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L'apparition des divergences dans le processus de dialogue en Libye et les difficultés à choisir les dirigeants de l'autorité exécutive à la Une des journaux

Tripoli, Libye (PANA) - Les journaux parus cette semaine en Libye ont accordé de larges couvertures à l'impasse survenue dans le dialogue politique libyen en raison de l'émergence des divergences entre les participants aussi bien dans la sélection des mécanismes de choix de la nouvelle autorité exécutive que dans la nomination des candidats aux postes de responsabilités ou la réunification du Parlement.

 

La presse en Libye s'est intéressée aussi à l'appel du Groupe de travail chargé des droits humanitaires et des droits de l'homme, à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, aux parties en conflit en Libye d'abandonner le discours de la haine et de la violence dans le pays.

 

Sous le titre "Les divergences dominent dans les processus de règlement de la crise", le journal Al-Wassat a souligné que l'éclatement du différend sur le problème de la tenue d'une plénière parlementaire officielle sans la présence du président du parlement a fait voler en éclat le consensus sur une session pour sélectionner les occupants de nouveaux postes de l'exécutif, qui nécessitera l'approbation de la Chambre des représentants (Parlement), ce qui ajoute plus de complexité à la scène libyenne, qui a également enregistré des accusations mutuelles de violation de l'accord de cessez-le-feu.

 

Une situation qui a eu un écho auprès des grandes puissances internationales et régionales, qui craignent qu'un règlement politique ne leur fait perdre leur influence dans le pays, a ajouté le journal Al-Wassat dans son analyse.

 

Les désaccords actuels ont commencé, selon le journal quand une session parlementaire unifiée devait se tenir à Ghadamès, visant à élire une nouvelle présidence, en application de ce qui avait été déclaré lors des pourparlers de Tanger, au Maroc, pour unifier le Parlement après des années de division. 

 

Al-Wassat a fait remarquer que la session consultative était entachée de problèmes juridiques posés par un certain nombre de membres de la Chambre des représentants, affirmant qu'elle est "illégale" en dehors de Benghazi ou de Tobrouk, respectivement les sièges constitutionnel et temporaire du Parlement, ce qui a amené à décider d'une nouvelle date, les 21 et 22 décembre courant.

 

Le journal a estimé que tant qu'on ne surmonte le dilemme de l'unification du Parlement, le sort de la nouvelle formation de l'autorité exécutive en cas d'annonce sera suspendue indéfiniment, car elle aura besoin de l'approbation de la Chambre des représentants, c'est pourquoi les membres du Forum de dialogue politique ont accepté de tenir une session directe pour sélectionner les occupants du Conseil de la présidence et le Premier ministre.

 

Le blocage de la voie de la sélection des mécanismes et des noms afin d'assurer une transition consensuelle intervient dans un contexte d'évolution positive avec la tenue d'une réunion du Conseil d'administration de la Banque centrale de Libye, qui est divisée en deux succursales à l'Ouest et à l'Est, a indiqué le journal Al-Wassat.

 

Il a rappelé aussi les divergences entre la Banque centrale et la Compagnie nationale libyenne de pétrole sur le versement des revenus des ressources énergétiques au cours de laquelle les deux institutions ont échangé des accusations sur des statistiques inexactes des revenus pétroliers.

 

Au niveau militaire, la situation sur le terrain a enregistré des accusations mutuelles de violation de l'accord de cessez-le-feu par les forces du commandement général (Haftar) et les forces du gouvernement d'union nationale, a ajouté le journal citant le ministre de la Défense du gouvernement d'union, Salah Al-Nemroush, qui a averti l'ONU et les pays qui soutiennent la paix et le dialogue en Libye qu'ils se retireront de l'accord de la Commission militaire  5+5 , accusant ses opposants d'avoir pris d'assaut la ville d'Oubari, Sud-Ouest.

 

Pour sa part, le Commandement général des forces de Haftar a, selon le journal, exprimé sa préoccupation face à l'augmentation du nombre de forces du gouvernement d'union à Tripoli et Misrata, ainsi que "les transferts de milices, d'armes et de matériel militaire vers les lignes de front à l'Ouest de Syrte et Al-Joufra".

 

Le journal a conclu son analyse en affirmant qu'"au milieu de ce chevauchement entre l'évolution de la situation en Libye et le mouvement politique connexe à l'étranger, la scène en Libye est restée brumeuse, compte tenu de l'absence de percée qualitative dans les processus de résolution de la crise et de l'absence de positions claires et sérieuses de la part des parties extérieures influençant les voies de la solution".

 

Pour sa part, le journal, Afrigatenews, s'est fait l'écho d'un communiqué des coprésidents du Groupe de travail sur le droit international humanitaire et les droits de l'homme du Comité international de suivi sur la Libye, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, appelant à la lutte contre les discours de haine et l'incitation à la violence ainsi qu'à la mise en œuvre des obligations en matière de droits de l'homme, dans le cadre de l'application de l'accord de cessez-le-feu.

 

Le journal a précisé que le Groupe de travail sur le droit international qui comprend les Pays-Bas, la Suisse et la Mission d'appui des Nations Unies en Libye, a souligné qu'"alors que les pourparlers politiques se poursuivent, il est nécessaire d'assurer la participation significative de la société civile, des femmes et des jeunes de toutes les régions de la Libye et de protéger les droits des groupes vulnérables, notamment les personnes déplacées, les réfugiés, les migrants, les détenus et les familles des disparus".

 

Le groupe s'est félicité, selon Afrigatenews, des engagements pris par les participants au Forum de dialogue politique libyen de respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme, soulignant que cette question devrait être "au cœur du processus de paix en Libye".

 

Le journal a ajouté que le groupe a signalé que toute amélioration "tangible de la vie de toutes les personnes touchées par le conflit libyen dépend du fait d'assurer leur sécurité et de garantir tous leurs droits fondamentaux".

 

Le journal Al-Wassat a évoqué aussi l'impasse dans la nomination des responsables, rapportant que l'"International Crisis Group" a expliqué le contexte de l'échec des options consensuelles sur la manière de choisir les candidats aux postes de responsabilité à l'existence "d'une masse de corrompus au sein du forum de dialogue politique désireux de saboter la nomination d'un nouvel organe exécutif pour diverses raisons", mettant en garde contre le risque de nouvel effondrement de la production pétrolière, en raison du différend sur la gestion de ses revenus qui est plus dangereux que les conséquences du différend sur le contrôle de la banque externe sur le secteur financier.

 

L'International Crisis Group a déclaré, dans un rapport dont le journal Al-Wassat a publié des passages, que le fragile cessez-le-feu qui a eu lieu en octobre est efficace en Libye et la reprise du conflit a été évitée jusqu'à présent, mais les tensions restent vives, d'autant plus que cette année est sur le point de se terminer sans progrès significatif dans les négociations politiques et économiques qui étaient censées ouvrir la voie à la réunification d'un pays divisé en deux parties, avec deux gouvernements concurrents et des institutions financières et militaires parallèles, depuis 2014.

 

Le journal a indiqué citant le document que les pourparlers négociés par les Nations Unies pour nommer un gouvernement d'unité nationale étaient au point mort, les membres du Forum pour le dialogue politique n'ayant jusqu'à présent pas réussi à s'entendre sur la manière de sélectionner les candidats aux postes de responsabilité.

 

Il a ajouté qu'un accord temporaire sur les revenus pétroliers en septembre a permis la reprise de la production et des exportations et a contribué à apaiser les tensions militaires dans le Centre de la Libye, mettant en garde, toutefois contre l'effondrement de l'accord, qui entraînera de nouveaux problèmes financiers plus graves.

-0- PANA BY/IS 13dec2020