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Appel à une mobilisation générale contre les viols en Guinée

Conakry, Guinée (PANA) - Des activistes de la Société civile guinéenne, notamment des femmes, lancent quotidiennement, depuis quelques jours, un appel à une mobilisation générale pour lutter contre le phénomène des viols des filles dans le pays.  

A la tête des acteurs de ces appels pressants, l’ancienne ministre du Travail, Dr. Makalé Traoré, qui retrousse les manches et appelle à anéantir et à bouter les viols des petites filles, devenus presque quotidiens dans les cinq communes de Conakry, peuplée actuellement d’environ 2 millions de personnes.

Depuis son retrait du gouvernement, il y a plus d'une décennie, cette sociologue, devenue une actrice majeure de la Société civile, est la présidente de la Coalition des femmes et filles de Guinée (COFIG).

Dr. Traoré et les membres de sa structure affirment leur détermination et leur engagement à sillonner, entre mardi et samedi, les cinq communes de la capitale et la zone spéciale du Kilomètre 36, pour lancer "la semaine de mobilisation sociale contre le viol des petites filles".

La démarche de la COFIG est consécutive à la publication, il y a 48 heures, des résultats d’une récente enquête sur le phénomène qui, selon elle, prend des proportions inquiétantes, notamment, avec des sexagénaires surpris en train de violer des bébés de 2 ans.

La COFIG assure qu’il y a eu, entre septembre et novembre derniers, 552 cas de viols, contre 203 cas en 2013, dans les cinq communes de Conakry.

Les résultats de l’enquête soulignent que sur la période de référence, il y a eu 165 cas de viols dans la commune de Kaloum et 307 cas de témoignages des familles victimes contre 63 cas à Dixinn et 270 témoignages.

Les communes de Ratoma et de Matam ont, respectivement, enregistré à la même période 92 cas, 144 témoignages et 71 cas de viols.

"Dans la majorité des cas, les familles victimes acceptent de régler à l’amiable ces problèmes. Elles retirent leur plaintes", dénonce la COFIG dans son étude. 

Un constat partagé par le médecin légiste, Pr. Hassan Bah, en service au Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Ignace Deen, qui a récemment déclaré à la presse qu’en dépit des conclusions des examens de ses services sur des cas traités dans son cabinet, les familles des victimes acceptent des arrangements qui, à son avis, n’aident pas à bannir le mal.  

Il a avoué recevoir souvent des cas de viols ayant "complètement détruit la victime". Il a ensuite dit être impuissant face à de pareilles situations, à cause du manque de matériels adéquats pouvant "réparer ces personnes endommagées".

Ainsi, la COFIG appelle les pouvoirs publics, la Justice, la Société civile à sévir contre les violeurs qui ont pignon sur rue dans le pays.

Des violeurs de filles, dont un artiste, qui ont diffusé récemment sur les réseaux sociaux les vidéos de leurs actes, ont été interpellés, puis relâchés quelques jours plus tard, provoquant la colère des associations qui luttent contre le phénomène.

En juillet dernier, lors de la rencontre de la 3ème journée de la Ligue des Champions d'Afrique de football, opposant le Horoya de Conakry au Wydad de Casablanca (WAC), la Police a interpellé des supporteurs marocains, accusés d’avoir violé collectivement quatre filles à leur hôtel, moyennant 200 euros pour chacune des filles, reparties bredouilles déposer une plainte à la Gendarmerie qui, après leur interpellation, a libéré les présumés violeurs.     

-0- PANA AC/JSG/IBA 28mars2019