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France : RSF dénonce l'arrestation et la détention de deux journalistes tchadiens pour diffamation

Paris, France (PANA) – Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l’arrestation et la détention pour diffamation, vendredi dernier, d’Abderamane Boukar Koyon, du journal satirique «Le Moustik» et Martin Inoua Doulguet du tri-mensuel «Salam Info», deux directeurs de publication tchadiens et a appelé à leur libération immédiate.

Dans son édition n°84 du 19 au 26 juin, le journal satirique «Le Moustik» avait abordé sous forme de faits divers satirique, sans nommer directement les protagonistes, le procès opposant l'ex-ministre, Mme Toupta Boguéna, à sa nièce qui l'accusait "d'agression sexuelle sur mineure".

Au gré de l'avancement du procès, son confrère tri-mensuel «Salam Info» avait rapporté, le 14 juillet dernier, sur sa page Facebook les propos de l'avocat de la plaignante, qui avait fait appel de la décision du tribunal d'acquitter Mme Boguéna.

Abderamane Boukar Koyon et Martin Inoua Doulguet sont emprisonnés, depuis vendredi dernier, derrière les barreaux de la Maison d'arrêt d'Amsinéné située dans la capitale du pays, N'Djamena, en violation de la loi en vigueur sur la presse écrite et des médias électroniques au Tchad, a estimé RSF. Les deux journalistes doivent se présenter au tribunal jeudi 22 août.

"Au Tchad, la diffamation n'est plus passible de peine de prison depuis 2010. En plus d'être totalement absurde, la détention préventive de ces deux journalistes est illégale et montre que les autorités font peu de cas du droit de la presse. Ces journalistes doivent être immédiatement libérés, sans attendre que l'affaire soit jugée sur le fond", a déclaré, mardi, RSF dans un communiqué dont copie a été transmise à la PANA à Paris.

Contacté par RSF, l'avocat du directeur de publication de "Salam Info", Me Olivier Gouara, estime que cette détention provisoire "va à l'encontre de la loi qui régit la presse" et dénonce de surcroît "une irrégularité de procédure", de la part du procureur, qui a décidé de déclencher une procédure de flagrant délit pour des faits non-punissables d'emprisonnement. Selon lui, "la procédure normale aurait été de les citer à comparaître libres devant le juge".

L’ONG a déploré que malgré la dépénalisation des délits de presse dans le pays, les professionnels de l'information subissent encore de nombreuses entraves dans leur travail et ont dû composer notamment pendant plus d'un an avec une coupure des réseaux sociaux, levée seulement le mois dernier par le président Idriss Déby Itno.

-0- PANA BM/IS/IBA 21août2019