Agence Panafricaine d'information

Perturbation de la navigation aérienne en Libye

Tripoli, Libye (PANA) - La navigation a aérienne en Libye, en proie à des difficultés en raison de l'insécurité qui règne dans le pays, notamment la fermeture de l'aéroport de Maitigua à Tripoli à cause des frappes aériennes qui ont ciblé aussi les aéroports de Misrata et Zouara, a connu un nouvel épisode de perturbations après la décision des autorités parallèles de l'Est d'obliger les vols survolant son espace aérien, à atterrir à Benghazi. 

Des combats se déroulent depuis le 4 avril à la périphérie de Tripoli, suite à l'offensive lancée par les forces de l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar pour prendre le contrôle de la capitale libyenne et renverser le Gouvernement d'union nationale présidé par Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale.

Dans un article intitulé : "Conséquences de la guerre de Tripoli : les divisions touchent les aéroports", le journal al-Wassat a indiqué que les compagnies aériennes libyennes sont entrées dans le cercle de la division que connaît le pays, à la suite de la décision prise mercredi dernier par l'Autorité des transports du gouvernement intérimaire, cabinet parallèle basé à l'Est, d'obliger les avions des compagnies aériennes opérant en Libye au départ des aéroports de Misrata et de Maitigua et se rendant en Jordanie, en Égypte, au Soudan et en Arabie Saoudite, à atterrir à l'aéroport de Benina, à Benghazi.

On rappelle que l'Autorité de l'aviation civile du gouvernement intérimaire a contraint un vol Libyan Airlines (LN282) à destination de la Jordanie depuis l'aéroport de Misrata à atterrir à l'aéroport de Benina jeudi et à débarquer ses 105 passagers, selon un communiqué publié par le ministère des Communications du gouvernement d'union nationale.

Le journal al-Wassat a précisé que l'Autorité de l'aviation relevant du gouvernement intérimaire a expliqué l'adoption de cette décision par la nécessité du "parachèvement des formalités de sécurité et douanières"; le journal ajoute que "les analystes n'ont pas exclu que cette décision soit l'une des répercussions de la guerre qui se déroule actuellement dans la banlieue de la capitale Tripoli depuis le 4 avril, accompagnée d'accusations répétées des forces du commandement général aux troupes du gouvernement de l’Accord national d'utiliser les aéroports de Misrata et Maitigua à des fins militaires".

Le commandement général de l'Armée nationale libyenne dirigée par le maréchal Khalifa Haftar a, selon al-Wassat, évoqué l'utilisation de "lieux dans les deux aéroports pour équiper et stocker des drones et des missiles", ce qui a été démenti par le gouvernement de l'Accord, qui a confirmé le mois dernier, par la voix du ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, que les aéroports sont utilisés à des fins civiles sous contrôle des Nations unies.

Fin octobre, lors d'une visite en compagnie des ministres des Communications et de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale, respectivement Fathi Bachagha et Miloud Maatoug, à l'aéroport de Maitigua en prélude à sa réouverture après deux mois de fermeture, l'Envoyé de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a souligné qu'il n'y avait aucun usage militaire de l'aéroport, et de ce fait, "plus rien ne justifie qu'il soit de nouveau pris pour cible". 

Al-Wassat a rappelé dans son article que le ministère des Communications du gouvernement d'union nationale a décrit "ce comportement peu professionnel et contraire aux termes et aux lois de l'aviation civile internationale et aux conditions de sécurité et de sûreté". 

Il a souligné que cela "retardait les voyages et augmentait les souffrances du citoyen libyen, en particulier du fait que la plupart des passagers sont âgés, ou des patients qui se déplacent à des fins de traitement, ce qui pourrait affecter leur santé dans de telles circonstances, ainsi que l'augmentation de frais supplémentaires pour le transporteur".

Le journal a affirmé que "la décision du gouvernement intérimaire a entraîné une perturbation majeure du trafic aérien, les autorités de l'aéroport international de Misrata ayant annoncé l'annulation des vols Misrata - Alexandrie - Misrata qui devaient avoir lieu mercredi, en signe de protestation contre la décision rendue par l'Autorité des transports du gouvernement intérimaire. La Compagnie aérienne Afriqiyah Airlines a aussi annoncé l’annulation de son vol à destination d'Alexandrie en signe de protestation contre la même décision, avant d’annoncer la reprise du vol plus tard dans la journée".

En contrepartie, le chef de l'Autorité de l'aviation civile du ministère des Communications du gouvernement d'union nationale, Nasreddine Chaeb al-Ain, a, selon le journal, écrit aux compagnies aériennes opérant en Libye pour leur demander de ne prendre aucune personne non libyenne se rendant dans un aéroport de Libye sans s'assurée qu'elle a obtenu un visa délivré par le département des passeports, de la nationalité et des affaires étrangères à Tripoli ".

Il a souligné la nécessité de "s'assurer que les ambassades libyennes qui ont délivré le visa pour la Libye sont accréditées par le ministère des Affaires étrangères du gouvernement de l'Accord national", sur la base de la circulaire publiée avant le 5 novembre.

Face à cette évolution, le journal a conclu que les observateurs mettent en garde contre la poursuite de cette décision et notent que "si les compagnies aériennes se conforment à la décision, cela consacrera la division mettant le voyageur libyen dans une situation comme s'il voyageait d'un État à un autre et non sur un vol interne, entre un aéroport libyen et un autre aéroport libyen".

 

-0- PANA BY/TBM/SOC 17nov2019