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Une conférence de haut niveau de l'ONU débat d'un bien précieux : La terre

Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA) - La 15ème session de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) a débuté lundi dans la ville ivoirienne d'Abidjan.

Dans le contexte d'un avertissement de l'UNCCD selon lequel jusqu'à 40% de toutes les terres libres de glace se sont déjà dégradées, menaçant de graves conséquences pour le climat, la biodiversité et les moyens de subsistance, les dirigeants du monde se réunissent à Abidjan sous le thème "Terre, Vie. Héritage : De la pénurie à la prospérité".

"Nous sommes confrontés à un choix crucial", a déclaré la vice-secrétaire générale Amina Mohammed aux participants, selon un communiqué de l'ONU.

"Nous pouvons soit récolter les bénéfices de la restauration des terres maintenant, soit continuer sur la voie désastreuse qui nous a conduits à la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et de la pollution", a-t-elle déclaré.

Chaque année, 12 millions d'hectares de terres sont perdus, selon des données récentes.

"Le rapport sur les perspectives mondiales des terres que vient de publier la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification montre que notre approche actuelle de la gestion des terres met en péril la moitié de la production économique mondiale, soit 44 000 milliards de dollars américains", a déclaré Mme Mohammed.

"Nous devons nous assurer que les fonds sont disponibles pour les pays qui en ont besoin, et que ces fonds sont investis dans des domaines qui auront un impact décisif et créeront un avenir plus inclusif et durable pour tous", a-t-elle poursuivi, soulignant que la restauration des terres relie tous les objectifs de développement durable (ODD).

En mettant l'accent sur la restauration d'un milliard d'hectares de terres dégradées d'ici à 2030, la conférence vise à contribuer à la protection des terres contre les impacts climatiques et à lutter contre l'escalade des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt.

La vice-secrétaire générale a déclaré qu'en dépit du fait que les femmes passent 200 millions d'heures chaque jour à collecter de l'eau, et encore plus à s'occuper de la terre, elles n'ont toujours pas accès aux droits fonciers et aux financements.

"L'élimination de ces obstacles et l'autonomisation des femmes et des filles en tant que propriétaires fonciers et partenaires changent la donne pour la restauration des terres, pour l'Agenda 2030 et pour l'Agenda 2063 de l'Union africaine", a-t-elle déclaré en soulignant leur rôle central dans la construction d'une économie de restauration des terres.

S'exprimant également lors du Sommet, le président de l'Assemblée générale, Abdulla Shahid, a souligné l'importance de s'attaquer aux graves problèmes qui affectent le bien-être des personnes et leurs moyens de subsistance, ainsi que l'environnement.

"Grâce à lui, nous voulons nous rapprocher de... la lutte contre la désertification et la restauration des terres et des sols dégradés, y compris les terres touchées par la désertification, la sécheresse et les inondations", a déclaré M. Shahid.

Inverser les tendances actuelles "est vital pour une action efficace en faveur du climat et de la biodiversité", notamment pour les communautés vulnérables, a-t-il ajouté. 

Selon les Nations unies, la dégradation des terres compromet le bien-être de quelque 3,2 milliards de personnes.

Les pratiques non durables d'utilisation des terres, d'agriculture et de gestion des sols sont toutes des facteurs importants de désertification, de dégradation des terres et de sécheresse.

"Nous sommes responsables de la majeure partie de ce phénomène, étant donné que les activités humaines influencent directement 70% des terres de la planète", a averti M. Shahid.

Affirmant que "nous ne pouvons pas nous permettre l'alternative qui consiste à laisser notre relation avec Mère Nature se détériorer jusqu'au point de non-retour", M. Shahid a réitéré l'importance de réfléchir" à la vérité selon laquelle une relation saine avec la nature est essentielle pour prévenir notre exposition à de nouvelles maladies et à d'éventuelles pandémies futures".

Appelant toutes les parties à s'engager à nouveau en faveur de la neutralité de la dégradation des terres d'ici 2030, M. Shahid a déclaré qu'il était nécessaire de lutter contre le changement climatique, de conserver et de protéger la biodiversité et de maintenir les services écosystémiques vitaux pour "notre prospérité et notre bien-être communs, dans le contexte d'un monde responsable sur le plan climatique".

La sécheresse, la restauration des terres et les outils connexes tels que les droits fonciers, l'égalité des sexes et l'autonomisation des jeunes figurent parmi les principaux points à l'ordre du jour de la conférence, qui constitue un moment charnière dans la manière dont le continent africain va progresser face au changement climatique.

Ces réunions interviennent alors que de nombreuses nations africaines sont confrontées à des problèmes sans précédent en matière de conservation des sols et des terres. La sécheresse qui sévit en Éthiopie - la pire depuis 40 ans - ne ferait qu'aggraver la situation humanitaire déjà dégradée d'environ 3,5 millions de personnes.

Et selon un rapport publié l'année dernière par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), jusqu'à 65% des sols productifs et des terres agricoles d'Afrique sont dégradés, tandis que la désertification touche 45% de l'ensemble des terres du continent.

Neuf chefs d'État africains sont attendus à la réunion pour discuter du développement de la résilience à la sécheresse et de l'utilisation des terres à l'épreuve du temps, ainsi que des voies de restauration des terres.

Le Sommet contre la désertification est un appel à l'action pour faire en sorte que la terre - le lien vital sur cette planète - profite également aux générations actuelles et futures.

-0- PANA MA/BAI/IS/SOC 10mai2022