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Éthiopie: reprise des négociations sud-soudanaises sur fond de tensions et de discorde

Addis-Abeba, Éthiopie (PANA) - Les pourparlers de paix sud-soudanais ont repris, ce lundi, dans un autre lieu sur fond de tensions, marquées par des échanges virulents entre les représentants du gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles qui s'accusent mutuellement de la reprise des combats intenses notés ces derniers temps, provoquant ainsi la colère des pays facilitateurs qui n'excluent pas des sanctions dans les semaines à venir.

Les rebelles fidèles à l'ex-vice président, Riek Machar, ont averti qu'il n'y aurait pas d'accord entre les deux parties si les forces ougandaises continuaient d'être présentes à Juba, dans la capitale du pays, comme convenu le 23 janvier lors d'un accord signé par les deux parties. Le gouvernement sud-soudanais a, pour sa part, déclaré qu'il ne céderait pas par rapport à ces exigences des rebelles.

Les deux parties belligérantes, rappelle-t-on, sont convoquées en session présentement pour discuter de la mise sur pied d'un gouvernement provisoire d'unité nationale qui doit conduire le pays à la rédaction d'une nouvelle Constitution et à l'adoption de nouvelles réformes visant à renforcer la démocratie dans le pays.

"Nous sommes engagés comme toujours dans la poursuite de la paix. La campagne militaire de l'opposition n'aura aucun effet négatif ou compromettant sur la position gouvernementale. Riek Machar ne devrait pas perdre son temps dans une expédition militaire qui occasionnerait des pertes massives en vies humaines et qui n'atteindrait pas ses objectifs", a déclaré le chef de la délégation représentant le gouvernement aux négociations, Nhial Deng Nhial.

Le gouvernement du Soudan du Sud a accusé les forces rebelles de s'en prendre aux civils innocents et aux autres cibles sensibles du fait que les médiateurs tardent jusqu'ici à prendre des sanctions punitives à leur endroit après avoir violé, le 9 mai, les accords de cessez-le-feu, sur lesquels les deux parties étaient tombées d'accord à Addis-Abéba à ne pas violer.

Le chef de la délégation représentant les rebelles aux négociations, Dihiou Mathak Wol, a déclaré qu'ils s'attendaient à des négociations sur "des réformes critiques" pouvant faire face aux causes principales des affrontements en cours, avertissant de l'impossibilité de l'obtention d'un accord de cessez-le-feu tant que les forces ougandaises continueront à être présentes dans la localité de Juba.

Les forces rebelles et gouvernementales au Soudan du Sud, signale t-on, se sont engagées depuis des semaines dans des affrontements intenses pour le contrôle d'un maximum de territoires afin d'obtenir une position favorable sur la table de négociation.

Les derniers affrontements ont eu lieu à Nassir, une ville située au nord-est du pays, près de la frontière avec l'Éthiopie.

"La nature du conflit requiert des négociations et des pourparlers directs entre nous et le gouvernement", a déclaré M. Wol, faisant des remarques durant la session de 10 jours destinée à obtenir un accord entre les deux parties en conflit.

Les médiateurs ont décrié et critiqué la lenteur notée pour l'obtention d'un accord compréhensif en vue de mettre fin aux combats qui ont connu beaucoup d'intensité au cours de ces 8 derniers mois.

"Nous sommes presque à quelque jours du 10 août, date retenue comme étant le délai pour la fin des discussions sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale. Les promesses ne suffisent pas", a indiqué le médiateur en chef de ces pourparlers de paix sud-soudanais, Seyoum Mesfin, qui a, par ailleurs, réuni autour d'une table, les deux parties engagées en guerre.

Les dignitaires de la Société civile sud-soudanaise ont élaboré un plan composé de 5 points, demandant aux médiateurs du conflit de contrôler l'entrée massive par contrebande d'armes sur le territoire sud-soudanais.

Conduisant la délégation de la Société civile aux négociations, Malual Aguer Dling a soutenu que les tueries en cours et les déplacements des populations, constituent un sujet d'inquiétude auquel il faut trouver une solution.

"Nous exhortons les parties prenantes à s'assurer que les travaux puissent démarrer sur une feuille de route, afin de restaurer la paix et la stabilité dans le pays. Nous restons optimistes, confiants et espérons également que les deux parties vont respecter l'accord du 9 mai. Nous les exhortons à honorer et à respecter l'accord humanitaire et éviter les attaques contre les lieux d'habitation des civils", a ajouté le chef de la délégation de la Société civile sud-soudanaise.

Les diplomates étrangers présents aux négociations de paix, sous l'égide de l'IGAD, ont tiré la sonnette d'alarme sur une probable "paralysie de l'Etat sud-soudanais" sur fond de menaces de sanctions en perspective.

Pendant ce temps, des représentants des 15 membres du Conseil de sécurité sont attendus dans le pays pour une évaluation de la situation sur le terrain, a déclaré un dignitaire onusien présent aux négociations.
-0- PANA AO/VAO/BAD/IS/IBA 04août2014