Agence Panafricaine d'information

Des médias font état d'affrontements au Darfour, en dépit de la fin de la rébellion

Khartoum, Soudan (PANA) - Bien que les affrontements entre les rebelles et le gouvernement soudanais aient largement diminué au Darfour et dans de nombreuses autres régions du Sud-Ouest et du Sud-Est du Soudan, grâce à l'avènement d'un gouvernement civilo-militaire à Khartoum qui s'est montré conciliant avec les mouvements rebelles, il y a encore quelques affrontements intermittents.

 

Des années de guerre civile et de propagande orchestrée sur des bases tribales semblent être profondément ancrées dans les communautés de ces régions et pourraient être difficiles à déraciner, du moins à court terme.

 

L'analogie entre les Arabes et les Africains, les rouges (peau claire) et les bleus (peau foncée), les nomades et les colons, les autochtones et les nouveaux arrivants, est toujours présente et prête à s'enflammer à tout moment.

 

Les armes à feu étant toujours abondantes entre les mains des habitants, tout affrontement communautaire entraîne de graves pertes humaines et le déplacement de civils. Les médias sociaux sont prompts à s'en emparer et les conséquences sont le chaos et le manque.

 

Les atrocités commises dans le passé étant encore dans la mémoire des gens, beaucoup d'entre eux sont sur le qui-vive, prêts à fuir leur région au moindre signe d'escarmouche et à se réfugier près des zones gouvernementales dans les régions.

 

Cette semaine encore, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a rédigé un rapport reflétant la gravité de la situation dans certaines zones du Darfour en particulier et du Soudan en général.

 

Selon ce rapport, près de cinq fois plus de personnes ont été déplacées au Darfour au cours des premiers mois de 2021 que pendant toute l'année 2020.

 

"En mars et avril, des combats ont été signalés dans plusieurs États du Darfour, ainsi que dans le Sud-Kordufan. On a également signalé des escarmouches à la frontière éthiopienne, mais celles-ci n'ont pas provoqué de déplacements. Il y a actuellement 237 000 personnes nouvellement déplacées en 2021", peut-on lire dans le rapport publié par OCHA.

 

La population ne s'étant pas totalement installée pour s'occuper de son agriculture traditionnelle, la pénurie alimentaire reste la norme. Le rapport de l'ONU indique qu'environ 7,1 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire grave.

 

Il fait valoir que les prix des céréales sont à des niveaux exceptionnellement élevés, en raison de la faiblesse de la monnaie et de la flambée des coûts des intrants agricoles.  

 

Le Soudan a récemment adopté un mécanisme de marché libre pour décider du taux de change de la monnaie nationale, la livre soudanaise, par rapport aux principales devises. À l'heure actuelle, un dollar américain vaut environ 400 livres soudanaises, alors que l'année dernière encore, un dollar américain valait 55 livres soudanaises, ce qui a fait grimper les prix à un niveau sans précédent.

 

Selon le rapport de l'ONU, la pénurie se fait sentir dans les zones reculées du centre du Soudan et dans les régions qui ont été le théâtre d'affrontements au Soudan.

 

"Les niveaux les plus élevés d'insécurité alimentaire sont signalés dans les États du Sud-Kordufan, du Nord-Kordufan, du Nord-Darfour et de Gedaref. Dans le Sud-Kordufan et le Nord-Darfour, les principaux facteurs d'insécurité alimentaire sont aggravés par la violence intercommunautaire", indique le rapport.

 

Cette situation est aggravée par l'impact de la COVID-19. Selon le ministère soudanais de la Santé, 32 546 cas de COVID-19 et 2 287 décès ont été confirmés depuis le 3 mars 2020. Et le Soudan est maintenant dans sa troisième vague de coronavirus et le nombre de cas est probablement plus élevé que ce qui est rapporté. Le Fonds national pour les fournitures médicales indique que seuls 43% des médicaments sont disponibles.

 

Le rapport conclut qu'étant donné le nombre plus élevé que prévu de personnes touchées par les chocs cette année, les organisations caritatives humanitaires ont besoin d'un financement d'urgence urgent et flexible.

 

Mais au 29 avril, le Plan de réponse humanitaire du Soudan 2021 n'avait reçu que 197,8 millions de dollars, soit 10,2% des besoins.

-0- PANA MO/MA/BAI/IS 10mai2021