Agence Panafricaine d'information

Session informelle ce mardi du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Libye

Tripoli, Libye (PANA) - Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra, ce mardi, une session consultative informelle, consacrée à l'évolution du dossier libyen et à la présentation d'un briefing à la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL).

Une publication du site des Affaires politiques et de consolidation de la paix des Nations unies a indiqué qu'au cours de ces consultations informelles, la Mission des Nations unies et le comité des sanctions fourniront un briefing et un rapport sur la situation en Libye.

Cette réunion intervient trois jours après de violents affrontements entre groupes armés soutenant les deux gouvernements rivaux en Libye, à savoir, le gouvernement d'unité nationale du Premier ministre, Abdelhamid al-Dbaiba, et le gouvernement désigné par le Parlement du Premier ministre, Fathi Bachagha, faisant 32 morts et 159 blessés, ainsi que d'énormes dégâts matériels sur les biens publics et privés.

Cette détérioration de la situation sécuritaire dans la capitale libyenne, Tripoli, est le résultat de l'évolution du problème de l'exécutif qui s'est posé dans le pays depuis l'apparition de deux gouvernements concurrents après l'impasse du processus politique découlant du report des élections du 24 décembre dernier.

En effet, les élections présidentielles fixées dans le cadre du Forum du dialogue politique libyen sous les auspices des Nations unies dans le cadre de la transition décidée par les 75 personnalités libyennes composant le forum, n'ont pu être organisées en raison des conditions politiques, de l'insécurité et des recours judiciaires interjetés contre des candidats dénotant des lacunes inhérentes aux lois électorales, selon la Haute Commission nationale électorale libyenne. 

Même les tentatives de la Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye, l'Américaine, Stephanie Williams, qui a été désignée par Antonio Guterres pour poursuivre les efforts de médiation après la démission du Slovaque, Jan Kubis, pour relancer le processus électoral, n'ont pas abouti.

Ainsi, l'initiative de médiation entre le Parlement et le Haut Conseil d'Etat qu'elle a lancée autour de pourparlers pour élaborer une base constitutionnelle consensuelle servant de texte juridique pour la tenue des élections en l'absence d'une Constitution a échoué après trois rounds au Caire, en Egypte, et une rencontre décisive entre les présidents des deux Chambres à Genève.

L'accord a achoppé sur la question de l'éligibilité des binationaux et militaires malgré les énormes progrès obtenus lors des ces négociations inter-libyens.

La dimension internationale que revêt le dossier libyen avec la persistance des ingérences étrangères qui fait de ce riche pays pétrolier d'Afrique du Nord un terrain d'une guerre par procuration, complique davantage la recherche d'une solution et attise la polarisation à l'intérieur entre les parties libyennes.

Cette situation fait, selon les observateurs de la scène libyenne,  qu'à chaque fois qu'une solution est proche, elle est torpillée par des manœuvres sous-jacentes de puissances mondiales et régionales qui trouvent dans la poursuite du chaos en Libye la satisfaction de leurs intérêts à défaut de réaliser leurs desseins au détriment du peuple libyen.

Les profonds désaccords au sein du Conseil de sécurité qui ont jeté une ombre sur les efforts de médiation avec la paralysie totale de l'instance exécutive onusienne, incapable de prendre des résolutions fermes pour trouver un règlement politique à la crise libyenne, corroborent la méfiance qui s'installe, désormais, parmi une large frange de Libyens sur les véritables intentions de la communauté internationale et son sérieux à régler ce conflit.

L'échec du Conseil de sécurité à prolonger depuis septembre 2021 le mandat de la Mission d'appui des Nations unies en Libye pour année au lieu des quatre prolongations techniques dont la dernière en date remonte fin juillet dernier pour trois mois ainsi que son incapacité à s'entendre sur une personnalité pour occuper le poste d'Envoyé spécial de l'ONU en Libye, vacant depuis novembre dernier en disent long sur l'absence manifeste de volonté à trouver une solution définitive à la crise libyenne.

L'Union africaine qui a manifesté ces dernières années un regain d'intérêt pour le dossier libyen s'attèle à la nomination d'un Envoyé spécial de l'ONU en Libye qui soit issu du continent africain. 

Dans ce cadre, le représentant permanent de la Libye auprès des Nations unies, Taher el-Sonni, a rencontré lundi ses homologues du Kenya, Martin Kimani, du Gabon, Michel Biang, et du Ghana, Harold Agyeman, en présence du représentant mozambicain Pedro Afonso, dont le pays rejoindra le conseil en 2023. 

La réunion a traité des derniers développements en Libye et des défis de la voie politique, a écrit dans un tweet, M. el-Sonni , ajoutant que la réunion s'inscrit dans le cadre d'un suivi des récents événements dans la capitale, Tripoli, et de la consultation et de la coordination avec le Groupe africain au Conseil de sécurité "A3" avant la prochaine session du Conseil sur la Libye prévue aujourd'hui, mardi.

Le représentant permanent de la Libye auprès de l'ONU a ajouté que la réunion a souligné le soutien permanent de la Libye aux efforts du Groupe africain et l'importance d'unifier les positions et d'une coordination conjointe au sein du Conseil, et d'assurer la nomination d'un envoyé de l'ONU avec le soutien du groupe dès que possible.
-0- PANA BY/JSG 30août2022