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Sénégal : Human Rights Watch dénonce les arresations de femmes en Egypte, pour avoir prétendument atteint la loi sur la "moralité publique".

Dakar, Sénégal (PANA) - Les autorités égyptiennes ont initié depuis fin avril 2020, "une campagne abusive" ciblant les femmes influenceuses dans les médias sociaux, sur la base d'accusations qui violent leurs droits à l'intimité, leur liberté d'expression et la non-discrimination, a déclaré, ce lundi, Human Rights Watch.

 

Les autorités égyptiennes ont arrêté au moins 15 personnes, dont une jeune fille de 17 ans, après qu'elle a posté une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle elle était en train d'être battue, avant d'être violée, et ceci sur la base de vagues accusations, telles que l'atteinte à la "moralité publique", ou aux "valeurs familiales", a déclaré l'organisme en charge de la défense des droits humains, Human Rights Watch, sur son site internet.

 

Trois parmi les personnes arrêtées sont des hommes accusés d'avoir porté de l'aide à deux des femmes écrouées.

 

Selon Human Rights Watch, la plupart des femmes ont été appréhendées en raison de ce que les autorités qualifient de vidéos "indécentes" publiées sur les applications des médias sociaux, notamment TikTok.

 

Pourtant dans la majorité des vidéos et des photos, les femmes y apparaissent en tenues décentes couvrant l'intégralité de leur corps, alternant des chants et des pas de danse. Les personnes poursuivies bénéficient des centaines et des milliers de vues dans les médias sociaux, souligne le communiqué.

 

"Arrêter des femmes et des filles sur la base de vagues accusations, comme le fait de poster leurs photos ou leurs vidéos dans les réseaux sociaux, est un acte discriminatoire qui viole directement leur droit à la liberté d'expression," a indiqué Rothna Begum, un éminent chercheur sur les droits des femmes à Human Rights Watch. "Contrôler la conduite pacifique des femmes sur les réseaux sociaux découle d'une nouvelle tentative prise par les autorités pour contrôler l'utilisation des espaces publics par les femmes", a-t-il ajouté.

 

C'est la première fois, si l'on en croit à Human Rights Watch, que les autorités activent le chef d'accusation sur la moralité publique en vertu de la loi égyptienne 2018 sur la cybercriminalité pour arrêter des personnes.

Selon le procureur général égyptien, ces procédures pénales ont été enclenchées après la réception de plusieurs plaintes d'internautes qui se lamentaient des contenus des photos et des vidéos postées par les mis en cause dans les médias sociaux. 

 

La brigade égyptienne des mœurs a été ainsi saisie et mise en contribution dans la traque des coupables, a ajouté le procureur général.

 

Selon Human Rights Watch, les récentes arrestations de ces femmes surviennent à un moment où une campagne est initiée dans les réseaux sociaux, donnant la voix à des dizaines de femmes qui dénoncent à travers les plateformes, comme Instagram, Twitter et Facebook, les expériences de violences basées sur le genre, les agressions et les viols dont elles ont été victimes.

 

"Les arrestations multiples de femmes constituent un élément indicateur de l'état des droits humains en Egypte", a déclaré M. Begum.

 

"Au lieu de résoudre les problèmes liés à la violence domestique, aux agressions sexuelles, et aux autres formes de violences, les autorités égyptiennes semblent apparemment plus enclines à renforcer et à consolider la discrimination de la société envers les femmes, en les persécutant pour la nature de leurs apparitions ou leurs déclarations dans les réseaux sociaux.

 -0- PANA MA/BAI/IS 17août2020