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Maurice : Le journalisme d’investigation à la Une de l’actualité cette semaine

Port-Louis, Maurice (PANA) – L’actualité médiatique a été dominée cette semaine à Maurice par l’interpellation de trois journalistes du quotidien l’Express, après qu’ils eurent révélé à la population les dessous d’une affaire de blanchiment d’argent présumé à l’étranger qui a mené à la démission du ministre de la Justice.

Suivant cette interpellation, les différents médias ont tous consacré de larges espaces au journalisme d’investigation. Les politiciens, aussi bien que les intellectuels, ont tous contribué à ce débat dans les médias.

A ce sujet, l’Express écrit que ses journalistes ont «en la circonstance, fort d’une documentation incontestée, révélé au pays une action de l’ancien Attorney-General, qui leur est apparu comme une faute politique grave». «Quand bien même, dans leur quête de vérité au bénéfice de leurs lecteurs, ils n’auraient pas scrupuleusement respecté les règles de l’art, il s’agirait d’une faute professionnelle qui ne peut en aucun cas être assimilée à une affaire criminelle justifiant les manoeuvres intempestives de la police et de leurs opérations musclées», écrit ce quotidien.

Réagissant à l’interpellation des trois journalistes de l’Express, le Media Trust, institution qui défend les intérêts des médias, déplore la tournure des événements, incluant la descente policière aux domiciles des trois journalistes aux petites heures du matin».

«Nous souhaitons qu’à l’avenir les autorités agissent avec plus de retenue et que la police établisse une ligne de communication avec ceux qu’elle souhaite interroger dans le cadre d’une enquête», déclare le Media Trust, tel que rapporté par le quotidien, "Le Mauricien".

L’ONG "Dis-moi", qui milite pour les droits humains, estime que la presse est l’outil garant de la démocratie, de ses valeurs et fondements, mais la presse est surtout le garant de la liberté de chacun d’avoir des opinions divergentes ou pas, et de s’exprimer librement tout en respectant autrui».

"Le Mauricien" rapporte également les propos du Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui dit que «tous sont égaux devant la loi». «Je n’ai donné aucune instruction à la police. Je peux assurer que la police mène son enquête d’après les normes et d’après la loi, pas seulement contre des journalistes», a-t-il dit. Selon ce journal, le Premier ministre a trouvé que «des allégations bien graves ont été proférées et l’enquête déterminera du mérite de l’affaire».

La politologue, Catherine Boudet, déclare pour sa part, tel que rapporté par "Le Défi-Quotidien", que "quand on parle de journalisme d’investigation, la première règle est de ne jamais se fier à une seule source».

«Quand on se fie á une seule personne, ce n’est pas une investigation. Il y a eu un manquement grave, autant sur l’éthique que sur la technique», déplore-t-elle.

Dans "L’Express", l’avocat Ashok Radhakissoon, spécialiste des médias, soutient qu’il n’y a pas de législation qui régule la presse écrite. «De ce fait, il n’y a pas de loi qui protège la source d’un journaliste ou un journaliste qui refuse de divulguer sa source», dit-il.

Finalement, dans une note publiée dans "Le Mauricien", la rédaction de ce journal écrit : «Toute intervention, présence intimidante ou même pression – aussi subtile soit-elle du pouvoir, qu’il soit politique ou économique, constitue un acte répréhensible à l’exercice de la liberté de la presse».
-0- PANA NA/IS/SOC 30sept2017