer à renforcer les investissements transfrontaliers et l’intégration macroéconomique.  

 

Démarrée ce mercredi, la réunion des experts prend fin vendredi.

-0- PANA IT/IS 17mars2021