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L'ancien Premier ministre Lansana Kouyaté ne participera pas à la prochaine présidentielle en Guinée

Conakry, Guinée (PANA) - L’ancien Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, (2007-2008), leader du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), a annoncé qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 18 octobre en Guinée, dans  une déclaration transmise vendredi à la PANA.

Pour des raisons morales, éthiques et politiques, indique le document, le PEDN a résolument décidé de ne pas prendre part à "une mascarade" pouvant aboutir à "un mandat illégal, un mandat de trop".

"Comme si le forfait n’avait pas de limites, le pouvoir a osé changer une vingtaine d’articles entre une parodie de vote d’un texte clandestin et la promulgation du texte dont l’application a malheureusement commencé", dénonce l’ancien chef du gouvernement du défunt président Lansana Conté, qui réside en France depuis près d’une décennie.

Le PEDN estime que le président sortant, Alpha Condé, "après ses deux mandats constitutionnels de cinq ans, vient de renforcer sa marche vers le chemin épineux et dévastateur de tout ce qu’une gouvernance démocratique pourrait solliciter".

"La stabilité, la visibilité dans la politique publique et la cohésion nationale, dénonce le PEDN, viennent de subir un autre coup, certes fatal, mais pas pour le peuple de Guinée qui saura se servir de ce qui semble perdu pour honorer les devanciers, ceux qui ont tout sacrifié pour que nous levions la tête face au monde entier".

L’ancien Premier ministre, qui avait rallié en 2010 Alpha Condé au second tour face à Mamadou Cellou Dalein Diallo, indique que son parti condamne fermement cette "boulimie déshonorante"et génératrice davantage de risques contre l’attractivité de la Guinée.

Il martèle que son parti, qui a consulté toutes ses fédérations, refuse de cautionner la forfaiture avec "la candidature illégale" du président sortant et appelle le peuple de Guinée à la mobilisation et à la détermination afin d’éviter au pays d’autres saignées regrettables.   

Pour sa part, accompagné de certains de ses ministres, le président sortant, qui a déposé son dossier de candidature à la Cour constitutionnelle jeudi, a rendu "un vibrant hommage" aux femmes qui, a-t-il dit, se sont engagées à cotiser pour recueillir 800 millions de francs guinéens, soit l’équivalent de 50 millions de francs CFA, pour payer la caution fixée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Il a ainsi promis qu’il ferait davantage pour les femmes et les jeunes s’il est réélu, avant d’exhorter ses partisans à éviter de tomber dans le piège de la provocation, "l’arme fatale" des adversaires qu’il accuse d’accorder toujours de l’importance à la violence.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FND), structure de contestation qui, depuis octobre dernier organise des manifestations de rue pour dénoncer la tentative du régime de vouloir autoriser le président sortant à briguer "un 3ème mandat", a menacé d’exclure de ses rangs les partis qui participeront à la présidentielle.

Déjà, deux anciens ministres sous l’ère Condé, membres de la structure de contestation, ont déjà fait acte de candidature et souligné que rien ne s’oppose à leurs candidatures.

Pour sa part, les anciens Premiers ministres, Mamadou Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, également membres du FNDC, n’ont pas encore déposé leurs dossiers de candidature dont la clôture est prévue mardi prochain.

Âgé de 82 ans, le président sortant et ses sympathisants font de la nouvelle Constitution, adoptée le 22 mars dernier, mais dénoncée et boycottée par la majorité des partis d’opposition, l’argument qui lui donne droit de briguer un nouveau mandat au-delà de ses deux quinquennats successifs.

-0- PANA AC/JSG/SOC 4sept2020