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Plus de 500 mille personnes privées de soins de santé au Burkina Faso, selon le CICR

Abidjan, Côte d'Ivoire (PANA) - Plus de 500 mille personnes se sont retrouvées privées de soins de santé ou ont eu le plus grand mal à se faire soigner au cours des six derniers mois, en raison d’une intensification de la violence armée au Burkina Faso depuis le début de l’année 2019, a alerté lundi le Comité international de la Croix-rouge (CICR) dans un communiqué.

Selon les statistiques du CICR, le nombre de centres de soins de santé affectés par la violence armée a été multiplié par 12 depuis janvier dernier, alors qu’ils n’étaient que 10 au début de l’année.

De plus, ils sont passés à 125 en août - 60 ont fermé leurs portes et 65 ne sont plus que partiellement opérationnels.

Le CICR explique que devant la multiplication sans précédent des incidents de sécurité, les professionnels de la Santé sont nombreux à quitter les zones rurales en proie à la violence armée, situées pour la plupart dans les régions du Sahel et du Centre-Nord.

Ainsi, entre mai 2018 et juillet 2019, il a recensé pas moins de 26 incidents dans lesquels, des agents de Santé, leurs biens ou leurs véhicules ont été directement touchés.

"À cause de la violence, l’accès aux soins de santé est devenu une gageure dans certaines régions du Burkina Faso – une conséquence dramatique pour de nombreuses familles, en particulier, celles qui comptent des enfants blessés ou malades",  a déploré le président du CICR, Peter Maurer, après sa rencontre avec le président burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, à Ouagadougou, le 6 septembre.

Au cours de sa visite de deux jours au Burkina Faso, M. Maurer s’est rendu dans une prison et a également rencontré des habitants que la violence armée a contraints à fuir.

Le nombre de déplacés internes a plus que quintuplé en neuf mois, passant de 50 mille en décembre 2018 à plus de 270 mille en août 2019, avec des milliers de familles d’éleveurs et d’agriculteurs qui sont désormais dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins.

La famine et la malnutrition constituent une préoccupation majeure car 1,2 million de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire.

"Le Burkina Faso est confronté à de multiples difficultés, notamment aux chocs climatiques, qui exacerbent les conséquences de la violence armée. À mesure que l’eau se raréfie, les tensions autour des ressources naturelles s’accentuent. Nous savons tous que les problèmes engendrés par le changement climatique ne se régleront pas en un jour. C’est pourquoi nous devons unir nos efforts et travailler ensemble à limiter les effets les plus graves des bouleversements à venir", a plaidé M. Maurer.

Les interventions du CICR au Burkina Faso, en coopération avec la Croix-rouge burkinabè, portent sur la santé, l'accès à l'eau potable et la fourniture de moyens de subsistance.

De janvier à juin 2019, des kits médicaux ont été fournis à plusieurs structures de Santé dans les régions du Sahel, de l’Est et du Nord, ce qui a permis de venir en aide à plus de 21 mille personnes touchées par la violence.

Il y a eu un soutien à une campagne de vaccination infantile contre la rougeole et la méningite ainsi qu’à des centres de soins (essentiellement à Djibo, dans la région du Sahel).

Dans la même période, il y a eu une distribution de vivres à 22 mille déplacés internes dans les régions touchées par la violence.

La réhabilitation de points d’eau et la construction de puits ont permis d'améliorer l’accès à l’eau potable pour plus de 7.800 personnes (déplacés internes et membres des communautés d’accueil).

Enfin, au début de l'année, 68 mille têtes de bétail ont été vaccinés pour aider à préserver le principal moyen de subsistance de nombreuses personnes touchées par la violence.

-0- PANA BAL/JSG/IBA 09sept2019