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Réunion à Addis-Abeba sur la Libye et la région du Sahel en marge du 33ème Sommet de l'UA

Tripoli, Libye (PANA) - La capitale éthiopienne, Addis-Abeba, abrite ce samedi, une réunion au sommet organisé par le Conseil Paix et Sécurité (CPS) de l'Union africaine sur la Libye et la région du Sahel, à la veille de l'ouverture du 33ème session de l'UA dominée cette année par les questions liées aux solutions de sécurité et aux conflits qui agitent le continent.

Les 15 chefs d'État membres du CPS, le président du Conseil présidentiel libyen, Fayez al-Sarraj, le Secrétaire général de l'ONU et le président du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, le Congolais, Denis Sassou-Nguesso, prennent part à cette réunion, en plus des présidents du Burkina Faso, président du G5 Sahel, de l'Afrique du sud et du Niger, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique  de  l'Ouest (CEDEAO).

Cette rencontre, qui reflète la volonté de l'organisation continentale de mener de front le combat pour régler les confits et l'insécurité en Afrique, est incarnée par le thème choisi cette année 2020 pour le Sommet, "Faire taire les armes à feu : créer des conditions propices au développement de l’Afrique".

La situation en Libye a commencé à se dégrader à partir de 2011 dans le sillage de la révolution du 17 février qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, et a débordé sur le continent africain, notamment dans la région du Sahel où la mouvance djihadiste est en plein essor.

La prolifération des armes en Libye après l'effondrement de l'Etat libyen dépourvu d'organes de sécurité et militaires, après la disparition des structures et institutions étatiques, a eu des répercussions sur les pays du voisinage, en particulier ceux au sud du Sahara, favorisées par la porosité des vastes frontières de ce pays de l'Afrique du Nord.

L'ampleur des ingérences étrangères a fait perdurer l'insécurité et le conflit en Libye, donnant une dimension internationale à la crise politique et de sécurité dans ce pays.

La marginalisation de l'Afrique, en raison des intérêts que nourrissent les grandes puissances régionales et internationales pour ce pays riche en ressources pétrolières, a maintenu longtemps l'UA éloignée de la crise en Libye.

Une situation qui a commencé à évoluer avec la prise de conscience par les pays membres de l'UA de la nécessité de s'impliquer davantage dans le dossier libyen, eu égard aux retombées qui rejaillissent sur leur sécurité.

Cette volonté a valu à l'Afrique d'être présente à la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, avec l'invitation adressée au président congolais, Denis Sassou-Nguesso, président du Comité de Haut niveau de l'Union africaine sur la Libye.

Ainsi, à Berlin, l'Afrique n'a pas été oubliée dans la répartition des tâches des efforts de règlement de la crise libyenne, en étant chargée d'organiser une conférence de réconciliation nationale en Libye.

L'idée d'une plus grande coordination entre pays africains sur le dossier de la Libye pour parler d'une seule voix afin de peser et d'éviter toute opportunité de se faire marginaliser s'est imposée chez de nombreux dirigeants du continent.

Lors de la 8ème réunion au Sommet du Comité de haut niveau sur la Libye à Brazzaville, l'Algérie a été désignée pour abriter cette rencontre inclusive, destinée à réaliser une réconciliation entre les Libyens, en favorisant une démarche libyo-libyenne sans ingérences extérieures.

Le sommet de ce samedi va se pencher sur la manière de faire respecter la fragile trêve proclamée en Libye  le 12 janvier, ainsi que sur le suivi des recommandations, aussi bien de la réunion de Brazzaville que celle de Berlin.

Les participants œuvreront à formuler des propositions à l'intention du 33ème Sommet prévu dimanche et lundi, notamment sur la question de l'envoi de troupes d'interposition africaines pour surveiller le respect du cessez-le feu.

On rappelle qu'un Comité militaire mixte libyen 5+5 a parachevé jeudi un premier round de réunions à Genève sous les auspices des Nations unies, qualifié de positif, en raison des progrès réalisés sur la voie de transformer la trêve en un cessez-le-feu permanent.

Au niveau de la région du Sahel où les attaques meurtrières des djihadistes se sont multipliées, les dirigeants du Conseil de la Paix et de la Sécurité œuvreront, selon les observateurs, à coordonner davantage entre les pays du Sahel, en agissant sur les sources d'approvisionnement en armes des terroristes pour les assécher.

Ces mêmes analystes estiment que les importantes pertes subies par les pays du Sahel, à l'instar du Burkina Faso, du Niger, du Mali et du Tchad, s'expliquent par le manque d'expérience par rapport à la lutte conte le terrorisme .

Selon eux, cette situation a été vécue par la Tunisie, qui a souffert au début des attaques des groupes terroristes, avant que l'expérience acquise à travers les multiples confrontations, ait permis d'ajuster la stratégie de lutte du pays et d'affiner les méthodes des organes militaires de sécurité et de les aguerrir face aux groupes terroristes dans ce type guerre.

L'acquisition d'équipements de pointe adaptés à une guérilla et un soutien en renseignements de la France et des Etats-Unis permettront de compléter la supériorité des troupes régulières de ces pays et de faire la différence dans quelques années face aux djihadistes extrémistes.

Des questions que le Sommet de l'Union africaine dominé par la volonté de "faire taire les armes" ne manquera pas de prendre en compte, afin de réaliser ce vœu ambitieux et de se consacrer au développement du continent qui regorge d'énormes richesses naturelles.
-0- PANA BY/JSG/SOC 08fev2020