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L'UA appelle au "respect mutuel" dans le conflit diplomatique qui s'envenime autour du protocole d'accord entre l'Ethiopie et le Somaliland

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - L'Union africaine (UA) a appelé au "calme et au respect mutuel" pour désamorcer la tension qui couve entre l'Ethiopie et la Somalie à la suite d'un protocole d'accord signé par les deux pays, en vertu duquel l'Ethiopie, pays enclavé, garantira l'accès aux ports maritimes du Somaliland.

Une déclaration du président de la Commission de l'Union africaine (CUA), Moussa Faki Mahamat, a indiqué, jeudi, qu'il suit de près la tension résultant de la signature du protocole d'accord et a exhorté les deux pays "à s'abstenir de toute action qui pourrait involontairement conduire à une détérioration des bonnes relations entre les deux pays voisins d'Afrique de l'Est".

Il a souligné qu'il était impératif de respecter l'unité, l'intégrité territoriale et la pleine souveraineté de tous les États membres de l'UA, y compris la République fédérale de Somalie et la République fédérale démocratique d'Éthiopie.

En outre, le président a souligné l'importance d'adhérer aux normes de bon voisinage pour promouvoir et consolider la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de la Corne de l'Afrique.

M. Faki Mahamat a exhorté les deux pays à s'engager sans délai dans un processus de négociation pour régler leurs différends "de la manière la plus constructive, la plus pacifique et la plus coopérative", afin de consolider et d'approfondir leur coopération au service de la paix et de la sécurité dans la région.

Il a réaffirmé que l'UA se tiendrait fermement à leurs côtés pour encourager une solution africaine à cette nouvelle tension africaine.

Le président du Somaliland, Muse Bihi Abdi, a déclaré que son gouvernement avait accepté, dans le cadre du protocole d'accord signé, lundi à Addis-Abeba, de donner à l'Éthiopie un accès à un terrain loué de 20 km le long de la mer Rouge, en échange de la reconnaissance par Addis-Abeba de la région somalienne séparatiste.

L'Agence de presse éthiopienne (ENA) a cité le bureau du Premier ministre éthiopien qui a déclaré que le protocole d'accord pour le partenariat et la coopération devait servir de "cadre au partenariat multisectoriel entre les deux parties".

"Le protocole d'accord ouvrira la voie à la réalisation de l'aspiration de l'Éthiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes. Il renforce également leur partenariat sécuritaire, économique et politique", a déclaré le Premier ministre éthiopien, M. Abiy Ahmed. En outre, il a indiqué la voie à suivre pour renforcer leurs relations politiques et diplomatiques.

Toutefois, les dirigeants somaliens ont condamné mardi le protocole d'accord, le président Hassan Sheikh Mohamud et le Premier ministre Hamza Abdi Barre le qualifiant d'"illégal" et de "violation absurde" de la souveraineté du pays.

Le Somaliland, région de la Somalie, s'en est détaché en 1991. 

"En tant que gouvernement, nous avons condamné et rejeté l'intrusion illégale de l'Éthiopie dans notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale (hier)", a écrit M. Mohamud sur X.

"Aucun pouce de la Somalie ne peut être ou ne sera cédé par qui que ce soit. La Somalie appartient au peuple somalien. C'est définitif", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Barre a déclaré mardi que le gouvernement "défendrait le pays".

"Je tiens à confirmer que nous sommes déterminés à défendre le pays. Un pouce de notre terre, de notre mer et de notre air ne peut être violé", a déclaré le Premier ministre somalien à l'issue d'une réunion d'urgence du cabinet.

"Nous sommes capables de défendre notre pays comme nous l'avons déjà fait par le passé. Cette fois, nous voulons être unis et mettre de côté les différences entre les Somaliens".

L'Éthiopie a perdu son accès à la mer lorsque l'Érythrée s'est séparée en 1993 à la suite d'une longue guerre et elle dépend désormais de Djibouti pour son commerce maritime. Dans le cadre du protocole d'accord, elle utilisera le port de Berbera, situé sur la mer Rouge, au Somaliland.

Le président du Somaliland, M. Abdi, aurait déclaré que, dans le cadre de cet accord, l'Éthiopie serait le premier pays à reconnaître le Somaliland en tant que nation indépendante après sa séparation de la Somalie en 1991.

Le Somaliland est un État souverain non reconnu de la Corne de l'Afrique, reconnu internationalement comme faisant partie de jure de la Somalie.

Le Somaliland n'a pas bénéficié d'une large reconnaissance internationale bien qu'il ait déclaré son autonomie par rapport à la Somalie en 1991. La Somalie affirme que le Somaliland fait partie de son territoire.

-0- PANA MA/RA/BAI/IS/SOC 04janv2024