Guerre Israël-Gaza : Les Gazaouis au bord de la famine ont besoin d'une aide "exponentielle", selon l'ONU

Genève, Suisse (PANA) - Les responsables de l'aide de l'ONU ont salué ce mardi, la nouvelle selon laquelle un navire d'aide avait quitté Chypre pour Gaza avec à son bord 200 tonnes de matériel de secours, mais ils ont souligné que cela ne remplaçait pas l'aide apportée par voie terrestre aux habitants de Gaza qui sont au bord de la famine.

"Toute aide alimentaire ou autre aide d'urgence qui arrive à Gaza, comme nous le savons tous, est désespérément nécessaire, cela ne fait aucun doute", a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bbureau de coordination de l'aide de l'ONU (OCHA). 

"Mais il ne s'agit pas d'un substitut au transport terrestre de nourriture et d'autres aides d'urgence vers Gaza et en particulier vers le Nord de la Bande de Gaza. Ceci ne peut pas compenser cela".

Les commentaires du fonctionnaire des Nations unies sont intervenus alors que l'organisation caritative internationale World Central Kitchen a annoncé que son navire, Open Arms, avait mis le cap sur Gaza, à quelque 200 milles nautiques de là. "Les habitants du Nord seront nourris", a déclaré l'organisation dans un tweet sur X, anciennement Twitter.

L'ONG a déjà travaillé avec les équipes d'aide de l'ONU à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où quelque 1,5 million de personnes se sont réfugiées au milieu des bombardements et des combats quotidiens d'Israël au cours des cinq derniers mois, à la suite d'attaques terroristes menées par le Hamas en Israël qui ont fait quelque 1 200 morts et plus de 250 personnes ont été prises en otage.

Soulignant l'urgence humanitaire qui perdure à Gaza, le directeur de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a condamné le refus d'autoriser les articles dits "à double usage" destinés à l'enclave.

"Un camion chargé d'aides vient d'être refoulé parce qu'il contenait des ciseaux utilisés dans les kits médicaux pour enfants", a tweeté Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA, mardi.

Les ciseaux médicaux s'ajoutent désormais à la longue liste d'articles interdits que les autorités israéliennes classent comme étant "à double usage". Cette liste comprend des articles de base et de première nécessité : anesthésiques, lampes solaires, bouteilles d'oxygène et ventilateurs, comprimés de nettoyage de l'eau, médicaments contre le cancer et trousses de maternité. 

"Le dédouanement des fournitures humanitaires et la livraison d'articles essentiels doivent être facilités et accélérés. La vie de deux millions de personnes en dépend, il n'y a pas de temps à perdre".

Interrogé par des journalistes à Genève sur la possibilité pour les Nations unies d'utiliser le nouveau corridor maritime entre le port sud de Larnaca (Chypre) et Gaza, M. Laerke de l'OCHA a répondu que "tous les points d'entrée dans Gaza devraient être examinés".

Mais suite aux refus répétés des autorités israéliennes d'autoriser les convois humanitaires à accéder au nord et aux conditions dangereuses pour les équipes d'aide, le fonctionnaire de l'ONU a insisté sur le fait que "nous avons besoin d'un accès terrestre et de livraisons sûres et régulières à l'intérieur de Gaza également".

Dans le même ordre d'idées, la responsable du Programme alimentaire mondial des Nations unies, Cindy McCain, a averti lundi que la famine était "imminente" à Gaza et qu'elle ne pourrait être évitée que si l'aide humanitaire y augmentait "de manière exponentielle".

S'exprimant à Rome, la directrice exécutive du PAM a souligné les graves préoccupations des habitants "de Gaza, en particulier du nord, qui est en proie à une catastrophe humanitaire".

"Si nous n'augmentons pas de façon exponentielle l'aide apportée aux régions du nord, la famine est imminente. C'est imminent.

Le responsable humanitaire chevronné a expliqué que le PAM avait été contraint d'interrompre les livraisons d'aide au nord le 20 février en raison de préoccupations "pour la sécurité de notre personnel et en raison de l'effondrement complet de l'ordre public".

Le directeur de l'agence des Nations unies a insisté sur le fait que toutes les options étaient explorées pour atténuer la crise de la faim dans le nord de Gaza, y compris les largages aériens, mais "ils ne permettront jamais d'acheminer le volume d'aide nécessaire, contrairement à l'accès par la route". 

L'accès routier "et l'utilisation des ports et des points de passage existants sont le seul moyen d'acheminer l'aide à Gaza à l'échelle requise", a insisté le chef du PAM. "Nous avons besoin de 300 camions de nourriture chaque jour".

-0- PANA MA/BAI/IS/SOC 12mars2024