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Une experte de l'ONU appelle à mettre fin aux violences contre les femmes journalistes

Genève, Suisse (PANA) - Les femmes journalistes font face à des dangers particuliers dans l'exercice de leur profession, et les gouvernements doivent faire davantage pour les protéger contre la violence sexiste, a déclaré une experte indépendante, mercredi, devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. 

Mme Dubravka Šimonović, Rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes, a appelé les gouvernements à permettre aux femmes journalistes de travailler en toute sécurité, en mettant pleinement en œuvre les instruments des droits humains qui visent spécifiquement à éliminer la discrimination à l'égard des femmes et la violence sexiste.

Depuis 1992, 96 femmes journalistes ont été tuées alors qu'elles faisaient leur travail.

De plus en plus de journalistes meurent chaque année, mais les femmes subissent "des agressions sexuelles et des viols; la menace de viol est utilisée pour saper leur crédibilité et les décourager de travailler dans les médias", a indiqué la rapporteure spéciale.

Des mouvements populaires à travers le monde - tels que #MeToo et #NiUnaMenos  - ont mis en avant le harcèlement sexuel et d'autres formes de violence sexiste et ont fourni une plate-forme aux femmes journalistes pour dénoncer les abus.

Cependant, beaucoup hésitent encore à le faire, indique le rapport.

L'expansion d'Internet et des plates-formes numériques est une arme à double tranchant pour les femmes.

De nouveaux espaces numériques sociaux transforment et remodèlent la société, mais permettent également de nouvelles formes de violence en ligne contre les femmes.

"Les femmes journalistes sont de plus en plus ciblées en tant que représentantes visibles et franches des droits des femmes", a déploré Mme Simonovic. 

Les journalistes sont confrontées à des niveaux de discrimination encore plus élevés, pas seulement si elles sont femmes, mais aussi autochtones ou issues d'une minorité.

"Malgré certains progrès, il reste beaucoup à faire",  a estimé Mme Simonovic, "compte tenu en particulier du discours fondamentaliste naissant et de la réaction mondiale contre les droits des femmes".

Face à l'augmentation alarmante de la violence sexiste contre les femmes dans le monde, y compris les femmes journalistes, pendant la pandémie de COVID-19, l'experte onusienne a renouvelé son appel à tous les pays pour qu'ils soutiennent l'élaboration d'une approche ou d'une stratégie coordonnée à l'échelle du système des Nations unies pour combattre et prévenir la violence à l'égard des femmes et un plan mondial de mise en œuvre sur la violence à l'égard des femmes.

"Les femmes ont le droit d'être en sécurité chez elles. Toute mesure de lutte contre la pandémie doit respecter les droits humains et tenir compte des besoins des femmes", a-t-elle indiqué.

-0- PANA AR/NFB/JSG/SOC 09juil2020