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Maroc : Avec un accès suffisant au financement, les femmes peuvent transformer l'Afrique

Marrakech, Maroc (PANA) - L'accès au financement des femmes en Afrique est essentiel pour l'atteinte des objectifs de développement durable du continent, a déclaré, mardi, le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Giovanie Biha, Fonds de leadership pour les femmes (AWLF) à Marrakech, au Maroc.

 

L’adoption de bonnes mesures pour intégrer le genre dans les économies africaines aura pour résultat l’inclusion financière, la garantie de l’autonomisation économique des femmes et la réalisation des ODD, contribuant ainsi à changer le visage du continent, a déclaré Mme Biha.

 

Citant un rapport de la CEA de 2013, elle a déclaré que l'incapacité à intégrer l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans les économies nationales coûtait aux pays africains 95 milliards de dollars de perte de productivité par an.

 

''Ceci est un indicateur que l'exclusion financière des femmes n'est pas une option pour notre continent'', a déclaré Mme Biha, ajoutant que le Fonds de leadership pour les femmes africaines est un fonds d'impact qui vise à renforcer l'autonomisation économique des femmes et à accélérer l'émergence des femmes africaines, gestionnaires de fonds, qui à leur tour investiront dans des entreprises et des micro-entreprises dirigées par des femmes africaines et les développeront.

 

Au cours de la prochaine décennie, le fonds devrait avoir investi jusqu'à 500 millions de dollars dans des entreprises appartenant à des Africains et dirigées par des femmes.

 

Le fonds repose sur six piliers à savoir donner aux femmes entrepreneurs africaines accès à un capital durable, fournir aux coopératives africaines un accès à un capital durable, réduire les obstacles à l’entrée pour les femmes compétentes gestionnaires d’actifs axés sur l’investissement dans des entreprises appartenant à des femmes et dirigées par des femmes.

 

Il s'agit également de fournir une assistance technique pour accélérer la courbe d'apprentissage de la gestion de fonds et soutenir la croissance et l'expansion, fournir un capital de démarrage pour développer un bilan et accélérer la collecte de fonds et l’échelle et mettre l'accent sur la durabilité et l'évolutivité de la plateforme.

 

La CEA soutient l’opérationnalisation du fonds novateur, une idée originale de la secrétaire générale adjointe des Nations Unies, Amina J. Mohammed, du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat et du Réseau des femmes africaines pour le leadership (African Women’s Leadership Network, AWLN).

 

Moumina Houmed, ministre des Affaires de la Femme et de la Famille de Djibouti, a déclaré à cette occasion que l’histoire des femmes et de la finance était semblable à celle de tous les autres pays africains.

 

Elle a partagé les efforts entrepris par son pays, notamment le renforcement des capacités des associations et des coopératives, les partenariats avec le secteur privé pour former les femmes entrepreneures et amener les banques à accorder aux femmes un meilleur accès au financement.

 

''Nous savons que même dans les entreprises familiales, les femmes sont très faiblement représentées. Nous avons très peu de femmes entrepreneurs sur le continent en raison des difficultés d'accès au financement. En tant que tel, le fonds cherche à réduire les obstacles rencontrés par les entreprises détenues par des femmes, à promouvoir les investissements dans les micro-entreprises et à amener les coopératives de femmes au niveau supérieur'', a déclaré Nabila Freidji, une entrepreneure marocaine et membre du comité AWLF.

 

Mme Thokozile Ruzvidzo, directrice de la Division Genre, Pauvreté et Politique sociale à la CEA, a souligné la nécessité de l’inclusion financière des femmes dans les économies africaines.

 

Elle a précisé que des fonds seraient réservés à chacune des cinq régions de l'Afrique du Nord, de l'Afrique de l'Est, de l'Afrique centrale et de l'Afrique australe avec une stratégie qui a été mise en place pour chaque région afin de traiter des éléments uniques des marchés et de refléter les priorités de chaque région.

 

''La priorité serait accordée aux entreprises dirigées par des femmes. Au moins 65% du capital sera investi dans des entreprises dirigées par des femmes'', a-t-elle déclaré.

 

Pour sa part, Leila Rhiwi, représentante d’ONU Femmes au Maroc, a souligné l’importance de l’accès aux femmes au financement pour renforcer leurs activités, car ''elles ont déjà fait leurs preuves en tant qu’entrepreneurs et moteurs de l’économie''.

 

La réunion qui a abordé la question de l’AWLF en prévision du cinquième Forum régional africain sur le développement durable (Africa Regional Forum on Sustainable Development, ARFSD), a enregistré la participation de représentants de l'écosystème économique et financier marocain, de représentants du gouvernement, des cadres supérieurs et de jeunes femmes entrepreneurs.

-0- PANA AR/ASA/IS 17avr2019