Sénégal : Des clubs de jeunes filles lancent un mouvement pour éradiquer l'excision
Ziguinchor, Sénégal (PANA) - Un mouvement dénommé ''99-05'' a été lancé par des jeunes filles jeudi à Kolda, dans le Sud du Sénégal, pour apporter sa contribution dans la lutte contre la pratique de l’excision, très répandue encore dans cette partie du pays.
C'était à l'occasion de la cérémonie nationale de la journée internationale de tolérance zéro contre les Mutilations génitales féminines (MGF), présidée par la directrice de la Famille, Fatou Dème Ndiaye Sarr, au niveau de ce ministère.
Ce mouvement créé sur initiative des clubs de jeunes filles de Kolda, entend se déployer dans toute cette région pour mener le combat contre cette pratique qui continue à faire des ravages, notamment dans les villages isolés.
Cette initiative vivement saluée par Fatou Dème Ndiaye qui, dans son intervention, a indiqué que ce mouvement va fortement promouvoir l'abandon de la pratique de l’excision dans toute la région de Kolda frontalière avec trois pays (la Gambie et les deux Guinée) où persiste également cette pratique.
Une pratique qui est d'actualité dans cette région malgré les gros efforts déployés par le gouvernement en vue de l'éradiquer, souligne-t-elle, relevant cependant que les autorités du pays ne vont pas baisser pour autant les bras, au contraire, la lutte va se poursuivre et sera intensifiée pour venir à bout de ce fléau.
Selon elle, cette lutte doit passer par des campagnes de sensibilisation avant d'envisager une application stricte de la loi interdisant cette pratique déjà en vigueur au Sénégal.
Concernant la journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales, elle affirme que le gouvernement sénégalais a voulu décentraliser à Kolda parce qu'il veut la célébrer désormais dans les zones les plus affectées par l'excision, c'est à dire, les zones à forte prévalence.
Selon elle, il y a également la nécessité de renforcer l'engagement des différents acteurs impliqués pour la promotion des droits humains et aussi la prise en compte de la dimension transfrontalière de la région de Kolda.
Le représentant de l'UNICEF dans la zone, Yves Kassoka, a dit pour sa part, qu'éradiquer la pratique des mutilations génitales en une décennie conformément à l'engagement de la communauté internationale est quelque chose de possible.
''En effet, si très tôt, les enfants et jeunes sont informés et s'engagent aussi pour mettre fin à l'excision, les filles de cette génération et celles à venir auront beaucoup plus de chance que leurs mères de grandir sans risque de subir cette pratique néfaste'', a-t-il confié, avant de lancer un vibrant appel pour une synergie des acteurs pour un monde de justice où les filles et les femmes sont estimées et bénéficient d'un meilleur soutien pour le respect de leurs droits et leur plein épanouissement.
La région de Kolda, note-t-on, est peuplée de peuls et mandings qui pratiquent l'excision depuis la nuit des temps. Et chez ces ethnies, les pratiques ancestrales sont sacrées.
-0- PANA MAD/IS/SOC 07févr2020
