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L’Afrique appelée à s’unir pour récupérer ce qui a été perdu

Addis-Abeba, Bénin (PANA) - M. Claver Gatété, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a appelé le continent à s’unir pour récupérer ce qui a été perdu, mais aussi construire ce qui doit durer, à l’ouverture de la sixième conférence sur la gouvernance foncière démarrée lundi à Addis-Abeba en Ethiopie.

 

« …Notre mission commune est de transformer le dialogue sur les réparations en un cadre concret pour la restauration, la résilience et le renouveau. Et alors que nous nous réunissons ici dans la salle de l’Afrique, où les fondateurs de l’Afrique ont déclaré pour la première fois leur unité de but, renouvelons cet esprit de conviction et d’espoir. Ensemble, nous pouvons non seulement récupérer ce qui a été perdu, mais aussi construire ce qui doit durer… », a déclaré M. Gatété à l’ouverture de cette conférence placée sous le thème « Gouvernance foncière, justice et réparations pour les Africains et descendants de la Diaspora africaine».

 

Déplorant que des siècles d’esclavage, de colonisation et de dépossession aient remodelé l’économie politique africaine et sa position mondiale, il indique que la même logique extractive qui s’est autrefois emparée des terres se manifeste aujourd’hui dans des systèmes commerciaux inéquitables, des coûts d’emprunt gonflés et des évaluations de crédit qui sous-évaluent le potentiel de l’Afrique.

 

Pour le fonctionnaire onusien, les réparations doivent donc aller au-delà de la reconnaissance du passé, transformer les systèmes qui perpétuent les inégalités aujourd’hui, rétablir l’équilibre entre la richesse en ressources et la prospérité partagée.

 

Pour ce faire, il suggère aux dirigeants du continent, cinq recommandations dont la première consiste à réformer l’architecture financière et commerciale mondiale dans un contexte où les flux financiers illicites drainent environ 88 milliards de dollars US chaque année de l’Afrique, tandis que des notations de crédit injustes gonflent les coûts d’emprunt et limitent l’accès aux capitaux à long terme.

 

En outre, le continent reçoit moins de 3% du financement mondial de la lutte contre le changement climatique et est confronté à des conditions commerciales et à des règles mondiales qui favorisent toujours les exportateurs de matières premières par rapport aux producteurs de biens à valeur ajoutée.

 

Il appelle à un ordre juste incluant des évaluations de crédit plus équitables, des instruments de dette pour le développement et des institutions financières africaines plus fortes.

 

« La justice, sur ce front, commencera lorsque la finance deviendra équitable, a-t-il souligné.

 

La deuxième recommandation du patron de la CEA est de renforcer la gouvernance et la sécurité foncière, en particulier pour les femmes, les jeunes et les petits agriculteurs, avec des systèmes transparents et inclusifs, fondement de la stabilité sociale et de la croissance.

 

«Sans droits fonciers sûrs, il ne peut y avoir de sécurité alimentaire, pas de paix et, certainement, pas de développement durable », a-t-il fait remarquer.

 

Tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour transformer la richesse des ressources en chaînes de valeur régionales, est également une  des recommandations phares de M. Gatété, estimant qu’avec un PIB combiné d’environ 3,4 billions de dollars, la ZLECAf offre une échelle de marché continentale qui offre la possibilité de raffiner, de fabriquer et d’échanger des produits fabriqués en Afrique.

 

Avec la Zlecaf, les terres africaines alimenteront les industries, qui, à leur tour, alimenteront les populations.

 

Pour M. Gatété, la diaspora n’est pas à l’écart de l’Afrique ; c’est une de ses extensions vitales et il faudra la mobiliser en tant que co-architectes de la transformation.

 

Son capital, ses connaissances et son plaidoyer relient l’Afrique à l’innovation mondiale.

 

Il suggère de créer des mécanismes structurés pour canaliser ces ressources vers les ambitions industrielles et numériques de l’Afrique.

 

Il est impératif que l’innovation serve de voie vers une prospérité partagée, a souligné M. Gatété, appelant à investir dans la technologie, la résilience climatique et l’autonomisation des jeunes.

 

Les outils numériques peuvent moderniser l’administration foncière ; l’agriculture intelligente face au climat peut préserver les écosystèmes ; et la jeunesse peut être le moteur des révolutions verte et numérique qui définissent l’avenir du continent, a –t-il soutenu.

 

Démarrée lundi, la conférence biennale est organisée par le consortium tripartite composé de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

 

Elle aborde des questions relatives, entre autres aux meilleures pratiques émergentes pour l’élaboration de politiques foncières adaptées, Institutions de gouvernance et d’administration foncières efficaces et transparentes, suivi et évaluation des données de gouvernance foncière.

 

Pendant les quatre jours, des sujets transversaux  relatifs à la Jeunesse, au genre, au changement climatique, à l’agriculture et à la réparation y seront également abordés.

 

Il y sera aussi question de sous thèmes relatifs, entre autres au régime foncier, l’équité et la justice réparatrice, les déplacements, les moyens de subsistance et conflits ; la justice mondiale, la résilience climatique et réparations, la restitution des biens culturels, le patrimoine et les terres ancestrales.

 

L’héritage colonial, le pastoralisme et le tourisme, l’amélioration de la gouvernance foncière pour un accès et une répartition équitables des terres, agriculture et sécurité alimentaire, les frontières coloniales, la justice économique et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) feront  également l’objet de débat au cours de cette conférence qui prend fin jeudi.

 

La quête de justice, de réparation et de restitution pour les crimes contre l’humanité et les atrocités horribles commises contre l’Afrique et les personnes d’ascendance africaine à travers l’esclavage et le colonialisme fait partie intégrante du programme de libération de l’Union africaine (UA) et de son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), rappellent les organisateurs, soulignant que les terres, les ressources naturelles et les peuples africains sont depuis des siècles la cible d’autres nations pour l’approvisionnement en matières premières et la fourniture de main-d’œuvre en vue du développement des nations occidentales.

-0- PANA IT/IS/SOC 11nov2025