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Soudan : "Les Soudanais font des progrès considérables dans le débat sur le document constitutionnel"

Khartoum, Soudan (PANA) - Près de 100 jours se sont écoulés depuis l'éviction du président Omar el-Béchir (11 avril 2019), mais les Soudanais luttent toujours pour former un gouvernement central, afin de maintenir la cohésion du pays.

Malgré les efforts inlassables et la médiation de l'Union africaine (UA), les carottes de l'Occident et les sacrifices sanglants des masses, le Conseil militaire et les Forces pour la liberté et le changement (FFC) de l'opposition n'ont pas encore fait correspondre leurs paroles aux actes.

Toutefois, les trois parties aux pourparlers, qui visaient à faire du Soudan une démocratie civile à part entière, l'Union africaine, le Conseil militaire de transition (TMC) et les Forces pour la liberté et le changement (FFC) de l'opposition ont exprimé, vendredi, leurs vues selon lesquelles les discussions entre le Conseil militaire et l'opposition du FFC ont progressé dans la rédaction du Document constitutionnel.

Le Document constitutionnel, une question majeure qui divise les militaires et les groupes civils pro-démocratie, est l'un des deux documents qui sont envisagés pour faire passer sans heurts le Soudan du régime militaire au régime civil et, surtout, pour éviter une rechute vers des coups d'Etat militaires.

Le premier document était le Document politique dans lequel les deux parties se sont mises d'accord sur les niveaux exécutifs. Le second est le Document constitutionnel qui se concentre principalement sur les aspects législatifs, judiciaires, les immunités, le Conseil de souveraineté et les principes généraux régissant la période intérimaire.

Le mois dernier, le Conseil militaire et le FFC ont approuvé le document politique. Mais cela n'a pas empêché une protestation populaire massive qui appelle à la formation rapide du cabinet qui sera proposé et mis en place par le FFC.

Cependant, une querelle a éclaté sur la question de savoir si le cabinet, pour être légal, devait être béni ou non par le Conseil de souveraineté (la présidence collective). Le Conseil a soutenu que tout cabinet devrait avoir une référence, une autorité qui lui donne le feu vert et que cela devrait être le Conseil de souveraineté composé de 11 membres. Le FFC a déclaré que la présidence collective n'est qu'un organe cérémoniel et nominal dépourvu de tout pouvoir.

Ainsi, les deux parties ont-elles continué à porter des accusations dans les échanges entre elles, du moins dans les médias, de tergiversations et d'entraves aux efforts visant à rédiger les documents finaux et à constituer un cabinet.

Le Soudan est maintenant sans cabinet depuis près de 100 jours (du 11 avril 2019 au 2 août 2019).

L'envoyé de l'Union africaine, M. Lebatt, a déclaré que les délégations du Conseil militaire de transition (CMD) et du FFC ont fait "de grands progrès vers la ratification du Document constitutionnel", indiquant que les deux parties ont décidé de se réunir, vendredi soir, pour achever leurs travaux.

Dans un communiqué de presse, M. Lebatt a décrit la réunion de l'aube au crépuscule comme étant "réussie à tous points de vue, compte tenu de l'esprit qui a prévalu et des grands résultats qu'elle a obtenus".

Il a rarement utilisé le mot "succès dans toutes les réunions qui ont commencé, il y a plus de deux mois". Cependant, il a gardé le silence sur les détails et les raisons de cet optimisme.

Au lieu de cela, il a attiré l'attention sur un problème plus urgent, le meurtre d'au moins cinq étudiants à el-Obied, à 700 km à l'Ouest de Khartoum, qui a provoqué d'énormes manifestations et protestations, entraînant la fermeture de toutes les écoles dans le pays.

Mais surtout, les manifestations générales qui appellent à l'éviction de l'actuel Conseil militaire et à la résonance du mot "MADANIA- arabe pour CIVIL (gouvernement)" partout où un groupe de jeunes est en vue, à Khartoum et ailleurs dans le pays, ont éveillé des passions.

L'envoyé de l'Union africaine a déclaré que "l'un des points les plus importants" sur lequel les deux délégations ont échangé leurs points de vue était l'accord sur l'évaluation des incidents violents qui ont eu lieu à el-Obeid, indiquant que les deux parties ont fermement condamné le meurtre d'étudiants innocents participant à une manifestation pacifique et les mesures pratiques prises par le Conseil militaire transitoire, qui ont permis d'arrêter un groupe de responsables pour les traduire en Justice.

L'arrestation des assassins des manifestants, la réprimande et la responsabilité subséquente du gouverneur et des membres du comité de sécurité de la ville et de l'Etat en général semblent avoir apaisé la tension croissante et pourraient permettre aux deux parties de poursuivre leur réunion, sans que la pression s'exerce sur elles.

Ibrahim Al-Amin, l'un des principaux dirigeants du FFC et membre de la délégation du FFC aux pourparlers, a fait valoir que les deux parties se sont mises d'accord sur "presque tous les points du Document constitutionnel", au cours de leur réunion qui a duré si longtemps à la Salle de l'Amitié à Khartoum, sous les auspices de la médiation africaine commune.

"Le peuple soudanais entendra de bonnes nouvelles dans les prochains jours concernant la formation du gouvernement civil intérimaire", a déclaré Al-Amin. Ces énoncés seront mis à l'épreuve dans environ sept jours.
-0- PANA MO/VAO/MTA/IS/IBA 02août2019