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Coronavirus : Des personnes vulnérables à travers l'Afrique de l'Est expulsées de force durant la pandémie

Dar-es-Salaam, Tanzanie (PANA) - Plus de 70 000 personnes, dont la plupart des déplacées internes, ont été expulsées de force de leurs maisons en zone urbaine à travers l'Afrique de l'Est, même durant le contexte de pandémie de COVID-19, d'après un nouveau rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR).

“Les expulsions exposent les personnes vulnérables à un plus grand risque de contracter l'infection car elles sont soumises à des conditions de vie plus insalubres et de surpeuplement. En outre, les personnes expulsées n'ont pas de sécurité financière. Beaucoup d'entre elles ont déjà perdu leur emploi du fait de la pandémie et se retrouvent sans abri, affamées et exposées à la maladie au moment où nous devrions travailler ensemble pour protéger toutes les populations", a déclaré Evelyn Aero, conseiller juridique adjoint régional de NRC pour l'Afrique de l'Est.

En Somalie, les expulsions sont une menace constante pour des communautés vulnérables, y compris les populations déplacées vivant dans des installations collectives et dans les zones urbaines densément peuplées. En 2019, plus de 260 000 personnes ont été expulsées de force de leurs maisons, dont plus de 150 000 à Mogadiscio seulement.

Alors que le nombre a baissé cette année, près de 65 000 personnes ont été expulsées jusqu'ici, dont 33 000 à Mogadiscio. Plus de la moitié a été expulsée depuis l'apparition de la pandémie en mars.

En Ethiopie, les autorités municipales à Addis-Abeba ont démoli des dizaines de maisons considérées comme illégalement construites sur des terrains, laissant environ 1 000 personnes sans abri en avril seulement. Les habitations appartenaient à des travailleurs journaliers, dont la plupart ont perdu leur emploi du fait des restrictions liées à la COVID-19.

Au Kenya, les autorités ont fait fi d'ordonnances du tribunal et expulsé de force plus de 7 000 personnes d'installations informelle situées à Kariobangi et Ruai à Nairobi. La raison officielle donnée est que les maisons ont été démolies parce que construites sur des terrains publics.

Un nouveau rapport du CNR, ‘An Unnecessary Burden : Forced evictions and COVID-19’ explore comment les expulsions forcées rendent la vie des personnes vulnérables en Afrique de l'Est encore plus difficile durant la pandémie. Actuellement, il y a plus de 30 000 cas confirmés de COVID-19 dans la région, mais le nombre actuel devrait être beaucoup plus élevé.

“Il faut un moratoire sur les expulsions", a dit Mme Aero. "Les gouvernements et les autorités locales dans la région doivent mettre en place des règlements pour stopper les expulsions ou les fermetures de camps et d'installations informelles alors que les restrictions liées à la COVID-19 sont en place.

“En Somalie, l'administration du district de Baidoa a émis une directive officielle suspendant les expulsions durant la pandémie de COVID-19. Cette directive doit être copiée à travers la région. Les expulsions sont des actes cruels qui ne servent qu'à saper le travail positif des gouvernements et autorités locales pour juguler la propagation de la COVID-19. Davantage doit être fait pour protéger les plus marginalisés durant cette période difficile", a ajouté Mme Aero.

-0- PANA AR/NFB/BEH/SOC 02juil2020