Des millions de personnes déplacées, un système de santé en ruines alors que la guerre au Soudan exacerbe la famine
Port Soudan, Soudan (PANA) - Plus de 12,4 millions de personnes ont été forcées de quitter leurs foyers à travers le Soudan - dont plus de 3,3 millions de réfugiés qui ont fui vers les pays voisins - alors que deux années de guerre civile alimentent la famine, les épidémies et l'effondrement du système de santé.
Alors que les combats ne montrent aucun signe d'apaisement et que l'accès humanitaire est extrêmement limité, la crise au Soudan est devenue l'une des plus grandes situations d'urgence au monde, a averti lundi le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
« C'est une étape très, très triste », a déclaré Mamadou Dian Baldé, directeur régional du HCR pour l'Afrique de l'Est, deux ans après le début de la guerre.
"Nous assistons à des violations massives, à des déplacements massifs et à un impact dévastateur sur des millions de personnes.
La guerre, qui a éclaté le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR), a déclenché une véritable catastrophe humanitaire.
Plus de la moitié de la population - environ 25 millions de personnes - a besoin d'une assistance et d'une protection humanitaires, mais le manque de fonds et l'insécurité ont laissé de vastes étendues du pays hors d'atteinte, a rapporté UN News.
Le Plan régional de réponse aux réfugiés pour 2025, d'un montant de 1,8 milliard de dollars, mené par le HCR et visant à soutenir 4,8 millions de réfugiés et de membres des communautés d'accueil, n'est financé qu'à hauteur de 10%, a indiqué M. Baldé ce qui met en péril les services essentiels tels que la nourriture, les abris, l'éducation et les soins de santé.
"Les communautés qui ont très peu partagent ce qu'elles ont avec les réfugiés. C'est une extraordinaire démonstration de solidarité", a-t-il ajouté, exhortant la communauté internationale à renforcer son soutien aux plus vulnérables de la région.
La faim a atteint des niveaux catastrophiques au Soudan, la famine ayant été confirmée dans 10 régions et 17 autres étant menacées, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
Dans certaines régions, l'aide alimentaire d'urgence est le seul moyen d'éviter la famine. Cependant, les opérations vitales sont limitées par l'insécurité et le manque de fonds.
« Sans une assistance immédiate, en particulier dans les zones de famine ou à risque de famine, des milliers de vies sont en danger », a déclaré Makena Walker, directrice de pays par intérim du PAM au Soudan.
« Nous pouvons augmenter l'aide, mais nous avons besoin que toutes les parties garantissent un accès sûr et sans entrave aux convois humanitaires », a-t-elle ajouté.
-Les enfants restent parmi les plus durement touchés.
Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le nombre d'enfants victimes cette année a augmenté de 83 % par rapport au début de l'année 2024. Les enfants sont également très exposés aux violences sexuelles et sexistes ou à l'enrôlement forcé dans des groupes armés, sans compter qu'ils sont déjà privés d'éducation.
En outre, on estime que 146 000 enfants souffriront de malnutrition aiguë sévère cette année, ce qui multiplie par 11 le risque de décès par rapport à un enfant bien nourri.
La crise s'est également transformée en une urgence de santé publique, avec plus de 20,3 millions de personnes ayant un besoin urgent de soins médicaux. Le choléra, la rougeole, le paludisme et la dengue se propagent rapidement dans les deux tiers des États du Soudan, le choléra faisant à lui seul plus de 1 500 victimes.
Cette situation se déroule dans un contexte où l'infrastructure sanitaire est au bord de l'effondrement : Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 38% des hôpitaux des régions les plus touchées ne fonctionnent pas et les autres ne sont que partiellement opérationnels.
Les attaques contre les soins de santé se sont multipliées : 156 attaques ont été recensées au cours des deux dernières années, faisant des centaines de morts et de blessés.
« En plus d'être une crise de famine, la situation humanitaire au Soudan est également une crise de protection et de santé », a déclaré Shible Sahbani, représentant de l'OMS dans le pays.
L'agence des Nations unies pour la santé est déterminée à poursuivre ses efforts pour améliorer l'accès à la santé de la population soudanaise. Toutefois, les récentes coupes budgétaires ont contraint l'OMS à réduire ses opérations, ce qui risque d'affecter les services de santé.
Si les fonds ne sont pas débloqués, 4,7 millions de personnes qui devaient bénéficier d'interventions sanitaires cette année seront touchées. Les services de 335 établissements de santé devront également être réduits, y compris les soins de traumatologie et d'urgence.
Malgré ces difficultés, les humanitaires des Nations unies et leurs partenaires poursuivent leurs efforts pour apporter une aide vitale aux communautés les plus vulnérables.
Depuis le début de la guerre, le PAM a fourni une aide alimentaire et nutritionnelle à plus de 13 millions de personnes. De son côté, l'OMS a fourni des services de santé à plus d'un million de personnes, soigné 75 000 enfants souffrant de malnutrition sévère et aidé à vacciner 11,5 millions d'enfants contre la polio et la rougeole.
Mais les travailleurs humanitaires avertissent que la situation se détériore rapidement, en particulier dans les États du Darfour et dans certaines parties de Khartoum et d'Al-Jazirah (également orthographié Gezira), où les combats actifs et les sièges coupent les civils de l'aide.
M. Baldé a réitéré le besoin urgent pour la communauté internationale d'aider à faire taire les armes, « nous appelons à la paix, à la protection et à un soutien durable - [seulement alors] la normalité pourra revenir, et les réfugiés pourront rentrer chez eux ».
-0- PANA MA/BAI/IS/SOC 15avr2025