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Abdoulaye Bathily exhorte les dirigeants libyens à s'engager à réaliser la paix, la stabilité, la réconciliation et l'unité en Libye

Tripoli, Libye (PANA) - Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Abdoulaye Bathily, a appelé, lors de la réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, tous les dirigeants libyens à s'engager avec détermination pour permettre au peuple libyen de réaliser les promesses de paix, de stabilité et de réconciliation durable pour l’unité et le progrès en Libye.

Dans son discours devant la 9ème réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libyecelui de lundi, à Brazzaville, au Congo, M. Bathily a souligné que "la réconciliation nationale est une tâche à long terme qui nécessite de la patience et de la détermination, en s'appuyant sur une méthodologie de travail qui a fait ses preuves, et en tirant le meilleur parti de la dynamique du processus politique actuel. En fait, le processus politique et celui de réconciliation nationale doivent aller de pair".

Pour le responsable onusien, "la réunification des institutions politiques, notamment l'unification du gouvernement et le renouvellement des institutions législatives, contribueraient à créer un environnement favorable et faciliteraient la communication entre les acteurs de toutes les régions, et mettraient fin aux multiples restrictions imposées à la circulation des citoyens d'un point à un autre du sol libyen. De même, la libération des détenus encouragerait la participation active des familles politiques jusqu’ici réticentes à participer au processus".

Il a indiqué également que l’engagement des multiples agences de sécurité et l’unité des forces armées en faveur de l’objectif de création d’une institution militaire nationale unique, à l’initiative du Comité militaire mixte (5+5), iront dans le même sens, assurant que les efforts visant à renforcer l’unité de la Banque centrale et la création du Comité suprême des finances lancés par le président du Conseil présidentiel, Mohamed al-Manfi, dont il a salué les efforts continus, doteraient le pays d’un mécanisme budgétaire unique.

M. Bathily a souligné que la bonne foi et la volonté politique de dirigeants clés comme le président al-Manfi de mettre fin aux conflits internes ouvriraient la voie à une phase de transition politique consensuelle et pacifique pour conduire l'opération électorale réclamée par quelque 2.800.000 Libyens inscrits avec enthousiasme sur les listes électorales.

La création de ces conditions permettra avant tout d’accélérer le processus de réconciliation nationale entre tous les acteurs de la société, de tous horizons et de toutes directions, a-t-il indiqué.

Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies a souligné que la crise libyenne qui dure depuis plus d'une décennie, est évidente dans les énormes souffrances infligées au peuple libyen, mais aussi dans les conséquences négatives qui affectent ses voisins des pays d'Afrique du Nord tels que l'Algérie, l'Egypte, la Tunisie, et les pays du Sahel tels que la Mali, le Niger, le Soudan et le Tchad, assurant qu'ainsi, la crise libyenne, bien qu’elle soit une crise nationale, est en fait aussi l’une des crises majeures auxquelles sont confrontés l’Afrique et le monde.

Il a souligné, cependant, qu'outre son extension politique et géopolitique africaine, la crise libyenne trouve également ses racines dans les facteurs historiques de la société libyenne, signalant que la multiplicité des affluents de l’identité diversifiée de ce pays africain constitue un reflet plus clair de l’influence de la géographie politique du bassin méditerranéen et de la région du Moyen-Orient, dont la Libye est l’un des résultats historiques les plus anciens. 

"La Libye est sans aucun doute un pays africain, mais c'est aussi un pays méditerranéen et moyen-oriental de par son histoire et sa culture", a rappelé M. Bathily, ajoutant que "la société libyenne et la crise qui la ravage portent l’empreinte de toutes ces dynamiques".

Le fonctionnaire onusien a estimé que le lien entre ces différents facteurs montre toute la complexité de cette crise et les énormes défis qu'elle pose au projet de réconciliation nationale comme solution à une paix et une stabilité durables dans ce grand pays dont la superficie dépasse le million de kilomètres carrés, soit plus de trois fois et demie la superficie de la République du Congo.

Il a rappelé que le peuple libyen est uni, comme l'a démontré la mobilisation des citoyens à travers le pays en faveur des habitants de la ville de Derna (est) et de ses environs, après l'ouragan Daniel en septembre dernier, qui a tué plus de six mille personnes et laissé d'importants dommages matériaux.

En cette tragique occasion, toutes les composantes sociales et toutes les tribus, Arabes, Berbères, Toubous et Touareg, ont manifesté leur solidarité et leur attachement collectif à leur patrie, a précisé Bathily,  assurant, cependant, que dans le même temps, les signes de division entre les dirigeants politiques ont persisté et continuent aujourd’hui de jeter une ombre sur le projet de reconstruction, voire de devenir un obstacle supplémentaire à l’unité politique et à la réconciliation nationale ce qui indique que ces faits témoignent également de la complexité du processus.

Le fonctionnaire onusien a indiqué que, malgré tous ces défis, l’Union africaine, sur la base des leçons tirées des expériences d’un certain nombre de ses États membres qui ont été témoins de crises similaires, peut certainement apporter une contribution significative à la réalisation de l’objectif du Comité de haut niveau sur la Libye.

Il a aussi estimé qu'il est certain que sans la participation active et positive des voisins géographiques et historiques de la région et au-delà, ce travail se heurtera à de nombreux obstacles supplémentaires.

A cette occasion,  il a renouvelé sa gratitude à l'Union africaine pour la création de ce comité, qui déploie de grands efforts pour parachever le processus de réconciliation nationale en Libye, assurant que la décision de créer ce comité de haut niveau est louable et légitime, car elle répond au devoir de solidarité envers un État membre, à savoir la Libye, qui a joué un rôle pionnier dans la création et le travail de cette organisation continentale.

Malgré tous ces défis, l’Union africaine, sur la base des leçons tirées des expériences d’un certain nombre de ses États membres qui ont été témoins de crises similaires, peut certainement apporter une contribution significative à la réalisation de l’objectif du Comité de haut niveau sur la Libye, a souligné, M. Bathily.

Il a également  indiqué que la mise en place d'une équipe permanente d'experts de l'Union africaine sur le terrain en Libye, dotés d'une expérience comparative en matière de réconciliation nationale dans le but d'appuyer l'équipe du Conseil présidentiel au quotidien, faciliterait le travail et assurerait sa continuité, ajoutant que cette équipe assurera également, à travers son appui technique, la pérennité des résultats obtenus. 

Les sections compétentes de la Mission d'appui des Nations unies en Libye,(MANUL) sont prêtes à coopérer avec cette équipe, a souligné le responsable onusien.

Il  s'est inquiété des divergences d'approche apparues ces dernières semaines entre l'équipe de réconciliation nationale du Conseil présidentiel et la Chambre des représentants concernant le parrainage du processus, assurant que cela risquera d'entraver les activités futures.

La MANUL réaffirme qu'elle est prête, dans la limite de ses capacités et des procédures autorisées, à soutenir le travail utile du Comité de haut niveau pour le bien commun du continent, a-t-il ajouté.

En effet, il a indiqué que la mission apporte un appui technique à l'équipe ad hoc du Conseil présidentiel pour la réconciliation nationale, et soutient également les activités dans les domaines juridique, politique et des droits de l'homme en faveur des victimes de multiples conflits.

Il a appelé, enfin, tous les partenaires régionaux et internationaux de la Libye à soutenir les efforts du Comité de haut niveau de l'Union africaine pour le bien-être et la prospérité de la Libye et des peuples de la région sahélo-saharienne, de l'Afrique du Nord, du bassin de la Méditerranée et du Moyen-Orient.
-0- PANA BY/JSG/SOC 06fév2024