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Un rapport de l'ONU classe le Zimbabwe parmi les principales crises alimentaires mondiales

Harare, Zimbabwe (PANA) - Une détérioration majeure de l'insécurité alimentaire est attendue au Zimbabwe en raison des difficultés économiques persistantes, de l'érosion de la résilience des ménages, des déficits pluviométriques et des faibles récoltes, selon le nouveau Rapport mondial sur les crises alimentaires 2020 (GRFC 2020).

Le GRFC 2020 est le fruit du travail de nombreux membres de la Communauté internationale de l'aide humanitaire et du développement, qui ont mis en commun leurs données, leurs analyses et leur expertise en matière de sécurité alimentaire mondiale. Les parties prenantes sont l'Union européenne, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, l'USAID et le Programme alimentaire mondial (PAM).

"Le Zimbabwe a connu, en 2019, sa pire sécheresse depuis des décennies, qui, associée aux effets du cyclone Idai et à une grave crise économique qui a fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires, a créé la pire crise d'insécurité alimentaire aiguë que le pays ait connue en dix ans", indique le rapport du GRFC 2020.

Selon le rapport, la persistance d'un environnement macroéconomique pauvre, marqué par l'hyperinflation, continue d'alimenter la situation d'insécurité alimentaire aiguë au Zimbabwe.

Selon les estimations, l'extrême pauvreté est passée de 29 % l'année précédente à 34 % en 2019, laissant 5,7 millions de Zimbabwéens dans l'extrême pauvreté.

La semaine dernière, l'Agence nationale des statistiques du Zimbabwe a révélé que le seuil de pauvreté de consommation totale pour une moyenne de cinq personnes a augmenté de 21,3 % pour atteindre 6.420,87 ZWL (dollars zimbabwéens) (256,83 USD) le mois dernier, contre 5.292,63 ZWL (211,71 USD) en février.

Le rapport GRFC 2020 prévoit une aggravation de la situation d'insécurité alimentaire en 2020, avec une estimation de 4,3 millions de Zimbabwéens ruraux, y compris les enfants, qui ont besoin d'une action urgente.

"Alors que le travail occasionnel reste le principal revenu pour 30 % des familles rurales, celles qui dépendent de la vente de cultures vivrières ont vu leur part diminuer de 22 % en 2018 à 8 % en 2019. Les pénuries de liquidités sont restées les facteurs de stress les plus influents pour les ménages, suivies par la hausse des prix des céréales et la sécheresse, en particulier dans les provinces du Manicaland et des Midlands", indique le rapport.

Ainsi, outre les facteurs environnementaux, l'aggravation de la situation économique, notamment l'hyperinflation, la pénurie de devises, de carburant et les pénuries d'électricité prolongées, la pauvreté généralisée, les niveaux élevés de VIH/SIDA et la faible production agricole continuent d'alimenter la crise.

"Des millions de Zimbabwéens ont déjà du mal à assurer leur repas quotidien, ayant été confrontés à une sécheresse prolongée et à des difficultés économiques pendant un certain temps", a déclaré le directeur et représentant du PAM dans le pays, Eddie Rowe, dans un communiqué sur le rapport GRFC 2020.

"Il est impératif que nous nous unissions, pour lutter contre la pandémie du COVID-19 au Zimbabwe et offrir une aide alimentaire urgente en toute sécurité afin d'éviter qu'une population déjà vulnérable ne s'enfonce davantage dans cette crise de la faim".

Le Zimbabwe est désormais l'un des dix pays où moins de 20 % des enfants âgés de six à 23 mois reçoivent une alimentation minimale adéquate, ce qui compromet encore plus leur qualité de vie tout au long de leur vie, selon le rapport.

"Les mesures visant à freiner la propagation du COVID-19 peuvent avoir un impact négatif sur le système alimentaire au Zimbabwe, notamment en limitant l'accès aux marchés pour les agriculteurs et les consommateurs, ainsi qu'une surabondance d'aliments nutritifs périssables tels que les fruits et les légumes. Des mesures délibérées sont nécessaires pour prévenir et atténuer ces effets", a déclaré le représentant de la FAO, Jocelyn Brown Hall.

-0- PANA TZ/AR/ASA/BEH 28avr2020