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ZLECAF : le chemin à parcourir est encore long pour son opérationnalisation, selon El Sisi

Niamey, Niger (PANA) – Le président égyptien, président en exercice de l’Union africaine (UA), Abdel Fattah El Sisi, a estimé dimanche à Niamey qu’avec le lancement de la Zone de libre-échange économique africaine (ZLECAF), le chemin à parcourir est encore long pour que cette zone soit pleinement opérationnelle.

«Nous nous félicitons de cette grande réalisation, mais nous ne devrons pas perdre de vue que le chemin à parcourir est encore long pour traduire cet accord dans les faits. Il faudra lever les obstacles qui nous empêchent de parvenir aux objectifs visés», a-t-il prévenu. 

«Nous devons, pour ce faire, améliorer les échanges inter-africains qui sont présentement de 15% seulement, assurer la complémentarité dans le domaine de la production et de la distribution, ce qui exige davantage d’efforts», a précisé El Sisi dans son discours d’ouverture du sommet.

« Nous sommes en train de mettre en place une des plus grandes zones de libre-échange à travers le monde qui compte plus de 1,2 milliard d’habitants pour un PIB de près de 3,4 trillons de dollars», a indiqué le président en exercice de l’Union africaine, en ouvrant les travaux de ce sommet extraordinaire.

Pour le président El Sisi, le sommet est important, car en dehors du lancement de la ZLECAF, «nous allons examiner les possibilités de son opérationnalisation et de son application, du renforcement du commerce inter-africain et pour lever les obstacles tarifaires et non tarifaires».

Le président en exercice de l’UA a invité ses pairs africains à réfléchir sur ce que nous pouvons tirer de la plus grande ressource du continent qu’est la jeunesse. «Nous comptons sur cette jeunesse pour traduire dans la réalité le rêve collectif dans le domaine du développement économique», a-t-il soutenu.

Le président en exercice de l’UA a invité ses pairs africains à réfléchir sur ce que nous pouvons tirer de la plus grande ressource du continent qu’est la jeunesse. « Nous comptons sur cette jeunesse pour traduire dans la réalité le rêve collectif dans le domaine du développement économique», a-t-il souligné.

En prononçant son discours lors de cette cérémonie d’ouverture, le président du Niger, Issoufou Mahamadou, a rappelé aux participants que «le peuple nigérien est profondément attaché aux valeurs du panafricanisme». « Aujourd’hui 54 Etats sont signataires de cet accord qui est entré en vigueur depuis le 30 mai après que 24 Etats l’aient ratifié. Cette entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine est la plus rapide de toute l’histoire de notre organisation», s'est réjoui le président Issoufou Mahamadou.

Selon le président Issoufou Mahamadou, «la ZLECAF est une forte contribution à sortir des 84.000km de frontières héritées de la colonisation, mais en sortant par le haut, par l’intégration, en éliminant progressivement les droits de douane sur le commerce intra-africain car la ZLECAF offre des possibilités commerciales immenses, notamment pour les entreprises africaines».

Notons que la ZLECAF forme, avec les autres plans et programmes de l’Union Africaine, un ensemble cohérent dans la perspective de renforcer l’intégration régionale et atteindre les objectifs de l’Agenda 2063.

Evoquant la question sécuritaire que vivent les pays africains, le président Issoufou Mahamadou a affirmé que «les perspectives sont bonnes pour nos pays et notre continent, mais les menaces terroristes, les menaces des organisations criminelles ainsi que les conflits  inter-communautaires peuvent hypothéquer l’avenir».

Il préconise alors, conformément à l’agenda 2063, «de faire taire les armes d’ici  2020».
L’Afrique constitue, à elle seule, un marché de 1,2 milliard de consommateurs aujourd’hui et atteindra 2,5 milliards en 2050 avec un PIB de plus de 3000 milliards de dollars, indique-t-on.

Le président de la Commission de l’Union africaine,Moussa Faki Mahamat, parlant de la ZLECAF, a dit que c’est un rêve qui vient de se réaliser. Il a ajouté que la ZLECAF est le plus grand espace d’échange du monde.

Le marché devait être actif à partir de 2020. "Il faut donner un calendrier pour que tout le monde puisse jouer son rôle dans la préparation du marché (unique), alors nous avons recommandé au sommet que la date soit le 1er juillet 2020", a expliqué le commissaire au Commerce et à l'Industrie de l'UA, Albert Muchanga.

Quant à la vice-Secrétaire générale des Nations unies, Mme Amina Mohamed, elle a magnifié la mise en vigueur de la ZLECAF et adressé ses encouragements à tous les pays africains qui l’ont signée.

La ZLECAF doit favoriser le commerce au sein du continent et attirer des investisseurs. L'UA estime que sa mise en œuvre permettra d'augmenter de près de 60 % d'ici à 2022 le commerce intra-africain, alors que les détracteurs du projet évoquent le manque de complémentarité des économies africaines et craignent que des importations bon marché ne portent préjudice aux petits producteurs agricoles et industriels.

Hormis la ZLECAF, d'autres dossiers sont au programme des présidents et des diplomates qui devront travailler sur l'insécurité et la réponse aux attaques djihadistes.

Trente-deux chefs d’Etat sont présents dans la capitale nigérienne qui accueille le sommet de l’UA sous haute sécurité.

Longtemps opposé à cet accord, le Nigéria, première économie du continent, l’a finalement ratifié, comme Muhammadu Buhari s’y était engagé de manière assez inattendue. En ouverture de ce sommet, le président nigérian a donc signé le texte sous les flashes des photographes et sous les applaudissements nourris de la salle.

Très applaudi également, le président béninois, Patrice Talon, lorsqu’il a, lui aussi, ratifié l'accord. Le Gabon et la Guinée équatoriale ont eux aussi paraphé le texte, ce dimanche matin. L'accord a donc été ratifié, à cette heure, par 27 pays, alors que 54 des 55 pays du continent l’ont, eux, signé.

C’est officiellement à 16h30 mn (heure locale) que la ZLECAf sera lancée par Abdel Fattah Al Sisi, président de la République Arabe d’Egypte, Issoufou Mahamadou, président du Niger et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, Paul Kagamé, président du Rwanda et Cyril Ramaphosa, président d’Afrique du Sud.

-0- PANA SA/TBM/IBA 07JUIL2019