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Une Afrique du Sud en proie à des difficultés veut garder vivant l'héritage de Mandela (par Craig Urquhart, correspondant de la PANA)

Le Cap, Afrique du Sud (PANA) - Un an est passé depuis le décès du prisonnier devenu homme d'Etat d'envergure internationale, Nelson Mandela, et l'Afrique du Sud tente toujours de surmonter cette perte.

Pour preuve, la mobilisation et la ferveur de la population pour célébrer vendredi le premier anniversaire du décès de Mandela à son domicile de Johannesbourg à l'âge de 95 ans.

A 10 heures du matin, à travers le pays, les cloches ont sonné, les automobilistes ont fait résonner leurs klaxons et les piétons ont soufflé dans leurs vuvuzelas et autres instruments musicaux. Cette effervescence a été suivie par trois minutes de silence en la mémoire de l'icône mondiale.

Les célébrations officielles ont été marquées par une cérémonie religieuse inter-confessionnelle, suivie d'un dépôt de gerbes de fleurs par les vétérans de la lutte anti-apartheid à Pretoria.

Le président par intérim, Cyril Ramaphosa, qui s'est exprimé lors de cette cérémonie religieuse, a demandé à la population de maintenir vivant l'héritage laissé par Mandela en vivant selon ses valeurs.

"Tous les Sud-Africains sont invités à jouer leur partition pour faire avancer l'Afrique du Sud dans le cadre des efforts visant à construire une Afrique du Sud meilleure, dans une Afrique meilleure et un monde meilleur, et en mémoire de cette icône", a dit M. Ramaphosa.

Le Prix Nobel de la paix, l'archevêque Desmonde Tutu, a, pour sa part, encouragé la population à imiter l'exemple de Mandela en "construisant une société fondée sur les droits de l'homme, dans laquelle tous peuvent partager l'abondance que Dieu a conférée à notre âys".

L'ancien président F.W. D Klerck, qui a partagé le Prix Nobel de la paix avec Mandela en 1993, a demandé à tous les Sud-Africains de respecter son legs.

"Bien que Nelson Mandela ne soit plus physiquement avec nous, son legs continue de nous guider", a-t-il dit dans une déclaration.

Helen Zille, chef du parti d'opposition officielle, Democratic Alliance, a quant à elle, dit vendredi aux Sud-Africains que la meilleure façon de garder le souvenir de Mandela vivant est de vivre selon les valeurs pour lesquelles il s'est battu.

"Avec la disparition de Mandela, il est trop facile de garder de lui en souvenir quelques extraits - de réduire son image dans nos esprits à une poignée de citations et de schémas qui ont été répétés trop souvent", a-t-elle dit dans un discours prononcé à la mairie du Cap.

L'ex-assistante personnelle de Mandela, Zelda la Grane, s'est retrouvée sous les projecteurs des médiaux internationaux suite à sa publication récente de son best-seller "Good Morning, Mr Mandela".

Le livre, qui a été publié quelques mois après son décès, raconte l'histoire de la rencontre d'une jeune Afrikaan conservatrice travaillant à l'Union Buildings à Pretoria avec Nelson Mandela, avec qui elle a travaillé 19 ans.

Elle révèle avoir personnellement vécu des hauts et des bas depuis le décès de Madiba et croit que le pays lutte toujours pour trouver son identité: "Mandela était notre guide moral. Aujourd'hui nous ne savons pas qui nous sommes".

L'énormité de la perte, mais aussi l'héritage laissé par Mandela, continuent de retentir à travers le pays qui a été réellement libéré quatre ans après sa propre libération de prison.

L'Afrique du Sud de 2014 est une nation vraiment différente de celle née il y a 20 ans quand Mandela prêtait serment en tant que premier président démocratiquement élu et qui déclarait "jamais, jamais et jamais plus jamais, cette belle terre ne connaîtra l'oppression de l'un sur l'autre et ne souffrira de l'indignité d'être le rébus du monde".

Alors que l'Afrique du Sud de 2014 se débat dans des problèmes socio-économiques majeurs, notamment la corruption, le racisme, le crime et la pauvreté crasse, elle reste libérée de l'horreur de l'apartheid et pour cela, l'héritage de Mandela perdure.
-0- PANA CU/MA/NFB/JSG/SOC 06dec2014