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Conséquence de la crise politique en Guinée-Bissau : Des camions de marchandises à destination de Bissau sont bloqués au Sud du Sénégal

Ziguinchor, Sénégal (PANA) - La situation politique crispée en Guinée-Bissau commence à avoir des répercussions négatives sur les activités économiques du pays.

 

De nombreux commerçants hésitent à y introduire de la marchandise.

 

Des dizaines de camions remplis de marchandises en provenance de la Gambie à destination de Bissau via le Sud du Sénégal, sont actuellement en attente au poste frontalier sénégalais de Mpack, situé à une vingtaine de kilomètres, au sud de la ville de Ziguinchor.

 

Les propriétaires de ces camions disent craindre de perdre leurs biens si jamais la situation venait à dégénérer du côté de Bissau. 

 

Aussi, préfèrent-ils attendre de voir l’évolution de la situation politique du pays avant de traverser la frontière. Parmi eux, il y a Amadou Mané qui a chargé des marchandises d’une valeur de près de 15 millions de F CFA dans un camion remorque. 

 

Il préfère observer la prudence en attendant d’avoir des informations sûres avant de faire entrer sa marchandise en Guinée-Bissau.

 

‘’Je suis-là depuis plusieurs jours, j’ai peur d’entrer en Guinée-Bissau à cause du climat politique délétère qui prévaut là-bas. Les informations en provenance de la capitale ne sont pas du tout rassurantes, on craint une escalade entre les acteurs politiques du pays. Dans mon camion, il y a des marchandises d’une valeur qui tourne autour de 15 millions de francs. En cas d’événements violents, je peux perdre tous mes biens, c’est pourquoi, je préfère être prudent, avoir toutes les garanties de sécurité avant de traverser la frontière’’, confie-t-il avant de relever qu’il est même prêt à rebrousser chemin s’il le faut, mais il n’est pas question d’aller mettre ses biens en péril.

 

‘’Je suis prêt à rebrousser chemin s’il le faut pour éviter une mauvaise surprise, mais il n’est pas question de prendre un risque qui pourrait m’être fatal. Vous savez, en Guinée-Bissau, en cas troubles, vous ne bénéficierez d’aucune protection. Ce sera le sauve-qui-peut’’, avance t-il.

 

Dans le même ordre d'idées, Alassane Diallo affirme qu’aucun minimum de garantie n’existe en Guinée-Bissau en cas de crise. Selon lui, en cas de problème, l’Etat devient inexistant, les acteurs économiques sont donc très exposés. C’est pourquoi, je préfère y voir plus clair avant de faire entrer mes camions de marchandises.

 

‘’Vous savez en Guinée-Bissau, il suffit qu’il y ait un petit problème pour que l’anarchie s’installe partout dans le pays. Dans ces conditions, on peut venir piller les magasins, les boutiques,…tout ce qui est commercial. Donc, s’aventurer à y entrer des marchandises avec la situation actuelle est très risqué. Aujourd’hui, le pays est au bord de l’éclatement, partout il y a les soldats de l’ECOMIB (la force régionale de la CEDEAO), dans le pays. Il y a une alerte maximale’’, relève-t-il.

 

De l’avis de Alassane Diallo, d’ici la fin de l’élection présidentielle prévue le 24 novembre courant, tout peut arriver en Guinée-Bissau, car la tension qui prévaut dans le pays est trop grande.

 

Des camionneurs sont stationnés à la sortie de la ville de Ziguinchor sur la route menant vers la Guinée-Bissau. Les propriétaires disent que c’est inutile de faire mouvement vers la frontière dans la mesure où ils ne sont pas sûrs de poursuivre leur voyage après.

 

Pour l’instant, on ne signale pas de pénurie de denrées de première nécessité dans le pays, mais une telle éventualité n’est pas à exclure dans les jours à venir, explique une source contactée à Bissau, car les commerçants importent de moins en moins de marchandises.

 

Pour rappel, la crise qui prévaut actuellement, dans ce petit pays lusophone de l’Afrique de l’ouest, fait suite à la dissolution, par décret présidentiel, du gouvernement dirigé par le Premier ministre, Aristides Gomes, nommé après les élections législatives du mois de mars dernier, remportées par son parti le PAIGC. Chose que Aristides Gomes et son parti ont rejetée.

 

La CEDEAO qui s’est invitée dans cette crise, a pris fait et cause pour Gomes et a sommé le président de la République, José Mario Vaz, de reconsidérer sa décision. L’institution avait même donné un ultimatum de démission, qui devait expirer vendredi dernier, au nouveau Premier ministre, Faustino Imbali, qui avait remplacé Aristides Gomes. 

 

Ce que ce dernier a fait. Et dans les jours à venir, l’institution y enverra une mission composée de chefs d’Etat qui va tenter de désamorcer la crise.

-0- PANA MAD/IS/SOC 12nov2019