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L'Afrique sur la bonne voie dans la lutte contre la pauvreté par le biais du commerce

Addis-Abeba, Ethiopie (PANA) - Les pays riches doivent s'efforcer de trouver les ressources nécessaires pour renforcer la lutte contre la pauvreté, qui pousse de nombreux jeunes à rejoindre des organisations terroristes, a affirmé le Dr Belay Begashaw, directeur général du Centre pour les objectifs de développement durable pour l’Afrique basé à Kigali.

‘’Le monde doit travailler dur pour trouver les ressources nécessaires pour aider les États fragiles à atteindre les objectifs de développement durable (ODD)’’, a déclaré à la PANA Belay après la signature d'un accord avec le Commissaire aux affaires économiques de l'Union africaine, le Pr. Victor Harrison, pour accélérer la recherche commune de solutions à la pauvreté.

Dans une interview exclusive, le Dr Belay a déclaré que les discussions sur la levée de fonds pour élever la lutte contre la pauvreté dans le monde demeuraient sincères, même si une baisse importante du flux de l'aide publique au développement (APD) constituait un défi majeur pour garantir que la lutte reste sur la bonne voie pour parvenir à un développement égal.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), les pays africains génèrent 520 milliards américains par an d'impôts intérieurs alors que les actifs des fonds de pension continuent de croître. Certains pays tirent 168 milliards américains par an de leurs ressources minérales et les banques du continent détiennent 400 milliards américains de réserves internationales.

Selon la BAD, la plupart des pays disposent désormais d'un large éventail d'options de financement autres que l'aide étrangère : 50 milliards américains, contre 60 milliards américains en envois de fonds étrangers et 60 milliards américains en investissements directs étrangers (IDE). M. Belay a indiqué que les chiffres de la Banque reflétaient à quel point le personnel qualifié dans les pays africains perdait au profit des autres pays, même si les revenus générés par les envois de fonds étrangers pouvaient apaiser une partie des compétences perdues.

 "Ce n'est pas une bonne nouvelle. Il s’agit d’une arme à double tranchant car le déclin de l’aide étrangère est ressenti davantage par les pays africains et beaucoup moins par les économies asiatiques. C'est en Afrique que nous avons ces pays fragiles. La question est de savoir comment les pays africains peuvent trouver les meilleures stratégies pour résoudre le problème du financement intérieur’’, a déclaré Belay.

Selon l'expert mondial en développement, l'UA est sur la bonne voie pour trouver une solution à l'équation de la pauvreté grâce à la mise en œuvre de l'Accord de libre échange pour le continent africain (African Continental Free Trade Agreement, CFTA), qui devrait entrer en vigueur dans quelques semaines, après sa signature rapide par les 55 pays membres du continent.

Belay a déclaré que les dirigeants africains avaient effectivement mis en avant la vision d'une Afrique intégrée, préparant ainsi le continent à se projeter dans un avenir où ses échanges commerciaux seraient compétitifs avec le reste du monde. "Ces questions ont été abordées par les dirigeants. Ils développent l'infrastructure, l'intégration des entreprises et la mise en œuvre de la CFTA prouvent que nous sommes sur la bonne voie. Il est urgent que nos dirigeants atteignent ces objectifs’’, a déclaré Belay.

L'Assemblée générale des Nations unies a approuvé en 2015 l'Agenda 2030 de lutte contre la pauvreté, environ deux ans après que l'UA a avancé son propre agenda 2063, qui vise à accélérer la lutte contre la pauvreté en Afrique en un demi-siècle. "C’est une très grande vision’’, a déclaré Belay, se référant à l’objectif de l’UA de construire un continent véritablement intégré, doté d’un système fiscal et douanier qui permettrait aux citoyens des pays africains de commercer librement.

Belay a déclaré que par la mise en œuvre effective de l'Agenda 2063, les pays africains manifestaient la volonté définitive de prendre en main leur propre destin, contribuant ainsi à la recherche de solutions véritablement mondiales aux crises locales.

La Vision 2030 des Nations unies a remplacé les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de 2000, qui visaient à réduire de moitié le taux de pauvreté dans le monde et fixaient huit objectifs pour améliorer la qualité de la vie sur la planète. Les pays africains ont déclaré que la plupart d'entre eux avaient été exclus de la phase de planification des OMD et souhaitaient un processus plus inclusif conduisant à la création des ODD, qui devraient propulser le programme mondial de lutte contre la pauvreté.

"Il existe des chevauchements entre les deux visions politiques; l'Agenda 2063 sur l'Afrique que nous voulons, met l'accent sur un continent véritablement intégré pour la construction d'une union douanière. C'est une très grande vision. L'Agenda 2030 a été présenté en 2015 dans le cadre de la poursuite des OMD. Les deux programmes sont conçus comme des jumeaux’’, a déclaré Belay.

Bien que la diminution des financements internationaux menace la lutte mondiale contre la pauvreté, le Centre SDG, basé à Kigali, poursuit ses efforts pour renforcer les revenus nécessaires aux pays africains pour la réalisation de ces objectifs.

Belay a indiqué que l'accent était mis sur l'augmentation des investissements du secteur privé pouvant être utilisés pour mettre en œuvre le programme des ODD, qui souffre d'un manque d'engagements de financement fermes depuis son lancement.

"Le monde doit travailler dur pour trouver les ressources nécessaires pour aider les Etats fragiles à mettre en œuvre les objectifs de développement durable", a déclaré M. Belay.

En travaillant avec l'UA, le Centre des ODD espère faire pression pour la mise en œuvre technique des propositions visant à faire progresser la lutte contre la pauvreté par le biais de la mise en œuvre des ODD et de l'Agenda 2063. Bien que les gouvernements soient les gardiens des objectifs de développement, leur mise en œuvre dépasse le cadre des agences gouvernementales, selon le Centre.

-0- PANA AO/AR/ASA/TBM 17fév2019