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Le Premier ministre libyen salue le succès de l'opération de sécurité à Abou Slim comme un tournant dans la réaffirmation de l'autorité de l'État

Tripoli, Libye (PANA) - Le Premier ministre libyen du gouvernement d'unité nationale, Abdulhamid Al Dbaiba, a affirmé que l'opération de sécurité dans la zone d'Abou Slim, sud de Tripoli, a été menée rapidement et avec une grande efficacité, sans causer de dégâts malgré la densité de population, la considérant comme un tournant décisif dans la réaffirmation de l'autorité de l'État.

 

Dans une allocution télévisée, samedi soir, à l'adresse des Libyens, M. Al Dbaiba, a ajouté que le pays a entamé une nouvelle phase décisive dans son cheminement vers la reconquête de sa souveraineté de l'emprise des milices armées, soulignant que l'État ne permettra plus que le chaos continue ou que des groupes hors-la-loi contrôlent le destin des Libyens.

 

Le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale, Abdulhamid Al Dbaiba, a déclaré que le commandant du soi-disant "Appareil de soutien à la stabilité", Abdulghani Al-Kikli, connu sous le nom de Ghaniwa, "contrôlait six banques dans le pays, et quiconque s'opposerait à lui serait emprisonné ou envoyé dans la tombe".

 

Il a ajouté que "les milices sont devenues envahissantes et ont pris le contrôle de l'ensemble du paysage politique, financier, économique et même social", assurant qu'elles "se sont divisées en trois groupes : le premier s'est retiré et est retourné à la vie normale, le deuxième s'est intégré aux institutions de l'État et le troisième s'est appuyé sur le chantage de l'État".

 

Le responsable libyen a assuré que "certaines de ces milices sont devenues plus importantes que l'État, et lorsque notre gouvernement est arrivé au pouvoir, nous avons fait face à cette réalité et avons essayé de les gérer calmement et en douceur".

 

M. Al Dbaiba a ajouté à propos du chef de la police judiciaire, Oussama Najim qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI): "Je ne le connais pas et je ne l'ai jamais rencontré. Il a pris le contrôle de l'administration pénitentiaire et possédait des armes lourdes", a-t-il poursuivi, ajoutant que "la Cour pénale nous a surpris avec un rapport terrifiant sur les pratiques de Najim. C'est terrifiant... une fille de 14 ans a été violée, et je publierai le rapport. Est-ce digne de confiance ? Qui protège cette personne ? Protégée par une autre milice. Je ne peux pas laisser cette personne dans son poste après ce rapport, et je n'ai rien à voir avec son retour d'Italie. Ils ont fait pression sur l'ambassade ici".

 

Le Premier ministre du gouvernement d'unité nationale a reconnu que certaines mesures avaient été prises à la hâte après l'opération  de sécurité à Abou Slim, qualifiant ce qui s'est passé le lendemain d'"erreur partagée" qui a été immédiatement corrigée.

 

Il a estimé que la peur avait été brisée et que le temps était venu de cesser de défendre les "maîtres chanteurs et les criminels", appelant tous les membres des milices à rejoindre les institutions de l'État et à obtenir leurs droits par la loi, et non par la violence ou l'extorsion.

 

M. Al Dbaiba a également souligné que le gouvernement accueille favorablement tout parti aligné sur le projet de l'État, mais ne tolérera pas ceux qui continuent de perpétuer la corruption et de porter atteinte à la sécurité.

 

Il a déclaré que quiconque chercherait à semer la discorde entre lui et les habitants de Souk Al-Jumaa, à l'Est de Tripoli, ou d'autres régions ne réussira pas, notant que depuis son entrée en fonction, il a lancé le slogan "Pas de guerre entre les Libyens".

 

M. Al Dbaiba a accusé des parties politiques de chercher à maintenir la capitale, Tripoli, à la merci des milices afin de pouvoir l'utiliser comme un outil pour promouvoir leurs propres intérêts. 

 

Il a ajouté que ces parties ont exploité les tensions sécuritaires qui ont suivi l'opération d'Abou Slim pour promouvoir ce qu'il a décrit comme un complot de coup d'État.

 

M. Al Dbaiba a attaqué le président de la Chambre des représentants (Parlement), Aguila Saleh, en déclarant : "Aguila, qui prétend désormais craindre pour Tripoli, voulait anéantir toute la ville. En réalité, Aguila, Al-Mechri (Khamed Al-Mechri président du Haut Conseil d'Etat) et Al-Rajma (allusion au siège du QG de l'armée libyenne à Benghazi+est+ dirigée par le maréchal Khalifa Haftar) veulent que vous restiez à la merci des milices afin qu'elles puissent les soutenir et les neutraliser. Aujourd'hui, nous avons l'espoir de nous débarrasser de ces milices".

 

Concernant les manifestations qui ont eu lieu à Tripoli, le Premier ministre a déclaré que certaines d'entre elles étaient authentiques et exprimaient des revendications légitimes, tandis qu'une grande partie était financée pour influencer l'opinion publique. Il a cependant choisi de rester patient et de résister à la pression par respect pour le peuple libyen.

 

Le Premier ministre libyen a affirmé, par ailleurs,  avoir reçu un large soutien de la communauté internationale, qui "veut une Libye stable", notant que de nombreuses délégations lui ont récemment rendu visite et ont exprimé leur soutien aux mesures prises par le gouvernement pour mettre fin au pouvoir des milices.

 

A noter que la capitale libyenne Tripoli vit toujours dans un calme précaire avec une tension latente qui peut dégénérer à tout moment.

 

Ainsi, la Direction de la sécurité de Tripoli a annoncé, dimanche, "la réouverture de toutes les routes qui avaient été fermées hier à l'aide de barrières de terre et de déchets".

 

Un communiqué diffusé par la plateforme gouvernementale  "Hakomitna", indique que les équipes concernées ont commencé à éliminer les obstacles et à nettoyer les routes pour assurer la fluidité du trafic et rétablir une vie normale.

 

Plus tôt, plusieurs routes ont été fermées dans la ville, tandis que les magasins de la plupart des quartiers de Souk Al-Jumaa ont maintenu leurs rideaux de fer baissés ce dimanche.

 

Tripoli a été le théâtre d'affrontements armés lundi dernier suite à l'annonce de la mort du commandant de l'Appareil de soutien à la stabilité, Abdulghani Al-Kikli, connu sous le nom de Ghaniwa. Des affrontements ont éclaté à nouveau mercredi entre les forces de l'appareil et la 444e brigade de combat, affiliée au gouvernement d'unité nationale.

 

En signe de protestation contre le gouvernement d'unité nationale dont ils réclamaient le départ, des milliers de Libyens ont manifesté vendredi sur la place des Martyrs à Tripoli et devant le siège de la Primature, poussant plusieurs ministres à démissionner en signe de protestation contre les actions du gouvernement et l'aggravation de la situation.

 

La municipalité de Tripoli Centre a appelé tous les organes politiques et les groupes armés "à assumer leurs responsabilités historiques dans cette étape sensible en écoutant les demandes du peuple libyen et en y répondant de manière civilisée et démocratique", d'une manière qui "reflète le respect de la volonté des citoyens et répond à leurs aspirations à la sécurité, à la justice et à une transition politique pacifique".

 

De leur côté, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont appelé à ce que les responsables des attaques contre des civils ces derniers jours à Tripoli rendent des comptes, exprimant leur grave préoccupation face à l'escalade de la violence dans la capitale libyenne.

 

Dans un communiqué publié, samedi, ils ont pris note des informations faisant état de victimes civiles, appelant toutes les parties à protéger les civils. 

 

Ils ont également salué les informations faisant état d'un accord de trêve, soulignant la nécessité de le respecter sans condition et d'accepter un cessez-le-feu permanent, selon le site officiel de l'ONU.

 

Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur ferme engagement en faveur d'un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Libyens, facilité par les Nations unies, et de l'unification de toutes les institutions, y compris les institutions militaires et de sécurité.

 

Ils ont évoqué l'importance de réaliser des progrès urgents pour parvenir à une paix, une stabilité et une sécurité durables pour le peuple libyen, réitérant leur soutien à la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) et leur respect de "la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale et l'unité nationale de la Libye".
-0- PANA BY/IS/SOC 18mai2025